Le Druidisme
les richesses qu’il a pu trouver
là-bas, dans cet Autre Monde qui est un ailleurs ,
sans doute peu différent de notre monde.
Rêve, que tout cela… Peut-être. Mais il y a des rêves qui rendent
compte plus fidèlement des réalités supérieures que la vision quotidienne d’un
univers en perpétuelle transformation. Les druides étaient des « très
voyants ». Ils ont estimé que tous les individus pouvaient parvenir à ce
très haut degré de vision intérieure. Ils faisaient confiance à l’être humain,
prétendant qu’il n’y a aucune impossibilité qui ne puisse être surmontée parce
que l’être humain, à l’image des dieux-druides et à l’image du Dieu innommable,
possède une infinie puissance dont il ne mesure pas toujours la portée et dont
il ne sait pas se servir.
En ce sens, le druidisme est un humanisme. Mais un humanisme sacré . La conception moniste des druides fait
qu’il n’y a aucune distinction entre le profane et le sacré. L’être humain est
sacré. C’est parce qu’il l’a oublié que l’univers est la proie des forces
obscures. Le druidisme se présente donc comme un système parfaitement cohérent,
parfaitement organisé, parfaitement humain et divin, pour aller le plus loin
possible à la découverte des rivages de l’île merveilleuse, là où, enfin, les
contradictions apparaissent telles qu’elles sont, c’est-à-dire des jeux
stériles d’une pensée qui doute d’elle-même. C’est une tentative généreuse pour
réconcilier l’être avec lui-même.
Il importait de le dire. Le druidisme est mort,
définitivement mort en tant qu’institution, en tant que religion, puisqu’il ne
peut exister que dans un cadre socioculturel qu’il hiérarchise et dont il
émane. Mais le message druidique n’a pas entièrement disparu. C’est à nous de
le retrouver sous les arborescences trompeuses des jardins féeriques que des
enchanteurs ont fait surgir du désert. Le rire de Merlin peut nous égarer. Mais
c’est peut-être en nous égarant qu’il nous fait découvrir le tracé d’un chemin
sinueux qui mène vers le sidh . [367]
POUR CONCLURE
(PROVISOIREMENT)
Plus on tente de pénétrer à l’intérieur du druidisme, plus
on a l’impression que celui-ci se ferme. Le manque de documents fiables oblige
à demeurer à l’extérieur du sujet, et si cette position peut garantir une
certaine objectivité, une certaine vue d’ensemble, elle est fort inconfortable
quand il s’agit de comprendre le sens profond de la doctrine que les druides
enseignaient pendant vingt ans à leurs élèves, dans leurs retraites ténébreuses
de la forêt celtique. La vision objective qu’on peut en avoir est
nécessairement incomplète. Et elle est évidemment faussée par une tendance à
rationaliser selon les critères de l’humanisme méditerranéen.
C’est dire que cette étude sur le druidisme n’est qu’une approche
du sujet, patiemment élaborée à partir des éléments les plus représentatifs de
ce que pouvait être le druidisme au temps de l’indépendance celtique, aussi
bien en Gaule qu’en Irlande et en île de Bretagne. Que serait devenu le
druidisme si les Romains n’avaient pas envahi la Gaule puis la Bretagne ?
Personne n’en sait rien. Mais l’exemple de l’Irlande, qui ne connut pas
l’occupation romaine, prouve que le druidisme aurait quand même disparu, se
fondant dans le christianisme primitif, encore vibrant du message de
résurrection christique. Cela n’est pas une hypothèse, mais une réalité : le druidisme s’est dilué dans le christianisme des premiers
âges.
La meilleure explication de ce fait réside dans la parenté
qui devait exister entre le druidisme et le message évangélique. Ce ne pouvait
pas être une parenté de forme, mais une identité de vision : l’immortalité
de l’âme et la résurrection. Jésus apportait en quelque sorte la preuve de ce
qu’affirmaient les druides. Tout le reste, c’est-à-dire les querelles entre
druides et missionnaires chrétiens, n’a été que rivalités et luttes d’influence
pour conserver les meilleures places dans la société. À partir du moment où
deux traditions se rejoignent sur des positions essentielles, il se produit une
synthèse, et non plus un syncrétisme. C’est ce qui est arrivé, même si l’apport
druidique dans le christianisme primitif a été nié, combattu et délibérément
écarté. Mais c’est souvent en remontant le temps, à travers les
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