Le glaive de l'archange
se terrer non loin d’ici.
— C’est possible, mais peut-être est-il tout de même allé trouver l’évêque.
— Rentrons à la maison, papa, dit Raquel.
— Il y a trop à faire avant cela. Je dois voir Berenguer. Donne-moi ta main, ami Johan.
Prenant appui sur la grosse main du gardien des bains, il se releva et chancela.
Johan l’attrapa par la taille.
— Je vais le conduire au palais, maîtresse.
— Pas sans moi, répondit Raquel, les yeux tournés vers l’obscurité.
Dans une chambre du palais, l’infant s’agita dans son lit et prononça quelques mots. Rebecca s’éveilla en sursaut et jeta un châle sur ses épaules avant d’aller le voir. Il secouait la tête en tous sens et poussait des cris de terreur. Rebecca le serra dans ses bras.
— Là, là, murmura-t-elle. Tout va bien, mon chéri. Vous êtes en sécurité.
— Il me courait après, dit Johan, les yeux écarquillés. Et moi, je ne pouvais pas courir.
— Personne ne vous poursuivra ici, dit Rebecca en épongeant son front d’un carré de lin. Il y a deux hommes très forts, les soldats de votre papa, derrière cette porte. Vous ne craignez rien. Vous voulez un peu plus de lumière ?
Rebecca le reposa dans son lit et alluma une chandelle à celle qui brûlait accrochée au mur. Elle la posa à l’autre bout de la chambre afin de chasser toutes les ombres.
— Je veux voir les soldats, Becca, demanda le petit prince.
Elle approcha un doigt de ses lèvres pour l’inviter à faire silence. Johan la prit par la main et, ensemble, ils traversèrent la pièce à pas de loup. Rebecca souleva le prince dans ses bras, ouvrit la porte, et tous deux regardèrent dans le couloir. Il était vide, à l’exception d’un homme couché à terre, endormi.
Furieuse, elle déposa le prince derrière elle et secoua vigoureusement le soldat par l’épaule. Il s’agita et lui souffla au visage des vapeurs d’alcool.
— Ivrogne ! s’écria-t-elle. À la garde !
Des pas retentirent dans un petit escalier. Deux hommes bien réveillés, alertes et armés, firent leur apparition. Rebecca leur montra leur compagnon.
— Il ne pourra pas grand-chose si l’on a des ennuis, non ?
Ils la regardèrent avant de se tourner vers l’héritier du trône qui les dévisageait.
— Voilà vos soldats, Johan, dit Rebecca d’une voix douce. Ils s’occuperont bien de nous. N’est-ce pas ?
— Oui, Votre Altesse. Oui, maîtresse, dit le capitaine de la garde.
Rebecca prit une fois encore l’infant dans ses bras.
— Bonsoir à vous, dit-elle avant de regagner la chambre.
— Toi, dit rapidement le capitaine, va chercher Ferran. Vous monterez tous deux la garde devant cette porte. Je reste là en attendant. Personne ne doit entrer hormis Sa Majesté. C’est compris ?
— Oui, mon capitaine.
— Et si la reine de Saba en personne arrive en chemise et vous offre du vin, n’y touchez pas, c’est compris ? Rien de plus fort que de l’eau, et personne hormis le roi. Pas même moi. Je m’occuperai de celui-ci et de son compagnon, où qu’il soit, dès votre retour. Hâte-toi !
Isaac et Johan traversèrent lentement la place des Apôtres en direction du palais épiscopal, suivis de Raquel, plus que nerveuse. Des nuages dansaient à la surface de la lune, les plongeant dans le noir puis leur montrant la voie à suivre l’instant d’après.
Johan s’arrêta au bas des marches, intimidé par le tumulte du banquet.
— Je n’ai rien à faire ici, maître Isaac, bégaya-t-il.
— Si, Johan, tu as toutes les raisons de te trouver ici, lui répondit Isaac. Tu as vu l’homme qui se fait appeler le Glaive. Raquel, elle aussi, l’a vu. Moi, pas.
Au son de sa voix, une petite silhouette jaillit de l’ombre d’un porche.
— Seigneur, s’écria Yusuf, le démon ne vous a pas tué !
Il le prit par la main et éclata en sanglots.
— Comme tu peux le constater. Que fais-tu donc ici, Yusuf, mon petit ami ? Tu n’as pas porté mon message à l’évêque ?
— Ils n’ont pas voulu me laisser entrer. J’attendais que le garde tourne la tête.
— Eh bien, allons voir si nous avons plus de chance que toi.
— Maître Isaac ! s’exclama Berenguer. Mais vous êtes blessé ! Je vais appeler…
— Ce n’est pas le moment, l’interrompit Isaac. Nous avons beaucoup de choses à vous dire qui ne peuvent attendre. Nous arrivons tout droit des bains maures…
Isaac raconta son histoire tandis
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