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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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yeux de la vieillarde s’écarquillèrent. Elle pâlit, si la chose était encore possible, se leva en chancelant sur ses jambes émaciées et plaqua son dos contre le mur de pierre. Puis elle se raidit, comme possédée. Sa bouche s’ouvrit toute grande, dévoilant des gencives roses, et une voix sépulcrale en sortit sans que ses lèvres ne bougent.
    —    Te voilà à faire l’aumône aux pauvres, damné. Dommage pour toi que la conscience te soit venue si tard. Peut-être aurais-tu connu une vie plus facile.
    Malgré moi, je reculai d’un pas, la terreur me serrant les entrailles et la gorge. Cette voix, jamais je ne l’oublierais. Elle était celle par laquelle j’avais appris ma damnation. Celle qui m’avait proposé l’invraisemblable marché grâce auquel j’étais revenu à la vie. Par je ne sais quelle sorcellerie, Métatron s’était insinué dans le corps de la mendiante, tel un démon possédant une innocente. Était-il venu pour décréter mon échec et me ramener en enfer ?
    —    Toi. balbutiai-je d’une voix tremblante en portant instinctivement, mais futilement, ma main à Memento. Que me veux-tu ? Je fais des progrès. Je. j’essaie. Tu dois être patient.
    Je réalisais que je devais avoir l’air d’une femmelette tremblante et épouvantée, moi qui avais bravé les pires dangers. Mais je n’y pouvais rien. J’étais pétrifié. Une peur froide me serrait les viscères, me donnant mal au ventre et me raccourcissant le souffle.
    La vieille femme brandit vers moi un index accusateur déformé par l’âge.
    —    Crois-tu donc être arrivé à destination, damné ? tonna Métatron. Tu ne fais que commencer et, déjà, tu te trompes de voie ! Il ne te sert à rien de combattre ceux qui détestent la Vérité ! Laisse l’hommerie aux hommes et accomplis ce que Dieu attend de toi ! Ne te laisse pas détourner de ta voie par ceux que tu crois aimer ! Ne te laisse pas séduire par une existence que tu ne peux avoir ! Tu n’en as ni le temps, ni le droit !
    La révolte qui grondait de plus en plus fort en moi depuis ma résurrection remonta soudain à la surface et explosa comme un volcan, chassant la peur qui m’avait paralysé.
    —    Alors, que Dieu cesse de jouer à cache-cache comme un enfant pervers ! crachai-je. N’a-t-il pas mieux à faire que de me torturer pour le plaisir ? Qu’il arrête de faire payer des innocents pour ce qu’il me reproche ! Et s’il désire vraiment que la Vérité soit protégée, pourquoi ne le fait-il pas lui-même ? Il n’aurait qu’à lever le petit doigt, non ? Ou est-il moins omnipotent qu’il aime le laisser croire aux pauvres sots qui croient encore en lui ?
    —    Blasphémateur ! enragea l’archange en agitant le poing de la vieille, là où aurait dû se trouver la crosse d’or avec laquelle il m’avait frappé jadis. Je vois que tu n’as pas changé. Tu renies toujours ton Créateur avec la même aisance.
    —    Et pourquoi pas ? rétorquai-je sur le même ton rageur. Dès le jour de ma naissance, il avait déjà décidé de ce que je serais, sans me laisser le moindre choix, et voilà maintenant qu’il m’en fait le reproche ? Il ne m’a rendu la vie que pour me tourmenter encore plus ! Il est cruel, pervers et injuste ! S’il a vraiment créé l’homme à son image, alors il ne vaut pas mieux que moi !
    La mendiante fit un pas vers moi et je vis qu’une bave mousseuse s’accumulait à la commissure de ses lèvres.
    —    Et pourtant, écuma l’archange, tu te plies volontairement à la destinée que Dieu t’a donnée. Que je sache, tu n’as pas abandonné ta quête. Ton salut t’est donc plus précieux que tu veux bien l’admettre, Gondemar de Rossal.
    —    Tant qu’à apparaître pour me tourmenter, pourquoi ne m’aides-tu pas davantage, si la Vérité importe tant à celui que tu sers ? rétorquai-je.
    —    Que vaudrait ton salut si je t’aidais à l’atteindre ? Cesse plutôt de fanfaronner et agis, car le temps presse. En ce moment même, les ennemis de la Vérité sont sur sa piste, et ils sont de plus en plus nombreux. Ils viennent de toutes parts et tu ne les vois même pas.
    —    Je ne fais que ça, chercher ta maudite Vérité ! Et je la trouverai ! Tu m’entends ? Je la trouverai ! Et lorsque je l’aurai, je retournerai en enfer pour la fourrer bien profond dans ton petit cul étroit de castrat ! crus-je nécessaire d’ajouter.
    J’étais pleinement

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