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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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train de faire. Quant à Raynal, il ne montrait aucune émotion.
    —    En route, dis-je sèchement.
    J’éperonnai Sauvage et, l’un derrière l’autre, nous franchîmes la porte de Montségur, sans savoir si nous y reviendrions jamais. Je ne regardai pas derrière moi. Je n’en avais nul besoin. Je sentais comme une brûlure le regard de Pernelle dans mon dos.

    3
    La loi est dure, mais c’est la loi.
    4
    Ordre de la Milice du Christ.

Chapitre 12 Revirements
    Nous voyageâmes de jour, ne nous reposant que quelques heures par nuit. Nous parlions peu, Montbard et moi n’en ayant pas besoin, et Raynal restant enfermé dans le mutisme un peu boudeur qui lui était caractéristique. Je n’étais pas dupe. Le templier ne m’aimait pas plus qu’avant, mais l’honneur des gens d’armes est ainsi fait que l’on respecte celui qui nous a vaincu et que les serments de loyauté sont inviolables. Je ne doutais pas qu’en cas de danger son épée parerait les coups qui me seraient destinés. Des hommes comme lui étaient indispensables à la protection de la Vérité.
    Comme nous l’avions espéré, notre chevauchée fut sans histoire. Il avait suffi de nous identifier aux quelques patrouilles cathares rencontrées sur la route pour être accueillis avec enthousiasme. La plupart avaient entendu parler de moi et étaient heureux de faire la connaissance de celui qui avait défendu Cabaret et mis fin aux jours de l’Aigle. D’autres, plus méfiants, demeuraient sur leurs gardes face à l’ancien croisé que j’étais.
    En temps normal, nous aurions dû faire un détour par Muret pour éviter de tomber sur les forces croisées, mais comme c’était précisément ce que nous souhaitions, nous avions plutôt filé en ligne droite par Montgrenier, Foix, Pamiers, Saverdun et Montgiscard. En discutant avec les soldats et les paysans rencontrés sur notre route, avec lesquels nous partagions volontiers le vin que nous avions emporté, nous pûmes faire le point sur la situation du Sud. Les choses auguraient plus mal que jamais auparavant. Depuis la prise de Lavaur et de Les Cassès, Montfort s’était emparé de Hautpoul, de Saint-Antonin-de-Rouergue, de Penne-d’Agenais et de Moissac. L’étau qu’il mettait en place se resserrait. Les croisés contrôlaient maintenant une large enclave qui s’enfonçait au cœur du territoire cathare. De Béziers à Lavaur en passant par Minerve, Carcassonne, Cabaret, Termes, Montréal, Hautpoul, Castres, Albi et Puylaurens, tout était entre leurs mains. Si Toulouse tombait, le Sud serait pratiquement coupé en deux par le centre. Les cités les plus méridionales, Montségur parmi elles, se retrouveraient isolées et à la merci de l’ennemi. Montfort pourrait les achever en toute tranquillité.
    En entendant le récit que nous faisait un sergent qui nous accompagna pendant quelques lieues, je sentis un grand froid me remplir la poitrine. Perchée au sommet de son pic rocheux, Montségur était imprenable - pour l’instant en tout cas. La Vérité se trouvait donc en sécurité. Mais qu’en était-il de l’autre part, conservée en un endroit qui demeurait inconnu de tous sauf du mystérieux Cancellarius Maximus ? Si Toulouse tombait, je ne la trouverais peut-être jamais. Mon sentiment d’urgence augmenta encore quand, une journée après avoir quitté Montgiscard, nous aperçûmes au loin un homme qui galopait à bride abattue.
    —    Il n’est pas très discret, remarqua Montbard en plissant les yeux. M’est avis qu’il aurait des choses intéressantes à raconter.
    Nous fonçâmes à la rencontre de l’inconnu qui, lorsqu’il réalisa qu’un trio de cavaliers armés allait lui couper la route, parut paniquer. Il regarda à droite et à gauche, à la recherche d’une voie d’évitement. Visiblement, il craignait de rencontrer quelqu’un. Mais nous nous approchions vite et il choisit sagement la prudence.
    —    Ne crains rien, dis-je en écartant les bras en signe de paix. Nous ne te voulons aucun mal.
    Je vis les épaules du jeune homme s’abaisser et son corps se détendre lorsqu’il laissa échapper un soupir de soulagement.
    —    Je me nomme Gondemar de Rossal. Voici Bertrand de Montbard et Raynal de Saint-Omer. Nous sommes en route vers Toulouse, poursuivis-je. Quelles sont les dernières nouvelles ?
    —    Si vous désirez aller à Toulouse, vous feriez mieux de vous hâter, ricana mon interlocuteur. Montfort est en route à la

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