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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’homme qu’on ne lui avait pas laissé le temps d’aimer.
    1 .  Partant en guerre, un gentilhomme emmenait toujours avec lui quelques serviteurs.

TROISIÈME PARTIE
    LA MARIÉE DE TRECESSON

CHAPITRE XV
    LE RELAIS DE PLOERMEL
    Les dernières lueurs d’un jour pluvieux de février traînaient sur les vastes solitudes de ce qui avait été jadis la forêt de Brocéliande. Le cavalier, monté sur un vigoureux cheval bai, surgit de l’échancrure d’une colline, traversa une clairière en sautant allégrement les fougères jaunies, les ajoncs gris et les rochers violâtres, franchit un ruisseau dont l’eau jaillit sous les sabots de sa monture et s’arrêta un instant pour examiner les alentours. Un grand manteau bleu, de coupe militaire, tombait en plis raides sur la croupe du cheval, laissant voir deux longs pistolets dans les arçons de la selle et l’extrémité garnie de cuivre d’un fourreau d’épée.
    — Que faisons-nous, mon fils ? sourit l’homme en flattant l’encolure de l’animal. Tu as peut-être envie de rester dans les environs, mais considère cependant que Viviane en a disparu depuis longtemps.
    Les poivrières bleues d’un petit château pointaient au-dessus des arbres, avec les volutes claires d’engageantes fumées. Gilles hésita un instant. Merlin avait fourni une longue course et très certainement aucun châtelain ne refuserait l’hospitalité au chevalier de Tournemine, des Dragons de la Reine. Mais il ne se sentait pas l’envie de faire, ce soir, de nouvelles connaissances. Bien qu’il y eût encore au moins deux lieues jusqu’à Ploermel, mieux valait aller jusque-là car cheval et cavalier y trouveraient peut-être une bonne auberge où ils seraient accueillis sans être obligés à des frais de conversation…
    — Courage ! fit-il en conclusion. On continue ! Je te promets une bonne ration d’avoine.
    Sans qu’il eût besoin d’employer l’éperon, Merlin partit comme une flèche, forçant même l’allure à travers bois et landes jusqu’aux portes de la petite ville qui se tassait frileusement dans son manteau de crachin. Il avait visiblement hâte de trouver l’avoine promise et, comme il entrait impétueusement dans la ville, son maître fut obligé, au carrefour, de le retenir d’une main ferme.
    L’endroit était désert. Seules quelques lumières vacillantes mettaient un peu de vie avec le claquement des sabots d’une vieille femme qui venait de tirer de l’eau au puits. Gilles l’interpella.
    — Pouvez-vous me dire, bonne dame, où se trouve l’auberge ?
    — Un peu plus bas, mon gentilhomme. Près de l’église. Vous trouverez sans peine, c’est le relais de poste…
    En effet, l’ombre massive d’une tour carrée flanquée de pignons ogivaux se dessinait dans le soir. Tout à côté, un lumignon brillait à l’entrée d’une voûte, éclairant vaguement une enseigne proclamant qu’à l’enseigne de la Duchesse Anne se trouvait la Poste aux Chevaux .
    Le cavalier s’engagea sous la voûte. Le bruit des sabots et le hennissement joyeux du cheval attirèrent un garçon d’écurie qui jaugea d’un coup d’œil connaisseur l’homme et la bête.
    — Sais-tu si je trouverai une bonne chambre ici ? demanda le premier.
    — Pour sûr, monsieur l’officier ! Et bonne table aussi. Tenez, voilà le patron !…
    Un petit homme curieusement chaussé de bottes et vêtu d’une veste de postillon sous un grand tablier blanc arrivait en courant pour se mettre au service de son client qui se décida enfin à mettre pied à terre.
    — Tu monteras ma selle et mes sacoches ! dit-il au garçon, et tu veilleras à ce que mon cheval ait une bonne mesure. Pas de balle mouillée surtout ! Et n’oublie pas de le bouchonner énergiquement… Et une litière épaisse, hein ?
    Une pièce de monnaie sauta de la main de Gilles dans celle du garçon qui l’attrapa adroitement.
    — Soyez tranquille, mon gentilhomme, dit l’aubergiste. Ici, on sait soigner les chevaux. Suivez-moi, s’il vous plaît.
    Un instant plus tard, le chevalier prenait possession d’une grande chambre blanchie à la chaux dont les seuls ornements étaient un crucifix de bois noir, une image représentant les traits sans grâce du roi Louis XVI et un énorme édredon rouge se gonflant comme une fraise sur un lit bien blanc. Il y faisait froid et passablement humide mais l’aubergiste se hâta d’allumer le feu, tout préparé dans la cheminée et, en un instant, la

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