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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’évêque.
    —  Tibi Christi, dit Berenguer d’un air absent. Une hymne pour la fête de saint Michel.
    — Quand est-ce ?
    — Pas avant le 29 septembre. Ils sont plutôt en avance pour la célébration, Yusuf, mon petit ami.
    — Qu’ont-ils l’intention de faire ? demanda le vicaire, penché derrière Berenguer pour entrevoir ce qui se passait.
    — Envahir le palais et nous tuer tous, dit calmement l’évêque. La foule est déjà à nos portes, certainement. Ce rassemblement sur les marches n’est qu’une diversion. Ils veulent nous faire croire qu’ils vont s’en prendre au portail latéral de la cathédrale. Mais ne t’inquiète pas, jeune Yusuf, ajouta-t-il. La porte est épaisse, barrée et verrouillée.
    Il regarda une fois encore par la fenêtre.
    — Cela m’irrite de devoir demeurer ici sans rien pouvoir faire, mais Sa Majesté a insisté pour qu’il en soit ainsi.
     
    Au rez-de-chaussée, un drame silencieux se jouait devant un public tout aussi silencieux. Chaque fois que la lune se cachait derrière la masse de nuages, les gardes de nuit qui entouraient le palais se rapprochaient un peu plus. À l’intérieur, quatre officiers en armes étaient en faction à chaque entrée, prêts à l’attaque. Trois jeunes prêtres, arrêtés alors qu’ils cherchaient à ouvrir les portes aux envahisseurs, avaient été jetés dans une cellule.
    Sur la place, les chants et le battement des tambours se poursuivaient. Les nuages obscurcissaient le ciel, l’air se faisait lourd et menaçant. Les gardes virent un homme de haute taille, porteur d’une chape blanche et coiffé d’une mitre d’évêque, se frayer un chemin parmi la foule et monter les marches menant au portail sud de la cathédrale. Il tournait le dos à ceux qui le suivaient et suppliait le ciel, les deux bras levés. Une saute de vent écarta les nuages de la face de la lune, qui illumina la silhouette du Glaive dans ses splendides ornements. Un grondement sourd parcourut la masse des participants. Puis l’astre de la nuit disparut derrière un autre nuage, ne laissant plus derrière lui que l’obscurité ponctuée de la lueur des torches.
    — Francesc, regardez cela, dit Berenguer. Par le bon saint Michel, c’est ma chape que ce perfide bâtard porte là ! Comment se l’est-il procurée ?
    Le vicaire regarda par la fenêtre :
    — Je crois qu’elle a été apportée à la blanchisserie. Je vais chercher à savoir qui a pris cette décision, dit-il.
    — Je veux parler à cette blanchisseuse, dit Berenguer d’un air sombre. Elle prend bien des libertés avec mes habits.
     
    Plusieurs minutes s’écoulèrent. Du point de vue surélevé qui était le leur, les gardes du palais virent d’autres silhouettes accourir de toutes parts et pénétrer sur la place.
    — Regardez-moi ça, dit le vicaire, quelque peu amusé. Même en pleine insurrection, il y en a qui ne cherchent que le profit.
    Il désigna un personnage qui portait une grosse jarre.
    — Il doit vendre du vin.
    L’homme à la jarre se rapprochait le plus rapidement possible de l’endroit où se tenait le Glaive, les bras toujours tendus vers le ciel. D’autres silhouettes sombres firent leur apparition dans la foule. Le tonnerre grondait dans les collines proches de la ville et le Glaive abaissa brusquement les mains. Sur sa droite, on entendit la réverbération du bruit que fait une arme venant frapper le bord d’un bouclier.
    L’homme à la jarre se rapprocha comme pour offrir du vin au meneur. Les porteurs de torches s’avancèrent vers leur chef, et la jarre fut posée à terre. Le Glaive s’acharna à tirer son fer, empêtré qu’il était par les plis épais de la chape de l’évêque.
    — Il est bien pitoyable pour quelqu’un qui se fait appeler le Glaive de Michel, dit sèchement l’évêque. Il aurait dû s’entraîner.
    — Excellence, vous pensez que c’est lui, le Glaive ? demanda le vicaire.
    — Sans aucun doute. Il a endossé ma chape aux bains, rappelez-vous.
    Enfin, le personnage monté sur les marches brandit une lourde épée de combat au-dessus de sa tête. Puis il se tourna vers le palais.
    Il se retrouva en face du roi qui, à la tête d’une troupe de cavaliers, s’apprêtait à fondre sur la foule. Comme Don Pedro levait son épée pour donner le signal de l’attaque, un cri de panique s’éleva dans la foule. Le contingent mené par Don Arnau attaquait par-derrière. Le Glaive s’arrêta, incertain,

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