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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mouettes, le jeune Indien surgit brusquement devant eux. Sans plus se cacher, il vint droit sur Gilles, se planta devant lui, puis, levant la main droite à la hauteur de ses épaules, la paume tournée vers le jeune homme, il lui fit faire un mouvement circulaire afin de la ramener à la hauteur de ses yeux noirs qui fixaient ceux de Gilles. Tim émit un petit sifflement.
    — Qu’est-ce que tu lui as fait ? murmura-t-il. Il te salue…
    Mais déjà le jeune garçon entamait un petit discours fait de phrases courtes, hachées que Tim se hâta de traduire sans cacher son enthousiasme.
    — Il dit qu’il veut être ton ami parce que tu es un vrai guerrier ! Il dit encore qu’il t’a vu rire sous la torture comme seuls savent le faire les Indiens ses frères, qu’il est ton prisonnier et qu’il est fier de l’être. Il s’appelle Igrak, ce qui veut dire « l’oiseau qui ne dort jamais » et il est bien, comme je le pensais, le frère de Sagoyewatha dont le nom signifie « celui qui parle pour que les autres demeurent éveillés ». Tu viens de nous faire là un allié, mon fils. Si ton grand chef n’est pas content il sera difficile.
    Et Gilles n’eut que le temps de s’écarter pour éviter la grande tape enthousiaste que Tim, oubliant totalement l’état de son dos, s’apprêtait à lui allonger. Mais il était si heureux qu’il eut l’impression de souffrir déjà un peu moins. Il se sentait mieux d’ailleurs. La sensation de vertige qu’il avait éprouvée en sortant de l’auberge s’était dissipée. Pourtant, il était encore si pâle que Tim, inquiet, exigea d’entrer un instant chez Martha pour qu’il pût y manger quelque chose et boire une tasse de café.
    — Sinon, tu n’arriveras pas jusqu’à la maison Wanton.
    Rosa, la grosse servante noire de Martha, était revenue. Debout dans la cuisine, elle pelait des pêches pour en faire une tarte mais elle abandonna aussitôt son ouvrage pour servir un petit repas improvisé aux deux hommes et à Igrak non sans rouler de temps en temps de gros yeux réprobateurs dans la direction de ce dernier. Martha, occupée au magasin, ne parut pas.
    — Dis-lui qu’on reviendra tout à l’heure, fit Tim en manière de conclusion après avoir ingurgité tout le contenu d’une cafetière. Et maintenant, chez le Général !
    Ils reprirent le chemin de la maison Wanton mais, comme ils traversaient le mail pour s’engager dans Point Street, Axel de Fersen surgit tout à coup de derrière un arbre et leur barra le passage.
    — Je vous attendais ! fit-il. N’allez pas plus loin ! Ordre du Général !
    — Le Général ? Mais il nous attend ! protesta Gilles. Nous sommes déjà assez en retard…
    — Je sais. Néanmoins, il vous est interdit de vous présenter à la maison Wanton. Sinon, le Général ne pourra faire autrement qu’ordonner votre arrestation.
    — Notre arrestation ? s’indignèrent les deux garçons d’une seule voix. Et pourquoi ?
    — Ne restons pas ici, coupa Fersen en les entraînant dans une sorte de boyau tracé entre le mur de planches d’une vaste grange peinte en rouge et une haute et épaisse haie de noisetiers. Nous n’avons pas beaucoup de temps et il faut que vous disparaissiez au plus vite. Vous êtes accusés d’avoir assassiné, dans la taverne de Flint, deux soldats de la légion de Lauzun.
    — Assas…
    — Laissez-moi parler ! Depuis une demi-heure, M. de Lauzun assiège le quartier général. Deux de ses hommes l’accompagnent dont l’un est blessé à l’épaule et à eux trois ils font un bruit de tous les diables ! Vous les auriez attaqués afin de vous emparer d’un jeune Indien qui doit être celui que je vois avec vous.
    Tim, qui durant ce bref exposé était passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, explosa brusquement.
    — Par la Bible de mon père, je n’ai jamais entendu un tissu de mensonges plus éhontés ! Assassinés, hein ? Apprenez que c’est moi seul qui, de ma main, ai tué ces deux misérables et que sans mon ami que voici j’aurais tué aussi le rouquin, et avec joie encore…
    — Il m’a sauvé la vie, simplement ! renchérit Gilles, indigné. Regardez plutôt !
    Et ôtant sa veste non sans que la brusquerie du geste lui arrachât une grimace douloureuse, il montra son dos enveloppé de pansements où se voyaient les traces de sang et en quelques mots résuma ce qui s’était passé.
    — Sans Tim Thocker, je mourrais sous leurs coups,

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