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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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et la projeta sur le sol de terre battue. Puis, vif comme l’éclair, il m’abattit son poing sur la joue. Je sentis la peau se fendre et ma tête fut violemment repoussée vers l’arrière. Le sang chaud coula sur mon visage et se logea dans le creux de mon cou. Mais la douleur me laissait indifférent. J’avais vécu bien pire. Je rivai mes yeux dans les siens et lui adressai le sourire le plus arrogant que je pouvais produire.
    —    C’est le mieux que tu peux faire, femmelette ? crânai-je. Pas étonnant que tu t’attaques surtout aux femmes, aux enfants et aux vieillards. Le premier homme venu te tannerait le cul sans effort.
    J’en fus quitte pour deux autres coups semblables à ceux d’une masse d’armes, dont l’un me fendit la lèvre et me déchaussa des dents, et l’autre me ferma l’œil gauche.
    —    Insulte-moi tant que tu voudras, dit-il en retrouvant son calme. Au bout du compte, je te promets que tu me diras ce que je désire savoir. Tu détiens une chose que monseigneur le légat désire ardemment obtenir et j’ai bien l’intention de la lui livrer.
    —    Ah ? Et de quoi s’agit-il donc ? dis-je innocemment en crachant une canine qui s’était délogée sous la force de l’impact.
    —    Mais de ce que vous autres, hérétiques, considérez comme la Vérité, voyons, roucoula-t-il.
    —    La Vérité ? J’ignore de quoi tu parles.
    Une retentissante taloche du revers de la main me dévissa presque la tête et me laissa étourdi. Puis un genou dans le ventre me coupa à nouveau le souffle. Montfort me saisit par les cheveux et me redressa brusquement.
    —    Ne joue pas au plus fin avec moi, cracha-t-il, soudain enragé. Tu ne ferais que prolonger ton calvaire. Et crois-moi, tes souffrances ne font que commencer.
    —    Tu ignores ce qu’est la vraie souffrance, surplus de semence, rétorquai-je à travers des lèvres de plus en plus enflées. Tu ne peux même pas l’imaginer.
    Il approcha son visage si près du mien que je pus sentir dans son haleine des relents de vin et d’oignon. Il m’enveloppa subitement les génitoires d’une de ses mains et les serra cruellement. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je retins le cri de douleur qui allait m’échapper. Il était hors de question que je lui offre ce plaisir. Si je devais mourir aujourd’hui et croupir en enfer, j’aurais au moins un ultime moment de dignité à emporter avec moi.
    —    Où se trouve la Vérité, chiure de merde ? redemanda-t-il en serrant encore plus fort.
    Ma rage l’emportant sur ma douleur et mon bon sens, je lançai la tête vers l’avant et abattis mon front sur son nez, qui émit un craquement sec. Aussitôt, la pression sur mon entrejambe se relâcha. Sans me quitter des yeux, il empoigna entre ses deux mains son appendice, qui tirait résolument vers la droite, et d’un geste brusque le remit en place en grognant à peine d’inconfort. Puis il essuya le sang qui lui mouillait la moustache, comme si de rien n’était, et sourit. Non seulement cet homme ne craignait-il pas la souffrance, mais il l’aimait. Il me descendit un nouveau coup de poing qui fit subir le même sort à mon nez. Le coup me poussa jusqu’au bord de l’inconscience et ma tête retomba lourdement sur ma poitrine. Je sentis ma bouche se remplir d’un sang chaud et épais qui me coula aux commissures des lèvres.
    —    Je ne l’aurais pas cru, la première fois que je t’ai vu, éperdu comme une fillette, à Béziers, mais tu as du caractère, je te le concède, ricana le chef des croisés. Tu l’as prouvé à Cabaret et tu continues depuis. Je sais apprécier un adversaire de valeur et tu en es un. Tu es fier et entêté, et tu résisteras jusqu’à ta dernière parcelle de vie. Or, le temps est un luxe dont je ne dispose pas. Je dois lever le camp à l’aube.
    Je relevai difficilement la tête et le toisai avec arrogance.
    —    Nos sorties étaient créatives, non ? ricanai-je faiblement. Tes hommes se sont fait torcher comme de vulgaires étrons. M’est avis qu’ils ont été à la mesure de leur chef.
    —    Je vais être franc avec toi, dit-il sans relever l’insulte. Je sais déjà qu’une partie de la Vérité est gardée à Montségur par ce qu’il reste de l’Ordre des Neuf.
    Malgré moi, j’eus un mouvement de surprise. Le fait qu’il connaisse l’endroit où se trouvaient les parchemins ne m’étonnait pas. Il avait déjà tenté de s’en

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