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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Pendant que j’étais à l’hôpital de Conanicut, un matelot du Duc de Bourgogne que la fièvre rendait bavard parlait d’une grosse somme en or qui aurait été embarquée sur son vaisseau.
    En dépit de sa souffrance, Gilles se mit à rire. Pourtant, il sentait l’angoisse lui serrer la gorge. Le secret ! Le fameux secret de Rochambeau, Morvan l’avait appris. Si discret qu’eût été le chargement, il avait dû avoir un témoin.
    — Ton matelot rêvait sous l’emprise de la fièvre, voilà tout. Évidemment, tout le monde sait que chaque commandant de navire possède une caisse pour les besoins de son bord.
    — Je ne parle pas de cet argent-là. Je parle d’un chargement, très mystérieux, fait de nuit, à Brest, de balles d’avoine qui semblaient bien lourdes et qui rendaient un curieux son. Remarque, l’histoire du matelot n’a fait que confirmer certain bruit qui m’était revenu, à L’Orient. On disait que la flotte du chevalier de Ternay emporterait beaucoup d’or. C’est d’ailleurs la raison qui m’a poussé à m’embarquer pour voir ça de plus près. Parce que moi, les Insurgents comme ils disent !…
    Le geste qui accompagnait ces paroles donnait la pleine mesure de ce que Morvan en pensait. Il se rapprocha du supplicié.
    — Alors, tu parles ?
    — Je ne sais rien de cette histoire. Si ton matelot sait tant de choses, tu n’as qu’à lui demander ce qu’il en est.
    — On a commencé par là. Seulement l’homme ne savait rien de plus. Évidemment, durant tout le voyage, il ne s’est pas fait faute de chercher, mais il n’a rien trouvé…
    — Parce qu’il n’y avait rien à trouver…
    — Ou parce que la chose est trop bien cachée. Or, s’il y a un garçon capable de nous renseigner utilement ça ne peut être que toi.
    — En admettant qu’il y ait eu de l’or à bord, qui vous dit qu’il y est encore ?
    — Le Duc de Bourgogne n’est pas venu à quai et on ne peut pas décharger un poids pareil en pleine rade. Maintenant, il est possible qu’il n’y soit plus pour bien longtemps. Probable que le jeune La Fayette vient chercher le trésor pour ses copains. Alors, tu vas très vite nous révéler la cachette, très vite si tu veux faire un cadavre à peu près convenable. Et, tiens, je te ferai même peut-être l’honneur de croiser le fer avec toi. Une belle mort, bien noble pour un bâtard. Mais je suis généreux…
    — Vous êtes complètement fous. Je ne sais rien de cet argent fantôme.
    — Tu ne sais rien ? Vraiment ?… Grégoire !
    Le supplice recommença. Deux fois, trois fois, cinq fois, le fouet improvisé s’abattit, arrachant des gouttes de sang. Le corps en feu, l’estomac soulevé par une nausée, Gilles les mâchoires tétanisées parvenait à retenir encore le cri de souffrance que réclamait toute sa chair torturée. Aucun son ne sortait plus de sa bouche. De temps en temps, Morvan posait une question, toujours la même… Et puis, brusquement, il y eut comme une explosion, immédiatement suivie de deux coups de feu : la porte de la taverne, emportée par une force irrésistible, venait de s’abattre, les gonds arrachés et, sur le seuil, Tim Thocker formidable et grondant comme un molosse qui va charger s’érigeait sur les ruines de la porte, un pistolet dans chaque main. Grégoire, le bourreau et l’un des deux soldats gisaient raides morts : le premier atteint d’une balle dans la nuque et l’autre d’une balle en plein cœur. Mais déjà Tim, lâchant ses pistolets devenus inutiles, arrachait de sa gaine le long couteau qui pendait à sa ceinture et se jetait sur Morvan tandis que le quatrième larron, brutalement dégrisé et terrifié en conséquence par l’apparition d’une si redoutable force de frappe, choisissait de disparaître par l’ouverture béante sans demander son reste.
    Au bout de sa corde, Gilles ranimé par miracle s’agita, non sans meurtrir davantage ses poignets.
    — Ne le tue pas ! haleta-t-il. Il est à moi !
    Le couteau venait de frapper Morvan au défaut de l’épaule et Tim, déjà, le retirait, teint de sang.
    — Désolé ! fit-il froidement. Mais rassure-toi, je ne l’ai qu’un peu abîmé ! Tu le retrouveras plus tard !
    Et, empoignant « Samson la Rogne » qui comprimait en grimaçant son épaule blessée, par le hausse-col de son habit, il le porta d’une seule main jusqu’au seuil et là, d’un magistral coup de pied aux fesses, l’envoya rouler sur le

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