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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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corps du prisonnier
était secoué de tremblements spasmodiques. Il ouvrait les yeux et les refermait
comme s'il ne savait pas s'il voulait ou non regarder.
    « A genoux ! » Le prisonnier s'effondra sur le sol. Deux
robustes gaillards s'approchèrent et empoignèrent solidement le criminel qui
poussait des gémissements. L'un d'eux lui maintint la tête tandis que l'autre
lui écartait brutalement les mâchoires afin de coincer contre son palais une
baguette de bambou qui lui maintenait la bouche ouverte.
    Le bourreau s'avança alors, brandissant un poignard
soigneusement affûté. Le prisonnier avait les yeux fixés sur la lame incurvée.
D'un mouvement brusque, le bourreau leva le bras et plongea la lame dans la
bouche de la victime, par-delà la baguette de bambou. D'un geste vif, il lui
trancha la langue.
    Il y eut un cri étouffé. Le bourreau agita un instant la
langue vers le Palat avant de la tendre à un esclave accroupi à ses pieds. Un
autre apporta une noix de coco fraîche : le bourreau la prit pour l'introduire
soli-dement dans la bouche du criminel. Cela arrêta provisoirement l'hémorragie
et on entraîna l'homme.
    L'adjoint du gouverneur se tourna ensuite vers les
farangs. Tous trois étaient alignés à un endroit où ils ne perdaient rien du
spectacle. Il les regarda attentivement tour à tour comme s'il hésitait avant
de se décider. Son regard s'arrêta enfin sur Ivatt.
    « Celui-ci d'abord ! » lança-t-il.
    Ils étaient dans la cour du gouverneur, auprès du grand
banvan. Des gardes armés étaient postés à toutes les issues. Le gouverneur
lui-même n'était pas présent et c'était le Palat qui faisait exécuter les
sentences. Hormis le bourreau et son équipe, il n'y avait là que deux des
assistants du Palat et une douzaine d'esclaves. Il ne s'agissait manifestement
pas d'une exécution publique.
    On emmena Ivatt jusqu'à l'endroit où le criminel se
trouvait quelques instants plus tôt, juste devant le grand arbre. Les mêmes
mains robustes empoignèrent la tête du petit homme. On lui écarta violemment la
mâchoire et on glissa dans sa bouche une baguette de bambou. L'esclave accroupi
tenait une noix de coco toute prête. Ivatt lança à Phaulkon un regard
désespéré.
    Les pensées se bousculaient dans l'esprit du Grec. Il
avait le visage et le corps baignés de sueur. Si Ivatt résistait, si l'un d'eux
tentait de s'échapper, il savait que leur châtiment serait encore plus pénible
: on tiendrait pour la pire des insultes de mettre en cause la justice du
gouverneur. D'ailleurs, avec toutes les issues barrées et des gardes armés à
quatre contre un, il ne fallait pas compter s'échapper. Néanmoins, si Ivatt se
débattait, il faudrait finalement courir à son secours et tenter sa chance.
Sinon...
    L'expression qu'on lisait sur le visage d'Ivatt était
comme un couteau planté dans le cœur de Phaulkon. Le petit homme était devenu
un ami en même temps qu'un loyal collègue et, pour la première fois depuis que
Phaulkon le connaissait, le pétillement malicieux avait totalement disparu de
son regard. Phaulkon ne tourna pas la tête mais il entendit Burnaby secoué de
nausées à ses côtés.
    Les lourdes portes en teck de la salle d'audience
s'ouvrirent toutes grandes : le gouverneur apparut en costume de cérémonie,
coiffé de son chapeau conique. Sur ses talons, Sunida, le visage hagard et
désemparée.
    Le mandarin contempla un moment la scène du haut des
marches, les mains croisées sur son ventre rebondi. Il n'avait plus son air
courtois habituel et il toisait les farangs d'un regard glacé comme s'il ne
remarquait même pas leur présence. C'était la première fois que ceux-ci le
voyaient depuis leur retour à Ligor, quelque trois heures plus tôt. Sunida jeta
un regard inquiet à Phaulkon. On lisait la peur dans ses yeux et un léger
tremblement secouait ses lèvres.
    Le gouverneur descendit les marches. « Coupez-lui là
langue! » tonna-t-il.
    Les deux gaillards obligèrent Ivatt à se mettre à genoux.
Le bourreau s'avança. Un silence de mort s'abattit sur la cour et l'homme leva
son poignard.
    « Y oooot ! Mai tong! » Les mots brisèrent le
silence. Le couteau du bourreau s'immobilisa. Phaulkon se jeta aux pieds du
gouverneur. « Arrêtez ! répéta-t-il en siamois. Je vous en supplie, Excellence,
je vais tout vous expliquer. Ne faites pas de mal à cet homme. » La formulation
était impeccable, le vocabulaire parfait. Les spectateurs et le mandarin
restèrent

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