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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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appartements où étaient logés les hôtes de marque.
    L’homme en armes se mouvait avec l’assurance de celui qui sait où il va et la certitude absolue de celui qui a le droit de se trouver là. Il reconnut le capitaine en faction devant la porte de l’infant Johan : ils avaient lutté côte à côte à Valence et emprunté bien souvent les mêmes routes au service du roi. Il lui adressa un signe de tête et tendit la main pour ouvrir la porte. Le capitaine s’avança et s’interposa entre la porte et l’homme en noir.
    — Mes plus profondes excuses, monseigneur, dit-il, mais les instructions de Sa Majesté sont on ne peut plus claires. Je pensais que vous les aviez entendues, ajouta-t-il sur le ton du reproche. Personne, pas même vous ou Son Excellence l’évêque, ne peut pénétrer dans la chambre du prince et de sa nourrice.
    — Pardonnez-moi, répliqua cordialement l’homme en noir. J’avais oublié. Je dois porter un message à la nourrice, mais cela attendra.
    Sur ce, et sans le moindre avertissement, il plongea dans la poitrine du capitaine la dague qu’il dissimulait sous sa cape. Elle remonta le long des côtes et toucha le cœur.
    — Je suis navré, capitaine, dit-il avec de sincères regrets dans la voix. Vous n’étiez pas censé vous trouver ici.
    Il ôta sa dague de la poitrine du capitaine et laissa le corps tomber à terre. Il essuya le sang sur la cape de l’homme qu’il venait de tuer et remit la dague au fourreau. Sa main venait à peine d’effleurer la poignée de la porte que des bruits de pas précipités lui firent relever la tête. Deux gardes apparurent. Ils découvrirent leur capitaine à terre et se mirent à courir.
    L’homme en noir se tourna dans l’autre direction et se fondit dans l’ombre. Le temps que les gardes comprennent ce qui s’était passé et se lancent à sa poursuite, il avait disparu dans les parties les plus reculées du bâtiment. Cet incident prit moins de temps qu’il n’en aurait fallu à un homme d’aptitude moyenne à traverser le couloir de bout en bout.
     
    Située entre la cathédrale et le palais épiscopal, la place des Apôtres était vide et silencieuse. La lune l’éclairait, mais quelques nuages voilaient sa face et donnaient d’elle une image un peu floue. Une lampe brûlait sur l’autel de la cathédrale, tel un fanal dans les ténèbres. Le festin était terminé au palais ecclésiastique ; le bâtiment était maintenant sombre et les volets fermés. Depuis les marches qui conduisaient au portail ouest de la cathédrale, des silhouettes se dirigèrent vers la place, laquelle fut bientôt pleine de monde : les quarante ou cinquante âmes qui se trouvaient dans l’établissement de bains étaient accompagnées d’une cinquantaine d’âmes supplémentaires. La place était emplie du son de cette foule silencieuse – respirations, bruissements d’étoffes, halètements – qui se rassemblait devant le côté sud de la cathédrale. À l’arrière de la foule, deux torches apparurent. Presque aussitôt, le feu passa d’une torche à l’autre jusqu’à ce que l’éclat rivalisât avec celui du jour. Une file de porteurs de torches traversa la foule et les flammes éclairèrent les cagoules des individus qui se trouvaient le plus près de la cathédrale.
    Dans le silence, une voix de ténor d’une grande beauté entonna les premiers vers de l’hymne Tibi Christi, splendor patris. Quelques voix se joignirent à elle. L’hymne vénérable enfla dans le calme de la nuit ; peu à peu, le battement régulier mais voilé d’un, puis de six et enfin de vingt tambours reprit le rythme au point de couvrir les voix.
     
    La nouvelle de la mort du capitaine se répandit dans le palais avec l’urgence d’un appel aux armes, et ceux qui ne pouvaient ou ne devaient pas se battre avaient été hâtivement convoqués dans le cabinet de l’évêque.
    — Sa Majesté me dit que la vivacité d’esprit de votre fille a sauvé la vie du prince, dit Berenguer. Ils sont mieux gardés à présent.
    Tout en parlant, il s’approcha d’une fenêtre entrouverte pour assister au drame qui se déroulait sur la place.
    — Merci, Votre Excellence, dit Isaac, un peu las.
    — Que chantent-ils, Votre Excellence ? demanda Yusuf d’une petite voix.
    Il était assis sur un coussin à côté de la chaise d’Isaac, tout près de Raquel. Le gros Johan se trouvait aux cuisines, où on le calmait et le récompensait avec le bon vin de

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