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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Goibniu, dont le nom provient d’un radical qui a donné le mot
français « gobelins », désignant de petits êtres fantastiques habitant
sous la terre et experts en l’art de forger, est un remarquable personnage.
« Goibniu, le forgeron, était dans sa forge à faire des épées, des lances
et des javelots, et parce qu’il faisait ces armes-là en trois coups : le
troisième coup était pour les achever et il les rivait dans le cercle de la
lance. Et quand les armes étaient plantées dans le côté de la forge il ajustait
les cercles sur les fûts et il n’était pas nécessaire de finir
l’ajustage » [168] . Cela
permet aux Tuatha Dé Danann d’avoir des armes nouvelles tous les jours. Bien
sûr, ce forgeron divin qui a son correspondant dans la tradition galloise sous
le nom de Govannon, fils de Dôn, est dans le registre de Vulcain-Héphaistos. Il
est maître du feu, du métal, et donc il connaît les secrets de l’intérieur de
la terre. Le thème a été exploité abondamment dans les sagas germaniques,
notamment à propos de Siegfried [169] . Dans
les récits celtiques, c’est également un initiateur, celui qui dévoile au jeune
héros la façon dont il doit se comporter et qui lui forge des armes souvent
invincibles. C’est le cas de Cûchulainn (= le chien de Culann) qui obtient son
nom chez le forgeron Culann [170] .
C’est le cas de Finn mac Cumail, initié par le forgeron Lochan [171] .
Le personnage du forgeron, toujours trouble, ambigu, volontiers démoniaque,
inquiétant, plus ou moins sorcier, est bien connu dans les contes populaires [172] où il
joue un rôle essentiel. Il est vrai que dans les sociétés primitives, ou dites
telles, le forgeron est, par sa connaissance et son métier, le maître des
travaux agricoles et des arts de la guerre, puisqu’il fabrique aussi bien des
instruments aratoires que des armes. Il est un authentique « maître de
forges », et comme tel, il représente un pouvoir non négligeable dans la société.
Et c’est pour cette raison qu’on lui attribue la connaissance de secrets qui
dépassent de loin son métier. En fait, il faudrait parler d’un druide-forgeron.
C’est le cas pour Goibniu, qui, étant dieu, est druide.
    Car Goibniu ne se contente pas de son rôle de forgeron.
Après la bataille de Tailtiu qui vit la victoire des Gaëls sur les Tuatha Dé
Danann, ceux-ci doivent se contenter des tertres souterrains et des îles
lointaines. Mais c’est quelque part dans cet Autre-Monde que se tient le
« Festin de Goibniu », qui est un festin d’immortalité. Il est assez
étrange de constater que ce festin se tient sous le nom et la présidence de
Goibniu. Il est vrai que le personnage est demeuré longtemps dans les mémoires,
comme Diancecht. On le trouve en effet cité en compagnie du Christ dans une
incantation contre les blessures conservée dans un manuscrit du monastère de
Saint-Gall : « Très forte est la science de Goibniu, très forte est
la pointe de Goibniu, la pointe aiguë de Goibniu, hors d’ici ! » [173] .
Brigit avait peut-être disparu de la tradition, mais sûrement pas Goibniu. Et
que dire du saint Gobrien breton, qui guérit les furoncles (les clous), et dont
le nom provient du même radical que Goibniu et Govannon ?
    Entourée de dieux auxiliaires redoutables, efficaces,
revêtue de multiples visages et de multiples noms, participant aux trois
fonctions indo-européennes, maîtresse de poésie, de magie et de prophétie,
savante en techniques diverses, mère de tous les dieux, quelque peu nymphomane
et animée de la fureur guerrière, triple déesse mais toujours femme unique,
probablement héritière de la Grande Déesse des temps préhistoriques, telle se
présente la Minerve celtique. Sa complexité est aussi grande que celle du
Dagda.
Au fond du sanctuaire
    La mythologie celtique, en dépit des informations fragmentaires
et souvent contradictoires qui nous permettent de la connaître, se révèle
fortement structurée. Les divinités, sous quelque nom qu’elles apparaissent,
peuvent relativement être classées par fonction, selon le modèle qu’en a donné
César. Mais César n’a pas prétendu les signaler tous. De nombreux personnages
divins peuvent difficilement être intégrés dans sa nomenclature. Ce n’est pas
qu’ils soient moins importants, mais ils sont peut-être d’une origine ou d’une
nature bien différente de celle des dieux indo-européens. En tout cas, ils
posent un

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