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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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absolue sans laquelle aucune croyance, aucun rite ne peuvent se
justifier. Au passage, profitons-en pour dénoncer l’absurdité de la querelle
entre religions révélées et les autres : c’est une fausse querelle due à
l’impérialisme de l’Église catholique romaine et de l’Islam, les deux religions
les plus sectaires que l’histoire ait jamais connues, cela par leur prétention
à détenir une Vérité unique et définitive. Toutes les religions ont été
constituées à partir d’une révélation, quelle qu’ait été celle-ci et quel que
soit le jugement qu’on porte sur elle. Toute religion est révélée. Ou alors,
aucune ne l’est.
    Car le moins qu’on puisse dire, c’est que les circonstances
de la Révélation sont davantage du domaine du brouillard que de celui du plein
soleil. N’en déplaise aux thuriféraires du christianisme, l’existence
historique du Christ n’a jamais pu être prouvée, et les textes officiels – dans
l’Église – qui le concernent ont été tellement tronqués, arrangés ou mal
traduits, qu’il est impossible, en dehors du domaine de la Foi, de se faire une
opinion sur son cas. D’ailleurs, le véritable fondateur du christianisme est
saint Paul, mais sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas n’est qu’une
expérience mystique individuelle qui ne peut, sous peine d’induction abusive,
être celle de tous les chrétiens. Il en est de même pour Mohammed : ses
visions, quelles qu’elles aient pu être, ont été des phénomènes purement subjectifs
incontrôlables. Quant à la prédication du prophète, le Qoran ne nous permet pas
de la connaître réellement puisqu’il s’agit d’une mise par écrit ultérieure
effectuée par des disciples. Jésus et Mohammed n’ont rien écrit eux-mêmes, et
sans doute seraient-ils surpris de voir comment on a recueilli leur parole. Il
est vrai que Jésus faisait référence à Moïse, et Mohammed à Abraham : tous
deux se retranchaient déjà derrière un illud tempus .
Mais Abraham paraît bien être un personnage symbolique, pour ne pas dire
mythologique, et Moïse est une figure mi-historique, mi-légendaire :
d’ailleurs la révélation qu’a eue ce dernier sur le Mont Sinaï est, encore une
fois, et en tout état de cause, un phénomène individuel. Cela n’a pas empêché
saint Augustin et les Pères de l’Église de se gausser des légendes mythologiques
des païens, les considérant comme les plus débiles des fables – au sens
péjoratif du terme – ou comme des inventions du diable pour tromper le pauvre
monde, opinion qui, à coup sûr, relève de la plus pure mythologie.
    Il est indispensable de le répéter : sans la foi
(expérience individuelle), l’ illud tempus des
religions dites révélées ne tient pas plus debout que les multiples récits
mythologiques issus des religions dites païennes, ou non révélées. Ces
dernières ne renferment pas plus d’absurdités que les premières. Mais les
récits fondateurs du christianisme ou de l’Islam ne sont pas plus crédibles que
ceux de l’hindouisme, de la religion grecque ou du druidisme. Ce n’est pas
faire preuve d’agnosticisme que d’affirmer cette évidence, c’est seulement
prétendre que nul n’est en droit de se prétendre le seul et unique dépositaire
de la Vérité.
    On a reproché aux textes celtiques d’être tardifs, d’avoir
été recueillis après la christianisation, et donc d’avoir été tronqués,
arrangés, mal traduits. Où réside la différence avec les textes chrétiens,
écrits bien après la mort du Christ en langue araméenne, traduits en grec et
retraduits en latin sur le texte grec. Et où est donc le texte araméen des
Évangiles ? D’ailleurs le premier texte chrétien (en réalité judéo-chrétien ) est l’Apocalypse de Jean. Viennent
ensuite les Épîtres de Paul. Quant aux Évangiles, ils ont été rédigés après , en tant qu’illustration des Épîtres. Les
chrétiens convaincus de l’authenticité de leurs textes seraient mal venus de
refuser aux textes celtiques irlandais et gallois une valeur qu’ils reconnaissent
sans discussion à leurs propres textes. Ce serait de la malhonnêteté
intellectuelle. Mais les enjeux socio-économiques ont été tels, au cours des
siècles, qu’il a bien fallu faire des choix, en esquivant les problèmes [41] .
    Tout cela ne veut pas dire que le druidisme est la
« vraie » religion. Cela signifie simplement que le druidisme et tous
les

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