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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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valeur à cause de la peste, dit Isaac. Mais le Seigneur dans Sa sagesse m’a donné une fille intelligente aux doigts habiles afin de prendre sa place. Sor Tecla pourra rester, assurément. Elle ne nous gênera pas.
    — Je resterai aussi, dit Sor Agnete. Personne d’autre n’est nécessaire. Je me tiendrai près de la porte et porterai tous les messages qui devront l’être. Ma sœur, vous pouvez attendre dehors tant que l’on n’a pas besoin de vous.
    Sor Benvenguda lui lança un regard haineux et se dirigea vers la porte.
    — Merci, ma sœur, dit Isaac.
    Il attendit que les pas s’éloignent et que la porte se referme avant de se consacrer à nouveau à sa patiente.
    Avec beaucoup de délicatesse, Raquel souleva les draps, puis la fine robe de lin, avant d’exposer une grosseur rouge et brillante, très haut sur la cuisse de dame Isabel, tout près de l’aine. La douce voix de Raquel décrivait avec précision ce qu’elle faisait et voyait.
    — Quelle sorte de grosseur ? interrogea Isaac.
    — C’est pustuleux, j’en suis certaine, mais ce n’est pas un bubon de peste, dit Raquel.
    Elle se pencha.
    — Depuis combien de temps est-elle là ? demanda-t-elle.
    Dame Isabel cligna des yeux, car elle avait du mal à fixer son regard.
    — Vendredi, chuchota-t-elle.
    Elle referma les yeux, lança la tête de côté et murmura des paroles incompréhensibles.
    — S’est-elle étendue ? demanda Isaac.
    — Pas encore, papa. Du moins je ne le crois pas.
    — Je dois la toucher, ma brave dame Isabel, afin de savoir quoi faire. Mais je suis aveugle et ne puis vous voir. Mes doigts verront pour moi.
    La jeune femme gémit, ouvrit tout grand les yeux et s’empara de la main de Raquel. Elle voulut la porter à son visage.
    — Maman, fit-elle doucement.
    — Essayez de ne pas crier, dit Isaac, ou ces braves sœurs vont croire que je vous assassine.
    — Elle ne peut vous comprendre, papa.
    — Peut-être, mais peut-être que si. Apaisons d’abord la douleur.
    Raquel tira une flasque de vin du panier, remplit la moitié d’un gobelet et y ajouta de l’eau ainsi que le contenu sombre d’un flacon. Elle releva la tête de dame Isabel et porta le gobelet à ses lèvres.
    — Vous devez boire, dame Isabel, dit Isaac avec fermeté.
    Perdue dans son délire, elle l’entendit et avala la moitié de la mixture. Isaac attendit, puis se pencha au-dessus du lit ; Raquel lui posa les doigts au bord de la grosseur. Il la palpa et hocha la tête.
     
    Les mains bien assurées de Raquel crevèrent l’abcès, puis essuyèrent l’écoulement des matières infectées. Elle lava la blessure avec du vin, ajouta quelques feuilles et herbes séchées à l’emplâtre de la vieille religieuse et mit le tout en place.
    — Comment vous sentez-vous à présent, madame ? demanda Isaac.
    Ivre d’épuisement ainsi que d’une combinaison de vin fort et de puissants opiats, dame Isabel ne répondit pas. Pour la première fois depuis plusieurs jours, elle dormait profondément.
     
    Isaac ramassa son bâton et traversa la chambre de la malade. Avant qu’il atteignît cette porte qu’il ne connaissait pas, Sor Agnete la lui ouvrit et lui souhaita amicalement bonne nuit. Dans le couloir, une main forte se referma sur la sienne, et une voix familière l’interpella :
    — Maître Isaac, mon vieil ami ! Je vous suis reconnaissant de l’attention que vous avez bien voulu porter à ma nièce. Comment va-t-elle ?
    — Elle dort, monseigneur Berenguer. Raquel va rester prendre soin d’elle. Je ne tenterai pas le Ciel en disant qu’elle est hors de danger, mais je ne pense pas que le Seigneur soit prêt à la prendre. Je reviendrai au matin pour voir quels progrès elle a faits. Raquel m’enverra chercher si l’on a besoin de moi avant cela.
    — Allons, dit l’évêque de Gérone, voilà de bonnes nouvelles. Marchons un peu.
    Comme ils descendaient l’escalier, une voix de soprano retentit et résonna dans les couloirs déserts. Elle fut bientôt rejointe par deux ou trois autres, dont les sonorités plus graves soutenaient le chant plaintif. Isaac s’arrêta.
    — Ce sont les sœurs, dit Berenguer, tirées de leurs lits pour chanter laudes. Une pénitence que subissent certaines, murmura-t-il en esquissant un rire, pour posséder une meilleure voix que la multitude.
    — Un petit prix pour une telle beauté. Dame Isabel est votre nièce, Votre Excellence ? Je ne vous ai jamais entendu parler d’elle,

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