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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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est banfile qu’elle est druidesse, le terme étant assez récent et susceptible d’avoir été
récupéré par le christianisme pour classer Brigit dans un domaine purement
littéraire beaucoup moins « sulfureux » que celui des druides
proprement dits. En l’état actuel des choses, il est impossible d’affirmer
qu’il y a eu des « druidesses » à part entière. Aucun texte, tant
insulaire que continental, ne nous le dit. Il est également impossible
d’affirmer qu’il n’y en a pas eu. La seule certitude est que des femmes ont
appartenu à la classe sacerdotale druidique, sans que leur fonction exacte soit
précisée. Quant à Brigit, si elle est « druidesse », c’est parce
qu’elle est déesse, et que par définition, tout druide est dieu et tout dieu
est druide. Brigit incarne le druidisme en tant qu’art de poésie, au sens le
plus sacré du terme, et c’est à ce titre qu’elle est l’inspiratrice de la
poésie, la maîtresse des arts, ce qui revient à la définition que César donne
de la Minerve gauloise. Et comme la médecine est un « art », avec une
bonne part de magie incantatoire, il est normal que Brigit soit également
l’inspiratrice des médecins. Il est probable qu’Airmed, la fille de Diancecht,
est un autre nom de Brigit. Elle en a de toute façon les fonctions et affirme
ainsi son appartenance à la classe sacerdotale.
    C’est peut-être par cet aspect artistique, poétique ou médicinal,
que la Minerve gauloise est Bélisama , la très
brillante. Dans la même optique, elle est sans doute la Sirona des inscriptions gauloises, dont le nom se
réfère à l’astre qui brille dans le ciel. Elle est aussi l’ Arianrod de la tradition galloise, héroïne de la
quatrième branche du Mabinogi . Son nom
signifie « Roue d’Argent », et chez les Gallois, Kaer Arianrod,
littéralement « Ville d’Arianrod », désigne la constellation Coronea Borealis . Et il n’est pas interdit de
comparer cette Brigit, déesse païenne devenue sainte chrétienne, à la fée
Mélusine, être diabolique devenu chrétien sous condition, elle aussi maîtresse
des arts et des techniques (fondations nombreuses d’églises, d’abbayes et de
châteaux), généreuse dispensatrice et mère d’une nombreuse progéniture [161] . En
tout cas, Mélusine est la fondatrice mythique d’une lignée, comme Brigit, comme
Boinn, comme Étaine, comme Tailtiu, la terre-mère d’Irlande. Et comme elles,
Mélusine se transforme sans jamais disparaître.
    Mais la Minerve celtique ne serait pas complète si l’on omettait
son aspect guerrier. Si elle enseigne les techniques, elle enseigne donc l’art
militaire. La littérature celtique ou d’origine celtique abonde en exemples de
femmes-guerrières qui sont aussi magiciennes, et qui sont les initiatrices des
jeunes gens, tant au point de vue militaire que magique ou sexuel, points de
vue qui ne peuvent jamais être envisagés séparément. Dans la statuaire
gallo-romaine, elle se présente parfois comme une Athéna guerrière. Certaines
monnaies gauloises, notamment des Baïocasses de Normandie, nous montrent les
images de femmes nues et armées, échevelées et semblant courir au combat comme
des furies. D’après Dion Cassius (LXII, 6-7), la reine bretonne Boudicca, en
rébellion contre les Romains, offrait des sacrifices et des actions de grâces à
la déesse Andrasta ou Andarta, nettement présentée comme déesse de la guerre.
Or, il y a une déesse Andarte dont le culte est attesté chez les Voconces de la
Drôme. Mais en Irlande, encore une fois dans l’état-major des Tuatha Dé Dannan,
elle est Morrigane, fille d’Ernmas (= meurtre).
    Le nom de Morrigane pose des problèmes et son étymologie a
été controversée. On y a vu une « Reine des Cauchemars », mais il est
plus probable qu’elle est tout simplement la « Grande Reine »
(préfixe augmentatif mor analogue au ver gaulois de Vercingétorix, et rigan , dérivé de rig ,
« roi »). Son nom fait immédiatement penser à celui de la fée Morgane
des romans arthuriens à laquelle elle s’apparente par de nombreux points, ne
serait-ce que sous les aspects de fureur et de sexualité. Mais la Morgane
brittonique provient d’un ancien mori-gena ,
« née de la mer », dont le correspondant irlandais serait muirgen . En tout cas, la Morrigane irlandaise a
nettement un triple aspect : elle est magicienne et prophétesse, guerrière
et excitatrice des désirs sexuels. Dans

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