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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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n’est pas cela que signifie ce groupe du Cavalier à l’Anguipède, ce ne
peut être que quelque chose d’approchant.
    Ce Cavalier à l’Anguipède est parfois porteur d’une roue.
Or, la statuaire gallo-romaine est riche en représentations d’un mystérieux
dieu à la roue qui n’est pas toujours nommé. La meilleure représentation en est
celle du Chaudron de Gundestrup : le dieu est barbu, les deux bras en
l’air, masquant à demi une roue que tient un guerrier casqué. Dans un certain
nombre de cas, le dieu à la roue est assimilé à Jupiter. On a donc proposé de
voir dans cette roue l’attribut majeur du dieu céleste, la foudre, mais non pas
en tant qu’éclair lumineux : il s’agirait au contraire du bruit du
tonnerre, analogue au bruit d’une roue de char. Pourquoi pas ? On avait
bien proposé de voir dans la roue un symbole solaire, ce qui n’est pas exclu.
Le tout est de savoir la signification exacte de l’association entre le Jupiter
celtique et la roue. La roue n’est pas l’attribut du Dagda, mais il existe dans
la tradition irlandaise un personnage intéressant, héros d’un récit épique tout
à fait extraordinaire, Le Siège de Druim Damhgaire .
Il s’agit du druide Mog Ruith, dont les exploits magiques contre les druides du
roi Cormac sont assez hallucinants. Le nom de Mog Ruith signifie
« serviteur de la Roue », ce qui ne peut que renvoyer au dieu à la
roue de la statuaire gallo-romaine, donc à Jupiter. Mog Ruith est une sorte de
doublet vaguement historicisé du Dagda dont il a toutes les caractéristiques [150] .
Mais, de plus, Mog Ruith se déplace sur un char de bronze qui a tout l’air
d’être un char volant. Lui-même vole comme un oiseau, ce qui accentue son
aspect céleste. Cependant, il agit sur les autres éléments, puisqu’il libère
les eaux que les druides de Cormac avaient liées ,
il combat ces mêmes druides par le feu et par le vent druidique. Il est borgne,
comme Odin, et il incarne la toute-puissance druidique. La roue, dont il est le
serviteur, et dont sont ornées certaines divinités gauloises, est peut-être le
symbole de la connaissance du passé et de l’avenir, la « roue de
Fortune », que seuls les druides – et les dieux druides, mais c’est la
même chose – sont capables de maîtriser à cause de leur état de « très
voyants ».
    Au reste, le dieu à la roue a souvent été identifié à
Taranis, dont le nom contient le mot taran ,
« tonnerre ». Ce Taranis est cité par Lucain, dans La Pharsale , en compagnie de Teutatès et d’Ésus. Il
semble bien que cette triade de Lucain soit une sorte de Trinité à la façon
chrétienne : les trois noms désignent vraisemblablement le même
personnage, vu chaque fois sous une fonction différente. En tant que Taranis,
c’est la fonction du Jupiter tonnant qui domine. Le scholiaste de Lucain
précise que les victimes offertes à Taranis étaient brûlées dans des récipients
en bois, ce qui fait évidemment songer aux mannequins d’osier dont parle César
(VI, 16), où l’on sacrifie des prisonniers en les livrant aux flammes. Taranis
est évidemment lié au feu, et le nom peut très bien être une métathèse de
Tanaris, ou Tanaros, dont l’équivalent est le germanique Donar, et qui, de
toute façon, contient le terme brittonique tan ,
« feu ». Le nom de Tanaros est en effet attesté sur une inscription
trouvée à Chester, en Grande-Bretagne. Il est évident que le Jupiter-Taranis gaulois
est l’aspect du Dagda qui serait le plus conforme à l’exemple indien d’Indra.
Et cela d’autant plus qu’Indra, aux débuts de l’époque historique, était
nettement liée à la caste de l’aristocratie guerrière.
    En tant qu’Ésus, c’est la fonction du « dieu bon »
qui domine. En effet, le nom d’Ésus est l’exact équivalent de l’épithète Optimus , attachée à Jupiter. Sur l’Autel des Nautes
de Paris, au musée de Cluny, Ésus est représenté sous l’aspect d’un bûcheron.
Il semble lié à l’arbre – peut-être au chêne, comme Jupiter –, et le scholiaste
de Lucain (qui assimile Ésus une fois à Mars, une autre fois à Mercure) nous
informe que les victimes offertes au dieu étaient pendues à un arbre,
probablement la tête en bas, et qu’elles y étaient saignées. Ce rite cruel, qui
était peut-être un simple simulacre destiné à obtenir la régénération [151] , se retrouve
curieusement dans une des versions de la Quête du

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