Le Druidisme
de l’éducation du jeune Arthur, c’est lui qui
établit les épreuves par lesquelles Arthur sera reconnu monarque sacré , l’épisode du perron dans lequel est
fichée l’épée étant l’équivalent des rituels magiques qui précédaient
l’élection du roi chez les anciens Irlandais. C’est Merlin qui conseille Arthur
dans toutes ses actions, qui lui fait entreprendre des expéditions, qui lui
fait établir la Table Ronde et son compagnonnage. C’est enfin lui qui dévoile
les grandes lignes de la légende du Graal et qui provoque la fameuse Quête du
Graal. Et le royaume commencera à péricliter le jour où Merlin disparaîtra.
Arthur-Mitra ne peut régner valablement sans Merlin-Varuna.
Le roi dépend donc du druide. Ce n’est pas le druide qui l’a
choisi, puisque le roi est un guerrier élu par ses pairs. Mais cette élection
reste sans valeur si elle n’est pas ratifiée par le druide, ou s’il n’y a pas
eu de cérémonie rituelle destinée à connaître celui qui devra être élu. Le roi
ne peut pas agir contre son druide, mépriser ses avis et ses conseils. Mais, de
l’autre côté, le druide, chaque fois que le roi lui demande quelque chose, doit
s’exécuter, sauf s’il s’agit d’un acte impie. Car le druide dépend également du
roi auquel il est attaché. Cette situation originale n’est justifiable que dans
le cadre d’une société où tout acte politique est en
même temps un acte sacré. Dans la société celtique, il n’y a aucune
distinction entre le sacré et le profane. Ce sont, comme le druide et le roi,
les deux visages d’une même réalité.
C’est dire le rôle éminent du druide dans la vie politique
et sociale du peuple, de la tribu ou du royaume dans lequel il se trouve.
Quelle que soit sa spécialisation effective, il se trouve donc amené à être
conseiller politique, juge suprême, législateur, ambassadeur lorsque le besoin
s’en fait sentir. Nous avons ainsi un texte latin ( Panégyrique
de Constantin ) qui décrit l’arrivée du druide éduen Diviciacos, venu
parler devant le Sénat de Rome pour demander de l’aide contre les
Séquanes : « Comme on l’invitait à s’asseoir, il refusa l’offre qu’on
lui faisait et il parla appuyé sur son bouclier. » Diviciacos s’affirmait
ainsi en tant qu’ambassadeur et non en tant que druide. De nombreux textes
irlandais font mention de druides envoyés en mission auprès d’un roi étranger.
Et ce sont également des druides qui, allant jusqu’à la frontière des ennemis,
font des incantations rituelles qui équivalent à une déclaration de guerre.
Pour être juste, il faut dire que bien souvent les druides
sont des pacificateurs. Un épisode bien connu du récit irlandais de L’Ivresse des Ulates nous montre lesdits Ulates,
après un festin trop copieusement arrosé, se quereller et en venir aux mains.
Il y a des morts et des blessés. Mais il suffit que le druide Sencha élève son
« rameau de paix » au milieu des combattants pour que les Ulates,
ivres et déchaînés, se tiennent tranquilles comme des petits garçons
réprimandés et menacés du bonnet d’âne. Cela corrobore exactement ce que dit
Diodore de Sicile : « Souvent, sur les champs de bataille, au moment
où les armées s’approchent, les épées dressées, les lances en avant, ces bardes
s’avancent au milieu des adversaires et les apaisent, comme on fait des bêtes
sauvages, avec des enchantements » (Diodore, V, 31). Il arrive même qu’un
druide réduise une bataille rangée en un combat de mots, c’est-à-dire une joute
oratoire, comme c’est le cas dans une autre épopée irlandaise, Le Festin de Bricriu . Et comme, de bien entendu, les
Ulates – toujours eux – s’échauffent au cours de cette joute oratoire et
menacent de reprendre leurs armes, le druide Sencha intervient de nouveau pour
ramener le calme.
Cela n’empêche nullement le druide de participer à un combat
si le besoin s’en fait sentir, et même d’être un chef militaire, voire un
stratège. Même au temps du Christianisme, en Irlande, l’usage est resté que les
moines allassent à la guerre. Et l’on cite souvent l’exemple de saint
Colum-Cill, ancien file devenu abbé de
monastère, n’hésitant pas à faire massacrer les troupes d’un roi qui n’avait
pas apprécié son comportement, d’ailleurs fort discutable [30] .
Quant au druide mythique Mog Ruith, on nous le décrit allant au combat « avec
son bouclier aux nombreuses
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