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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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l’intérieur pour occire cette merdaille dont le pape exonérait à l’avance tous les péchés. Je me raisonnai en me rappelant que j’étais venu pour libérer Pernelle. Il serait toujours temps de lui faire son affaire si j’en avais l’occasion.
    —    Oui, sire, répondit un autre homme. Dès l’aube, nous lèverons le camp. Les moines n’auront même pas le temps de faire les prières de laudes.
    —    Tudieu, gronda Montfort. Partir la queue entre les jambes, comme un chien battu. Je reviendrai et je prendrai Toulouse, je le jure !
    Les croisés s’apprêtaient à lever le siège. Nous avions gagné. Pour l’instant, Toulouse était sauvée. Et avec elle, ma communication avec le Cancellarius Maximus.
    —    Hors de ma vue ! tonna Montfort.
    Un fracas retentit dans la tente et je compris que l’officier qui avait eu le malheur de faire rapport à Montfort venait de se faire lancer un objet qui avait explosé contre sa tête ou sur le sol. L’homme sortit aussitôt, le pas coléreux, et je m’écrasai au sol pour qu’il ne me voie pas. Je m’assurai qu’il s’était éloigné avant de me relever.
    — Et nous n’avons toujours pas les maudits documents, continua le chef des croisés. Nous en étions si proches. J’avais déjà promis le succès à Amaury. Tu n’avais qu’à les faire sortir de Montségur, bougre de sot !
    Captivé que j’étais par cette confirmation inespérée de ce qui s’était produit à Montségur, je n’entendis pas venir mon agresseur. Quelque chose de dur s’abattit sur ma nuque et je m’écroulai lourdement, des points multicolores scintillant devant mes yeux. J’essayai bien de me relever, mais mon corps ne m’obéissait plus. Je sentis des mains qui empoignaient ma bure et qui me traînaient sur le sol.
    Puis la nuit m’enveloppa.

Chapitre 16 Trahison
    La première chose que je ressentis en reprenant conscience fut une douleur lancinante dans les épaules, suivie de pulsations dans la nuque. Mon instinct prit le dessus. Je me gardai d’ouvrir les yeux et de faire des mouvements brusques pour ne pas alerter quiconque m’avait capturé. Mes repères me revenant peu à peu, je déterminai que j’étais debout, suspendu par les poignets et les chevilles attachées. Mes mains liées étaient privées de sang et engourdies. Je n’arrivais pas à bouger les doigts. Une bouffée d’air frais me confirma que j’étais torse nu. On m’avait donc dépouillé de la bure, de ma chemise et, forcément, de Memento.
    — Ah ! Te voilà enfin réveillé ! fit une voix.
    Je reconnus la voix caverneuse de Simon de Montfort. J’ouvris les yeux et mon premier réflexe fut de m’élancer vers lui. Mon élan fut arrêté net par des liens qui me retenaient à un anneau fixé au poteau central de la tente dans laquelle je me trouvais. Le maudit diable aimait le confort. Il y avait là un lit de camp, une grande table et deux braseros remplis de braises rouges qui diffusaient une douce chaleur.
    Le chef des croisés ricana, amusé, et m’enfonça un poing ganté de fer dans le ventre, me vidant de mon souffle et me faisant monter les larmes aux yeux. Il me fallut quelques secondes pour respirer à nouveau et je dus cligner des paupières pour y voir clair. Aussi grand que moi et droit comme un chêne, le torse puissant et bombé par une morgue née du succès et du fanatisme, les épaules et les bras massifs, les jambes solidement plantées sur le sol, la crinière noire comme la nuit, la barbe et les sourcils touffus, un poing posé sur la hanche avec défi, l’autre main tenant la bure que j’avais portée pour m’introduire dans le camp, Simon de Montfort m’adressait un sourire carnassier qui me fit frissonner malgré moi. Cet homme était terriblement dangereux.
    —    Le grand Gondemar de Rossal, terreur des terres du Sud. minauda-t-il d’un ton dégoulinant d’ironie. Tu m’as causé bien des désagréments depuis que tu es passé à l’ennemi. Mais Dieu punit éternellement de telles trahisons.
    —    Dieu juge toutes les actions, rétorquai-je. Et crois-moi, je sais mieux que personne ce qui attend ton âme, massacreur d’enfants !
    —    S’habiller en moine et attendre les matines, dit-il en jetant la bure par terre. Je dois admettre que tu es créatif.
    Acceptant d’avance que j’allais payer chèrement cette modeste satisfaction, je lui crachai au visage. Il ricana, essuya la glaire qui s’était logée dans sa barbe

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