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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Alfadir , surnom
d’Odin, il est le « Père de tous », le « Père puissant ».
Il appartient certes à la classe guerrière, et il le montre dans les combats.
Mais l’un de ses attributs, une massue qui tue lorsqu’il en frappe par un bout,
et qui ressuscite lorsqu’il en frappe par l’autre bout, attribut qui semble à
première vue hérakléen, est, c’est le cas de le dire, beaucoup plus
ambiguë : cette massue fait du Dagda une sorte de dieu maître de la vie et
de la mort. Il serait donc à la fois Jupiter et Dispater ,
ce fameux Dispater (ou Dis Pater), équivalent de Pluton, maître du monde des
morts, qui recouvre, selon César, une divinité gauloise de grande
importance : « Tous les Gaulois se prétendent issus de Dis Pater.
C’est, disent-ils, une tradition des druides. En raison de cette croyance, ils
mesurent la durée, non pas d’après le nombre de jours, mais d’après celui des
nuits. Les anniversaires de naissance, les débuts de mois et d’années, sont
comptés en faisant commencer la journée avec la nuit » (César, VI, 18).
    Le texte de César est important, non seulement parce qu’il
confirme un certain nombre de coutumes celtiques nocturnes ,
mais parce qu’il permet de voir dans le Dagda irlandais ce double aspect,
Jupiter, maître du ciel et de la vie, Dispater, maître du monde souterrain et
de la mort. Cette interprétation est pleinement justifiée par la massue ambiguë
du personnage, et elle a le mérite d’expliquer cet objet « magique »
par sa valeur symbolique.
    Cette image du Dagda va d’ailleurs avoir une grande postérité.
On la retrouvera souvent dans certains récits épiques irlandais, comme ceux du
cycle d’Ulster, où, en principe, les Tuatha Dé Danann n’ont rien à faire – sauf
à semer la discorde et la pagaille chez les Gaëls qui les ont éliminés de la
surface de l’Irlande. Ainsi, dans le célèbre récit de l’ Ivresse des Ulates [127] ,
on apprend que trois Tuatha se sont glissés parmi les Ulates. L’un d’eux est
« un homme avec un grand œil, des énormes cuisses, de larges épaules,
d’une taille prodigieuse, recouvert d’un vaste manteau gris (qui tient) une
grosse massue de fer dans sa main » [128] . Et
ce personnage frappe les neuf hommes qui l’accompagnent du bout maléfique de sa massue, les tuant d’un seul coup.
Mais, plaçant sur leurs têtes le bout bénéfique de sa massue, il les ressuscite
immédiatement. Belle description du Dagda… L’indication supplémentaire, ici,
est qu’il est borgne, comme Odin. Dans le récit gallois d’ Owen, ou la Dame de la Fontaine , ainsi que dans le
récit correspondant, Le Chevalier au Lion de
Chrétien de Troyes, le personnage réapparaît : « Un homme noir, aussi
grand au moins que deux hommes de ce monde-ci ; il n’a qu’un pied et un
seul œil au milieu du front ; à la main il porte une massue de fer… » [129] .
Cette fois, non seulement il est borgne, mais boiteux. Et de plus, il se révèle maître des animaux sauvages qu’il est chargé
de garder dans la forêt. Et on le reconnaît encore dans bien d’autres romans
arthuriens.
    Cette massue du Dagda est donc indicatrice de la fonction
guerrière. Mais, comme elle est à la fois bénéfique et maléfique, elle donne au
Dagda un aspect varunien incontestable que n’a pas Nuada. C’est pourquoi on
peut considérer le Dagda comme deuxième composante de la double royauté
celtique : c’est avec Ogmé qu’il serait alors interchangeable, Ogmé et
Dagda étant tous les deux décrits comme des Héraklès.
    Mais Dagda est loin d’être seulement un guerrier. Il possède
une harpe magique dont il est seul à pouvoir se servir, et qui est capable de
se déplacer à son ordre. Quand, après la bataille de Mag Tured, Lug, le Dagda
et Ogmé arrivent dans la maison du festin, la harpe est accrochée au mur.
« C’était dans cette harpe que le Dagda avait lié toutes les mélodies et
elles ne retentirent pas avant que le Dagda, par son appel, ne les ait nommées…
La harpe quitta le mur, tua les neuf hommes et vint vers le Dagda. Il leur joua
alors les trois airs par lesquels ils reconnaissaient les harpistes : le
refrain de sommeil, le refrain de sourire et le refrain de lamentation » [130] . Le
Dagda est donc harpiste et magicien. Il est donc druide et appartient également
à la première classe, la classe sacerdotale.
    Ce n’est pas tout. Le Dagda possède un troisième attribut,
un chaudron

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