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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’ai jamais rien souhaité d’autre, si ce n’est…
    — Je vous interdis d’y penser encore ! Rentrez chez vous pour vous y préparer. Nous avons appris par un espion, un certain Champ, l’endroit exact où se trouve Arnold. Le général La Fayette qui, comme vous, ne peut se consoler de la mort d’André, part à l’aube avec un détachement de ses riflemen pour tenter de s’emparer de lui. Allez le rejoindre !
    Il n’était pas possible de résister à Washington quand il employait certain ton, certaines paroles, car nul comme lui ne connaissait les hommes. Dompté, mais la mort dans l’âme Gilles rectifia la position, claqua des talons et salua réglementairement.
    — Je suis toujours à vos ordres, mon Général, et je vous remercie de vouloir bien considérer que rien ne s’est passé. Il me sera peut-être possible de vous le prouver en vous donnant ma vie. Il ne me reste plus qu’à rentrer au cantonnement… et brûler certaines lettres qui ne doivent guère vous intéresser maintenant.
    Brusquement Washington se mit à rire. Il s’approcha du jeune homme et, de son poing fermé, lui allongea une bourrade dans l’épaule.
    — Sacrée tête de mule de Breton ! Je viens de m’évertuer à vous expliquer que je vous voulais vivant. Et puis… (sa voix s’adoucit mais redevint grave le sourire s’attardant seulement dans ses yeux fatigués :) Et puis, croyez-moi, aucune femme, même la plus belle, ne vaut qu’un homme doué de talents détruise son destin pour elle. Demandez plutôt à Arnold si vous le trouvez. Sans l’amour insensé qu’il porte à la ravissante Peggy, son épouse, il serait peut-être encore un honnête homme et un héros.
    1 .  La guerre terminée il fut ramené en Angleterre… et enterré à Westminster.

CHAPITRE XIII
    PONGO
    L’arrogante plume rouge des soldats de La Fayette plantée à son tricorne, le lieutenant Goëlo plongea dans la guerre comme un prisonnier se jette dans une mer infestée de requins : pour en sortir libre ou pas du tout… Guidés par l’espion Champ, ils réussirent, au prix de mille dangers, à approcher le Fort Constitution, sur la baie de New York où l’on disait que le traître s’était retranché. Ce fut pour y apprendre que leur gibier leur avait échappé : fou de rage et assoiffé de vengeance, Arnold n’avait pu supporter l’idée de passer l’hiver enfermé dans une forteresse. Il avait obtenu de lord Clinton la permission de rejoindre les troupes anglaises du Sud et il venait de partir pour la Virginie, bien décidé à faire payer chèrement aux compatriotes de Washington la situation humiliante où il se trouvait par sa propre faute.
    L’expédition rentra à Tappan bredouille et d’autant plus furieuse. D’un même élan, La Fayette et Gilles assaillirent Washington pour obtenir de lui la permission de poursuivre le traître jusqu’en Virginie. Mais le Général s’y opposa.
    — Nous assiégeons New York, messieurs, vous semblez l’oublier et je n’ai pas trop de troupes. Faites-moi le plaisir de rester ici et de faire uniquement ce que je vous dirai.
    Une déception plus cuisante encore attendait Gilles : le pasteur Gibson et l’escorte qui ramenaient Sitapanoki vers la Susquehannah étaient revenus durant son absence et beaucoup plus tôt qu’on ne l’imaginait car ils n’étaient pas allés jusqu’au bout de leur voyage. La belle Indienne leur avait faussé compagnie une nuit, alors qu’ils campaient près de Dingmans Ferry sur la Delaware. Elle avait disparu sans qu’il fût possible de la retrouver.
    Au premier abord, cette nouvelle emplit le jeune officier d’une joie secrète quand il l’apprit de la bouche même du généralissime.
    — Elle ne voulait pas retourner auprès de Sagoyewatha, dit-il sans parvenir à masquer complètement l’allégresse qu’il en éprouvait. Elle souhaitait que nous allions vivre ensemble, loin au nord, dans le lieu caché qui avait servi de refuge à la tribu de son père avant qu’elle ne soit massacrée.
    — Et vous pensez, n’est-ce pas, qu’elle s’y est rendue seule… qu’elle vous y attend peut-être ?
    — Pourquoi pas ? Elle était sûre de moi comme je suis sûre d’elle.
    — Sûr d’elle ? Ah ! jeunesse !… Je n’éprouve aucune joie à vous apprendre ce qui va suivre, mon pauvre ami, mais je me dois de le faire pour vous aider à extirper de votre cœur jusqu’à l’ombre d’un regret. Savez-vous ce que m’ont

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