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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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certaines conditions précises, jouaient un rôle non
négligeable dans les traitements médicaux. D’ailleurs, le récit irlandais de La Bataille de Mag Tured nous montre comment
Diancecht, le dieu de la médecine, confectionne une « fontaine de
santé » en jetant dans une source toutes les plantes qui poussent en Irlande.
D’autres récits épiques insistent sur la capacité de certains druides à
réaliser des opérations chirurgicales, notamment des greffes de membres.
Histoires merveilleuses ou reflet d’une certaine réalité ? Il est
difficile de répondre. Quoi qu’il en soit, médication végétale et chirurgie
n’allaient pas sans incantations magiques : la vieille idée que toute
maladie du corps est aussi maladie de l’âme fait partie intégrante de la pensée
celtique, comme de la pensée de bien d’autres peuples qui n’ont pas attendu les
progrès de la médecine et de la psychologie modernes pour s’apercevoir de
l’existence de troubles psychosomatiques.
    À ce compte, le druide est un « homme-médecine » à
la façon du chaman. Par ses incantations magiques, le druide n’est pas tellement
différent du chaman qui accomplit son voyage extatique pour aller chercher,
dans les régions frontières de l’Autre Monde, l’âme du malade, du blessé, du
mourant, ou même du défunt, et la ramener dans le corps du patient. Ce ne sera
pas la seule fois que nous rencontrerons des points d’analogie entre le
druidisme et le chamanisme, même si, pour cela, il est nécessaire d’aller
au-delà de certaines positions post-duméziliennes qui se refusent à admettre,
pour le druidisme, des sources extérieures au monde indo-européen. Il ne faut
pourtant se priver d’aucune source d’information, surtout quand on a conscience
de l’importance qu’a eue le chamanisme dans les plaines d’Asie centrale et
d’Europe centrale , d’où venaient les Celtes .
Pourquoi considérer Odin-Wotan comme le dieu-chaman par excellence, et refuser
en même temps la notion d’un druide-chaman, en apportant bien entendu à cette
notion tous les correctifs qui s’imposent du fait de l’appartenance à un autre
groupe social. De même, il n’est pas interdit de penser que, si le druidisme
n’a pas disparu d’un coup et s’est maintenu sous des formes altérées et très
fragmentaires dans la tradition populaire occidentale, les rebouteux,
guérisseurs, magnétiseurs et sorciers de village qui abondent à notre époque,
et qui sont de véritables « hommes-médecine », sont les lointains
descendants des druides gaulois, bretons et irlandais. Après tout, le gaélique draoi a bien pris le sens de « sorciers ».
Au moment du grand combat qui oppose les deux héros Cûchulainn et Ferdéad, dans La Razzia des Bœufs de Cualngé , l’auteur
anonyme de ce récit irlandais nous raconte l’arrivée de
« guérisseurs » et de « médecins » – qui appartiennent donc
à la classe druidique – auprès des deux personnages harassés et blessés :
« Ils mirent des herbes et des plantes médicinales et ils firent une
incantation de santé sur leurs blessures. » Et le lendemain, ils leur
apportent « des boissons magiques, des incantations et des formules pour
adoucir leurs plaies sanglantes, leurs pertes de sang et leurs douleurs
mortelles ». Et, d’après la suite du récit, ce traitement réussit assez
bien pour permettre aux deux héros de recommencer à s’entre-tuer.
    Les druides sont donc, avant tout, les « Hommes du
Savoir ». C’est d’ailleurs le sens de leur nom. Cette connaissance de la
Tradition englobe tous les domaines, aussi bien celui du droit, de la
philosophie, de la médecine que celui de la théologie, de la poésie et de la
musique. Cette connaissance est orale , puisque
les druides se refusent à utiliser l’écriture (sauf pour certaines incantations
magiques), et que c’est seulement après la christianisation de l’Irlande que
les fili convertis et devenus moines, libérés
de l’interdit – magique – sur l’écriture, confieront à de précieux manuscrits
ce qui restait de la Tradition. Mais à l’époque druidique, la transmission du
Savoir ne peut se faire que par voie orale, soit par le canal des poètes et des
conteurs qui s’adressent à la foule, ou tout au moins à un public ordinaire,
soit par le canal des professeurs qui répandent un enseignement beaucoup plus
difficile, sinon plus ésotérique, à un petit groupe de disciples, jeunes

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