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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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me semble-t-il.
    — Il y a des raisons à cela, mon ami. Et pour que les choses soient bien claires, elle est effectivement ma nièce, la fille de ma sœur, pas une erreur de jeunesse, dit l’évêque alors qu’ils attendaient que Sor Marta leur ouvre la porte du couvent. Née en une époque fortunée, il y a dix-sept ans de cela. Une fille modeste quoique courageuse, dotée d’un esprit vif et d’une langue acérée. Je l’aime beaucoup.
    Il s’arrêta un instant de marcher pour qu’ils puissent descendre ensemble les marches.
    — Depuis la mort de sa mère, je suis son tuteur. Je l’ai placée en un endroit où je peux surveiller son éducation.
    Une silhouette passa près d’Isaac, laissant derrière elle une senteur lourde de musc et de jasmin mêlée de peur animale. Des pas féminins, nerveux, précipités, se perdirent dans le tohu-bohu de la cour où attendait l’escorte de l’évêque. Les chevaux piétinaient et piaffaient d’impatience. La senteur du parfum de la femme fut engloutie par les odeurs de la nuit : chevaux, torches qui brûlent, sueur des hommes. Une remarque amusée vint aux lèvres d’Isaac, mais n’alla pas plus loin : cela ne le regardait en rien si une religieuse donnait nuitamment ses rendez-vous.
    — La nuit est sombre ? demanda-t-il à l’évêque.
    — Comme les abysses infernaux, répondit Berenguer qui, d’excellente humeur, abattit sa main sur l’épaule de son ami. La lune est basse et les étoiles semblent avoir disparu avec elle. C’est vous qui devrez me conduire par les rues.
    L’évêque fit signe à ses gardes de le suivre à distance, et les deux hommes partirent à pied sur la route qui longeait la rivière Galligants et les conduirait jusqu’à la porte nord de la ville.
     
    La religieuse apeurée échappa à la foule devant la porte principale du couvent. Elle ajusta son voile pour dissimuler son visage blême et sa guimpe de lin blanc, puis elle se plaqua au mur derrière elle. Du bout de ses doigts tremblants, elle palpa la muraille, scrutant la nuit, jusqu’à ce qu’elle arrive dans un endroit découvert, entre prairie et rivière. La distance du couvent au pont censé la conduire aux bains lui paraissait infinie ; elle se sentait aussi visible qu’un chat noir sur un champ de neige. En titubant, elle parvint à la porte et tomba dans les bras de Romeu. Il plaqua la main sur sa bouche pour étouffer son cri et l’attira à l’intérieur de la bâtisse.
    — Où est-elle ? murmura-t-il d’un air déterminé.
    — Je n’ai pu m’approcher d’elle. Elle est malade… mourante. On dit qu’il n’y a plus d’espoir. Je ne pouvais quand même pas…
    Elle éclata en sanglots.
    — Votre amie et vous-même auriez pu la porter.
    — Elle repose à l’infirmerie, avec le médecin et toute une cohorte de nonnes. Vous avez l’enfant ?
    — Sa nourrice nous l’amène. À la porte est.
    — Comment avez-vous réussi à la convaincre de faire une chose pareille ? demanda-t-elle, surprise.
    — On lui a dit que c’était un ordre de Sa Majesté. Nous avons besoin d’elle. Nous ne voulons pas nous encombrer d’un bébé braillard, n’est-ce pas ?
    — Je vous en prie, oubliez ce projet, dit-elle d’une voix tendue. C’est trop dangereux. Nous ne réussirons pas.
    — Trop tard. La nourrice sera à la porte au soleil levant. Et trois autres personnes sont impliquées. Ce serait trop dangereux si l’on faisait volte-face.
    Il balaya le problème du revers de la main.
    — Vous ne saviez pas que dame Isabel se mourait avant cela ? ajouta-t-il avec véhémence.
    Il y eut un silence. Un long silence. Il la secoua, et elle parla à nouveau :
    — J’emmènerai l’enfant et je me rendrai auprès de Sa Majesté la reine pour lui dire que j’ai entendu des rumeurs de complot, que je craignais pour la vie du prince et que, pour cela, je l’ai ramené auprès d’elle. Elle me pardonnera. Elle s’emporte facilement, mais pardonne tout aussi vite.
    — Non seulement vous êtes incompétente, mais vous êtes aussi stupide, dit-il. Et quand on vous demandera qui vous a aidée, que répondrez-vous ?
    — Je ne vous trahirai jamais. Jamais.
    — Heureusement pour moi, dit-il avec froideur, vous n’en aurez pas l’occasion.
    — Comment osez-vous me parler de la sorte ? dit la femme en se drapant dans son rang et sa dignité.
    — Je l’ose parce que je le dois si tous deux nous voulons survivre. Soyez raisonnable,

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