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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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gobelet d’un trait et me le tendit pour que je le remplisse.
    —    M’est donc avis, poursuivit-il, que nous pouvons tenir deux choses pour acquises. Primo, si notre gredin avait eu les documents en sa possession depuis des mois, il les aurait déjà fait sortir d’ici. Pour quiconque avait une raison légitime de quitter Montségur, il eût été facile de transporter un petit paquet dans ses bagages sans attirer l’attention. Particulièrement pour quelqu’un qui est au-dessus de tout soupçon, comme un templier ou une Parfaite. Or, personne n’a franchi la porte depuis notre arrivée. C’est donc qu’il les a volés récemment. Tu es d’accord ?
    —    Oui. Poursuivez.
    —    Secundo, l’assemblée imprévue d’hier a bousculé ses plans. Comme il est désormais interdit de sortir, notre homme est coincé dans la forteresse. Les documents sont donc toujours dans Montségur et je parierais mon autre jambe qu’il vendrait sa mère pour s’en débarrasser.
    Ne trouvant aucune faille à son raisonnement, je hochai la tête en guise d’assentiment. L’esprit alerte de Montbard m’était connu depuis longtemps. Qu’il analyse un style de combat ou un larcin, il le faisait avec la même méthode, décortiquant froidement les éléments qui composaient l’ensemble pour en identifier le point faible. C’était grâce à cela que j’étais devenu un soldat redoutable et je m’en remettais instinctivement à lui pour y voir clair. J’ajoutai toutefois mon grain de sel.
    —    J’ai réfléchi, moi aussi, et je crois que nous pouvons dès maintenant rayer quelques noms de plus de notre liste de suspects.
    —    Ah ? Lesquels ?
    Je me levai et me mis à marcher de long en large dans la petite pièce en comptant les noms sur mes doigts à mesure que je les énumérais.
    —    D’abord dame Peirina. Dans le temple, sa première réaction a été de nous rappeler notre serment, auquel elle accorde visiblement une valeur sacrée. De plus, sa réaction lorsque Ravier a ordonné à Eudes de vous exécuter était éloquente. Elle était catastrophée. Sa vocation est de guérir, pas de tuer, mais elle a obéi et l’a laissé vous emporter lorsqu’il s’est présenté à l’infirmerie. À mon sens, tout cela démontre une loyauté infaillible envers l’Ordre. Lorsqu’elle a constaté que vous aviez survécu, son soulagement était palpable. Jamais elle ne pourrait consentir à tout cela d’un côté et trahir de l’autre.
    —    Ou alors, elle joue bien la comédie. Si elle a volé les documents, elle a tout avantage à montrer une loyauté telle que personne n’oserait la soupçonner. Qui d’autre ?
    —    Eudes, pour les mêmes raisons. Lui aussi répugnait à vous assassiner, mais il a obéi. Et sa surprise lorsque nous avons découvert que la Vérité manquait était réelle. J’en mettrais ma main au feu. Cet homme est aussi solide qu’un chêne et je plains celui qui tentera de le corrompre.
    —    C’est l’impression qu’il me donne, à moi aussi. Et j’ai eu bien des hommes à juger dans ma vie. Il est même venu me demander pardon ce matin.
    —    Vous le lui avez accordé ?
    —    Bien sûr ! Je respecte un homme qui sait obéir aux ordres, même ceux qui vont contre sa conscience. Eudes est un vrai soldat. Mais les apparences peuvent être trompeuses. Comme Peirina, s’il est celui que nous cherchons, il aurait tout avantage à paraître le plus fidèle des hommes afin d’être certain de ne pas se faire prendre. Non ?
    —    Homme de peu de foi ! Vous êtes impossible !
    —    Je suis réaliste, jouvenceau. Mais poursuivons. Mon instinct me dit, à moi aussi, que ces deux-là sont innocents et, au-delà de la raison, l’instinct est souvent le guide le plus sûr. Cela laisse Jaume, Véran, Raynal et Daufina. Parle-moi de leur attitude lorsqu’ils ont réalisé que la Vérité avait disparu. Parfois, les yeux voient des choses que l’esprit ne retient pas.
    Je repassai dans ma tête les événements de la nuit précédente, analysant les interventions et les attitudes de chacun.
    —    Ce qui était clair comme de l’eau de roche, c’est que Raynal était bien empressé de faire porter le blâme sur moi.
    Je lui résumai les arguments de Raynal et les échanges que nous avions eus.
    —    Peut-être cherchait-il à détourner les soupçons ? suggéra-t-il.
    —    Ou peut-être ne faisait-il que ce qu’il

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