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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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douce loi et font connaître
cette loi à ceux qui viennent de nos régions vers elles. De ces neuf sœurs, il
en est une qui dépasse toutes les autres par sa beauté et sa puissance. Morgane
est son nom, et elle enseigne à quoi servent les plantes, comment guérir les
maladies… » [354] .
« Il y a une île lointaine ; alentour, les chevaux de la mer
brillent, belle course contre les vagues écumantes ; quatre pieds la
supportent. Charme des yeux, glorieuse étendue est la plaine sur laquelle les
armées jouent… Jolie terre à travers les siècles du monde, où se répandent
maintes fleurs. Un vieil arbre est là avec les fleurs, sur lequel les oiseaux
appellent aux heures… Inconnue la plainte ou la traîtrise dans la terre
cultivée bien connue ; il n’y a rien de grossier ni de rude, mais une
douce musique qui frappe l’oreille. Ni chagrin, ni deuil, ni mort, ni maladie,
ni faiblesse, voilà le signe d’Émain ; rare est une pareille merveille.
Beauté d’une terre merveilleuse, dont les aspects sont aimables, dont la vue
est une belle contrée, incomparable en est la brume… Des richesses, des trésors
de toute couleur sont dans la Terre calme, fraîche beauté, qui écoute la douce
musique en buvant le meilleur vin… » [355] .
« Je suis allé d’une allure alerte dans un pays merveilleux, bien qu’il me
fût familier… Il y a un arbre à la porte du château ; l’harmonie qu’il
émet n’est pas déplaisante, arbre d’argent où brille le soleil ; sa
splendeur est pareille à l’or. Il y a là trois vingtaines d’arbres ; leur
sommet se touche, ne se touche pas ; trois cents hommes se nourrissent de
chaque arbre, de leur fruit multiple et simple… Là est une cuve d’hydromel
joyeux que l’on partage à la maisonnée ; elle reste toujours, la coutume
est établie qu’elle soit pleine à tout jamais » [356] .
    C’est vers cette île merveilleuse que se dirigent les héros
païens comme Bran, fils de Fébal et Cûchulainn, des personnages à peine
christianisés comme Maelduin [357] , ou
le roi Arthur, après la bataille où il est blessé mortellement, des saints du
christianisme celtique comme Brendan, « à la recherche du Paradis » [358] . Mais
des auteurs grecs ont également témoigné de cette croyance en des îles
merveilleuses situées quelque part du côté du soleil couchant, c’est-à-dire derrière soi, si l’on se réfère à l’orientation
celtique. Plutarque raconte en effet qu’une certaine île Ogygie se trouve
« à cinq jours de navigation de la Bretagne, vers l’ouest ». Il y a
d’ailleurs trois autres îles. « Dans l’une d’elles, suivant les fables que
racontent les Barbares, Khronos aurait été emprisonné par Zeus. Son fils étant
son gardien, il résidait dans l’île la plus éloignée… » Il arrive que des
humains puissent aborder dans cette île : « Il leur est permis de
partir une fois qu’ils ont célébré pendant treize ans le culte du dieu. Mais la
plupart préfèrent rester, les uns parce qu’ils se sont habitués, les autres
parce que, sans peine et sans travail, ils ont tout en abondance, en s’occupant
des sacrifices ou des cérémonies, ou bien en pratiquant les lettres et la
philosophie » [359] . Cela
rappelle le récit de la Navigation de Bran : après un séjour à Émain
Ablach, Bran et ses compagnons sont saisis par la nostalgie de l’Irlande. On
leur permet de s’en aller en les avertissant de ne pas mettre le pied à terre
lorsqu’ils seront en vue de leur pays. Une fois arrivés, ils s’aperçoivent
qu’il s’est écoulé deux cents ans depuis qu’ils ont quitté l’Irlande, alors
qu’eux-mêmes sont persuadés avoir été absents quelques semaines. De plus, un
des leurs met pied à terre et tombe en cendres [360] .
Ce motif est bien connu de nombreux récits du Moyen Âge, ainsi que de contes de
la tradition populaire orale [361] .
    Ce séjour bienheureux se caractérise par une absence de
temps qui a pour conséquence l’élimination de la vieillesse, de la maladie, de
la guerre et de la mort. La nourriture et la boisson sont inépuisables,
symbolisés par la Pomme et aussi par le vin ou l’hydromel. C’est aussi la
« Terre des Femmes », dont la reine est une femme divine, Morgane en
particulier, celle qui accueille, nourrit, abreuve et comble de volupté. Car
l’aspect érotique est loin d’être absent de ces évocations du paradis. Il n’y a
plus de classes, donc plus

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