Le Druidisme
l’évolution est un mouvement périodique, réglé selon des fréquences.
En fait, l’ énergie est fréquence , ce qui
concorde absolument avec les plus récentes théories scientifiques. Cette conception
de la fréquence est illustrée dans les récits celtiques par la facilité avec
laquelle on passe d’un monde à l’autre, que l’on soit vivant ou mort. La nuit
de Samain , le monde du sidh , est ouvert à qui veut le pénétrer. Les
habitants du sidh se répandent souvent parmi
les humains, et de nombreux humains, à condition d’être des héros, c’est-à-dire
« initiés », font des séjours dans le sidh ,
ne serait-ce que par le rêve, comme le chaman. Les exemples ne manquent pas de
ces « expéditions vers l’Autre-Monde », de ces « navigations
vers la Terre des Fées », ou vers le Paradis, à la fois dans les récits
irlandais et gallois, dans les romans arthuriens et dans les contes populaires.
Et puis, il existe un mythe significatif : celui du Gué des Âmes . C’est l’histoire des moutons blancs
qui deviennent noirs, et inversement, en passant d’une rive à l’autre, ou d’un
côté à l’autre d’une palissade. Il ne peut y avoir aucun doute là-dessus :
la conception celtique de l’Autre-Monde fait de celui-ci une sorte de
plate-forme d’attente, où convergent les individus et d’où ils peuvent repartir
vers ce monde-ci ou vers un ailleurs .
Tout être humain est donc appelé, par essence, par nature,
par fonction, à transiter par l’Autre-Monde. Alors se précisent deux
spéculations de la pensée celtique : il est préférable de savoir le chemin
qui mène à cet Autre-Monde, même si l’on doit obligatoirement mourir ;
d’autre part, il est possible à certains sages d’accomplir le voyage de leur
vivant sans passer par la mort. Ainsi apparaît un thème qui a eu un immense
succès littéraire et qui, pourtant, n’est qu’un rite d’initiation, celui de la Quête .
5) LA QUÊTE
L’Autre-Monde est difficile d’accès. D’abord, il est
invisible pour des yeux humains qui sont aveuglés par la réalité apparente des
choses. Ensuite, les humains n’ont pas le don des Tuatha Dé Danann, celui de
voir sans être vu. Enfin, parce que le chemin qui mène à l’Autre-Monde est
aussi dangereux, aussi plein de pièges que le pont chamanique. C’est là où
réside l’enseignement druidique : indiquer à chacun comment suivre le
difficile chemin qui mène à l’Autre-Monde, étant bien entendu que les chemins
sont multiples et divers, parfaitement individuels et même singuliers . L’expérience de tous n’est jamais
l’expérience de l’un multipliée par celle des autres. L’expérience ne concerne
qu’un seul être, puisque, dans ce monde des relativités, l’être est totalement
isolé, totalement autonome. Ainsi se trouve sauvegardée sa liberté d’ailleurs,
et tout enseignement digne de ce nom doit prendre cela en compte sous peine
d’être inefficace. Il semble bien que, contrairement au Christianisme qui veut
enseigner une vérité universelle à laquelle chacun n’a que le droit de se
conformer, le druidisme ait tenté, comme certains systèmes philosophiques
orientaux, de préparer à chacun la voie qui lui est propre dans le déroulement
de sa quête .
Pour arriver à un résultat, il est nécessaire d’accumuler
les obstacles dont doit triompher celui qui prétend à l’initiation. Et le
premier obstacle, c’est le vague, le flou, l’inexistence même de la
localisation, ou tout au moins l’aspect peu engageant ou dangereux du paysage
dont on entoure l’entrée de l’Autre-Monde. Les contes populaires réussissent
fort bien à décrire l’atmosphère trouble et sulfureuse qui se répand dans ces régions
frontières : les chemins rétrécissent ou sont encombrés de ronces, les
manoirs ou forteresses sont sinistres, sombres, protégés par des murailles ou
des grilles indiquant le délabrement ou l’abandon, mais sournoisement peuplées
d’êtres fantastiques. Parfois, il y a une rivière ou un torrent à franchir. Il
en est de même dans les romans arthuriens : des géants ou des personnages
antipathiques interdisent le passage des gués ou des ponts, les ponts eux-mêmes
sont étroits, dangereux, des bêtes sauvages rôdent dans la forêt. Dans les
récits celtiques eux-mêmes, l’accès à l’Autre-Monde est plus direct, moins chargé
de fantasmes culpabilisants. C’est que le Christianisme n’a pas encore
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