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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Lucien, avec cette précision supplémentaire :
« Ce langage devait être la propriété réservée des érudits, et non celle
des rustres et des pâtres » [124] . Voilà
qui est net.
    En fait, le nom d’Ogmios n’est pas celtique. Il provient
tout simplement du grec ogmos ,
« chemin ». À ce compte, il serait donc le « Conducteur » [125] , ce
qui n’est pas sans rapport avec le portrait tracé par Lucien, cet Héraklès
vieillard conduisant ses troupes par de petites chaînes d’or qui sont autant de charmes que la Parole anime et fait agir. Ce
Mars-Varuna fait donc pendant au Mars-Mitra représenté par Nuada. Il le
complète, montrant du même coup que, pour les Celtes, la royauté, issue de la
classe guerrière, mais sous le contrôle de la classe sacerdotale, n’est
strictement rien sans l’influence sacerdotale.
    Si l’on veut résumer tout ce qui a été dit sur le Mars
celtique, il faut définir ce dieu comme double : il est à la fois le
guerrier-roi qui veille sur son peuple en temps de paix et le conduit à la
victoire en temps de guerre, et le guerrier-druide qui sait prononcer les
incantations et enchaîne par la puissance du Verbe, corrigeant du même coup les
erreurs ou les situations imprévisibles. C’est encore une fois le couple
druide-roi, mais idéalisé à l’extrême, divinisé. Et c’est aussi, dans les
derniers soubresauts de la tradition celtique, l’association bien connue
d’Arthur et de Merlin.
Le Père de tous
    Dans la nomenclature de César, on est étonné de trouver Jupiter
seulement à la quatrième place. Il semble que César ait fait son classement
d’après l’importance du culte rendu aux divinités dont il parle. Encore est-il
bon de préciser que cela concerne la Gaule du 1 er  siècle avant
notre ère. Qu’en était-il en Gaule auparavant ? Et surtout qu’en était-il
dans l’île de Bretagne et en Irlande au même moment ? La civilisation
celtique s’étend du V e  siècle av
J. -C. au XII e  siècle ap.
J. -C. sur des territoires qui n’ont pas tous suivi la même évolution. Au
XII e  siècle, en dehors du surgissement en
force des romans arthuriens, l’ancien territoire gaulois n’a plus grand-chose à
voir avec les Celtes. Mais l’Irlande est encore celtique. Il faut donc faire
très attention à ne pas prendre le témoignage de César pour absolu. Il demeure
un témoignage – certes précieux et très commode à prendre en tant que base de
discussion – limité à la fois dans l’espace (la Gaule) et dans le temps (I er  siècle).
    Il y a cependant un fait troublant : en Gaule
romanisée, Jupiter est vénéré et représenté comme le Jupiter romain, et très
rares sont les cas où les inscriptions font mention d’un surnom. Est-ce à dire
qu’il n’y avait pas, chez les Gaulois, un dieu céleste, père des autres dieux,
comme le Zeus-Jupiter des Gréco-Romains ? Ce serait bien surprenant,
d’autant plus que César le mentionne. Il est fort probable que le nom romain de
Jupiter a recouvert, un peu partout, le nom d’une divinité indigène, mais il
est impossible de savoir lequel. Heureusement, l’Irlande a conservé le nom –
irlandais – de son dieu céleste « père de tous ». Il appartient, bien
entendu, à l’état-major des Tuatha Dé Danann. Il s’agit du Dagda, dont le
surnom le plus fréquent est Éochaid Ollathir, Éochaid « père de
tous », ou « père tout-puissant ».
    Pendant les préparatifs de la seconde Bataille de Mag Tured,
alors que, sous la « présidence » de Lug, on discute de la répartition
des tâches, chacun s’exprime, et se vante d’accomplir les plus grands exploits.
C’est alors que le Dagda prend la parole : « Le pouvoir dont vous
vous vantez, je l’aurai entièrement rien qu’à moi seul ». – « C’est
toi qui es le très divin », dirent-ils tous, et désormais le nom de Dagda lui resta » [126] .
Ainsi est expliqué, dans ce texte mythologique, le nom le plus connu du dieu en
Irlande. Dagda provient en effet d’un ancien dago-devos qui signifie littéralement « bon
dieu », et par extension « très divin ». L’épisode raconté ici
est tout à fait significatif : le Dagda en fait plus que les autres,
Tuatha Dé Danann, sans atteindre toutefois la plénitude de fonctions réservée à
Lug. Dagda est donc un dieu supérieur aux autres. C’est son aspect jupitérien.
Et par son autre nom d’ Ollathir , l’équivalent
irlandais du scandinave

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