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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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emparer alors qu’ils étaient en route et, une fois dans Montségur, Daufina avait presque réussi à le faire pour lui. Il était même parvenu à y introduire deux assassins qui avaient failli avoir notre peau, à Montbard et à moi. Par contre, il venait de me confirmer non seulement qu’il connaissait l’existence des Neuf, mais qu’il savait que tous ses membres ne se trouvaient pas à Montségur. La chose était inquiétante.
    —    Quoi ? Tu t’imaginais que votre petit groupe était un grand secret ? ricana-t-il, lisant mes questionnements sur mon visage tuméfié. Allons, en ce monde, tout peut être acheté. Il suffit de trouver la bonne patte à graisser.
    J’attendis la suite en silence.
    —    Je connais tout de votre ordre, figure-toi. Par exemple, je sais que Ravier de Payns est mort et que tu lui as succédé malgré toi comme Magister après une élection chaudement disputée. Je connais aussi l’identité de tous ses membres. Partant, je sais donc que sans toi, Bertrand de Montbard, Ugolin de Bisor et la petite hérétique, il ne reste que six valeureux gardiens de la Vérité privés de leur maître.
    Il venait de me confirmer qu’il savait ce qu’il était advenu de Montbard, d’Ugolin et de Pernelle. J’allais exiger qu’il m’en informe lorsqu’une voix me précéda.
    —    Cinq, en fait.
    Je tournai la tête vers l’entrée de la tente et mon souffle resta coincé dans ma poitrine. Devant moi se tenait Raynal, un air de bravade sur le visage. J’étais convaincu qu’il allait s’attaquer à Montfort, puis me libérer, mais il entra tranquillement sans faire mine de tirer son arme.
    —    Ah, oui, évidemment, si l’on en retire sire Raynal de Saint-Omer, il n’en reste plus que cinq, roucoula le chef des croisés, heureux de l’effet qu’avait eu sur moi cette apparition aussi soudaine qu’inexplicable. Mais comme il retournera tôt ou tard à Montségur pour y prendre les parchemins, pour l’instant, comptons-le encore comme un membre en règle des Neuf.
    J’eus l’impression d’avoir reçu une ruade de cheval entre les yeux. Dès le début, mon instinct avait été juste. Raynal avait trahi l’Ordre. La disparition de la Vérité, c’était lui ! Et je l’avais laissé me filer entre les doigts. Puis une seconde réalisation me frappa : s’il était le coupable, Daufina était forcément innocente. Et je l’avais tuée de mes propres mains, si sûr de mon jugement. Si plein de moi-même. J’avais soupçonné Raynal, certes, mais pas pour longtemps. J’avais préféré le plaisir de faire rouler la tête de la Parfaite sur le plancher du temple. Avais-je été stupide, naïf ou orgueilleux ? Cela n’avait plus d’importance. Et à cause de lui aussi, sans doute, Eiquem de Castres et Albin de Hautpoul avaient perdu la vie.
    —    Fils de chienne ! crachai-je entre mes lèvres tuméfiées en me débattant vainement contre mes liens comme une bête enragée. Traître ! Tu as renié un serment fait sur ta vie !
    Raynal éclata d’un rire sonore qui ne fit que m’enrager davantage. Puis il franchit en quelques pas la distance qui nous séparait. Lorsqu’il couvrit mon visage de coups de poing, il souriait. Il ne se lassa que quand il m’eut mené au bord de l’inconscience, mes jambes ne me portant plus et mes épaules menaçant de se disloquer en soutenant mon poids. Il recula de quelques pas et frotta ses jointures endolories.
    —    Tu ne peux pas imaginer à quel point j’avais envie de cela, dit-il. Ni depuis combien de temps.
    —    Depuis aussi longtemps que moi, sans doute, marmonnai-je de mon mieux. J’aurais dû te tuer à l’entraînement, quand j’en ai eu la chance. Mais tu te bats comme une femmelette et j’ai eu pitié de toi. Tu n’es doué que lorsque ton adversaire est attaché.
    Je ravalai la salive mêlée de sang qui me remplissait la bouche. Quelque chose grinça dans ma mâchoire et me fit monter les larmes aux yeux.
    —    Comme tu le comprends maintenant, déclara Montfort d’un ton satisfait, je puise mes informations à la source même.
    J’adressai à Raynal un regard meurtrier, qu’il soutint avec le même sourire narquois. Cet homme désirait depuis longtemps m’humilier et il savourait pleinement le moment.
    —    Si jamais j’ai la chance de te mettre la main au collet, grondai-je, je te jure que je t’arracherai la langue avec mes dents avant de t’égorger, Judas !
    —

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