Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
Montbard et d’Ugolin avait disparu. L’urgence de retrouver la seconde part de la Vérité aussi. Il n’y avait plus qu’elle. J’avais l’impression de mettre un pied dans un univers où j’avais ma place, où l’avenir était possible. J’éprouvais une envie presque irrésistible de laisser tomber les maudits linges pour l’enlacer et l’embrasser avec fougue, puis de la saisir et de l’emporter loin de toute cette folie. Pire encore, l’étincelle qui dansait dans ses yeux m’indiquait qu’elle ne résisterait pas.
    Puis l’instant de perfection cessa. Qu’avais-je à offrir à cette femme, moi, un damné ? Même si je réussissais à protéger la Vérité, que serait ma vie par la suite ? En aurais-je même une ? Jusqu’à maintenant, tous ceux qui avaient eu le malheur de s’approcher de moi et de m’ouvrir leur cœur avaient souffert. Par la bouche de l’infortunée vieillarde, Métatron ne venait-il pas justement de me prévenir contre ceci ? Ne te laisse pas détourner de ta voie par ceux que tu crois aimer ! avait-il dit. Ne te laisse pas séduire par une existence que tu ne peux avoir ! Tu n’en as ni le temps, ni le droit ! Non, je n’avais pas droit à ce simple réconfort. Cette jeune femme que j’avais l’impression de connaître depuis toujours ne devait pas subir le sort de ceux qui avaient le malheur de partager ma destinée. Elle méritait mieux que cela. Je secouai la tête, comme on le fait pour se sortir de la rêverie.
    — Bon, je n’ai pas que ça à faire, dis-je avec une brusquerie volontaire. Portons ces linges à l’infirmerie.
    Je pus lire la déception traverser le joli visage de Cécile avant qu’elle ne se reprenne et force un sourire. Je me sentais un moins que rien, mais c’était mieux ainsi. Le reste du trajet se déroula dans un silence inconfortable.
    Le soir venu, devant une assiette de pain et de fruits secs et un gobelet de vin coupé d’eau, je me joignis à un ultime conseil de guerre qui dura une partie de la nuit. Une fois encore, Cécile se présenta avec du vin et de l’eau, qu’elle posa sur la table. Elle m’adressa un sourire auquel je me retins de répondre avant de détourner les yeux. Je me fis violence pour ne pas la regarder partir.
    Les deux Foix, Raynal, les meilleurs officiers de la cité et moi-même fîmes plusieurs autres conciliabules pour planifier nos sorties. Au fil des préparatifs, je conçus une grande admiration pour le vieux comte, qui se montrait un redoutable stratège, et une sympathie sincère pour son fils, qui n’avait qu’une année ou deux de moins que moi et dont le tempérament de feu s’apparentait au mien.
    Notre sortie était prévue un peu avant l’aube et tous les préparatifs furent revus cent fois dans leurs plus petits détails.
    Les discussions allaient bon train et les tactiques se peaufinaient lorsqu’un grand fracas retentit au fond de la salle.
    —    Écartez-vous, vous dis-je ! gronda une voix. Que je sache, nous sommes encore à Toulouse et je suis chez moi partout, ici !
    La lourde tapisserie de brocart qui séparait la salle du portique fut brusquement écartée et un homme fit son entrée, entouré d’une dizaine de soldats. Il devait approcher de la soixantaine et était de taille moyenne. Ses cheveux coupés au carré sur les épaules étaient droits et blancs comme neige. Son dos voûté, ses petits yeux fuyants et la façon dont il tenait sa tête un peu penchée vers l’avant lui donnaient l’air d’un épervier aux aguets. Instantanément, il m’inspira une antipathie viscérale. Je constatai vite que toute l’assemblée partageait mon sentiment.
    Le nouveau venu franchit la distance qui le séparait de nous et se dirigea d’un pas ferme vers Roger Raymond, qui se leva pour l’accueillir avec un air distinctement contrarié qu’il masqua aussitôt. Je crus aussi lire sur son visage un certain dégoût.
    —    Comte Raymond, dit Foix avec révérence. Que me vaut l’honneur ?
    —    Garde tes politesses pour toi, retors ! explosa l’autre. J’entends dire que toi et ton fils préparez une sortie contre les croisés. Est-ce vrai ?
    —    Ça l’est, répondit calmement Foix en regardant l’autre droit dans les yeux.
    —    Et personne n’a jugé bon de me consulter ? s’écria l’homme. Il n’en est pas question ! Tu m’entends ? C’est une folie ! Vous nous ferez tous tuer ! Une délégation des consuls de la ville pour négocier une

Weitere Kostenlose Bücher