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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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je me suis rendu sur la place quand j’ai entendu les tambours.
    — C’est bien son nom ? demanda l’officier.
    — Oh, oui, fit Yusuf. Et il ne se trouvait pas à la réunion.
    C’est ainsi que Yusuf sépara l’ivraie – ceux qui participaient à la réunion – du bon grain – ceux qui n’étaient arrivés que bien après. Il ne restait plus que trois hommes quand Yusuf tira délicatement sur la manche du jeune officier.
    — Il ment, dit-il en désignant l’homme qui, sourire aux lèvres mais sueur au front, affrontait le scribe. Il s’appelle Sanch et il est membre du Conseil.
    — Excellent, mon garçon. Et les deux derniers ?
    — Celui-ci, c’est Martin. Il appartient aussi au Conseil. Mais l’autre n’est pas venu aux bains.
    — Il est temps que tu retrouves ton lit, mon garçon. Tiens, voilà pour toi.
    L’officier lui tendit une pièce et alla s’occuper de Sanch.
    Yusuf s’inclina et s’en alla. Il lança la pièce à un mendiant tapi sous le porche et prit la direction de la maison du médecin.
     
    Seul Sanch le valet d’écurie et Martin le relieur avaient été capturés. Les deux hommes qui avaient pris la parole et Raimunt le scribe avaient disparu. Pendant le restant de la nuit, Martin jura ses grands dieux que le Glaive était une confrérie d’habiles artisans désireux d’améliorer leur sort et affichant une dévotion toute particulière envers saint Michel.
    Il refusait d’en dire davantage.
    Sanch, le valet d’écurie, en aurait dit plus – bien plus, même – s’il l’avait pu. Il leur raconta tout ce qu’il savait, outre quelques fantaisies de son invention, mais il n’avait pas la moindre idée de l’identité des deux étrangers.
    — Ils ne nous l’ont jamais dit. En tout cas, ils n’étaient pas le Glaive, expliqua-t-il. Nous étions le Glaive. Le Glaive est un groupement.
    — Quel est l’homme qui a parlé en dernier lors de la réunion ?
    — En dernier ? répéta Sanch.
    — Oui. Celui qui a empêché que l’on ne frappe le médecin.
    Sanch le contemplait comme s’il avait vu un spectre.
    — Vous étiez là ? chuchota-t-il.
    L’officier se contenta de sourire.
    — Je ne sais pas qui c’était, dit Sanch dont la voix commençait à se transformer en piaillement. Vous parlez de l’homme de grande taille, celui qui ressemblait à un seigneur ? Brun, maigre ? Celui qui boitait ? ajouta-t-il comme si cette accumulation de détails pouvait témoigner de la pureté de son cœur. Peut-être que Raimunt le sait. C’est un scribe, un érudit. Mais je ne le vois pas ici, ajouta-t-il non sans malice.
    Une voix retentit derrière l’officier :
    — Dis-moi, Sanch le valet d’écurie, quel était l’objectif de votre confrérie.
    Et Don Eleazar reprit l’interrogatoire, assisté de son scribe.
    Quand l’officier s’en alla voir ses hommes – sans regret, car ce genre de besogne n’était pas de son goût –, l’interrogatoire n’était plus que chuchotements : les noms et les mots qu’il entendit en partant le firent frissonner.
     
    Le corps du Glaive avait été déposé dans une cave, entouré de bougies. Des fragments noircis jonchaient le sol à côté de lui.
    — Qu’est-ce que cela ? demanda Berenguer.
    — De l’argile, dit un soldat. Des morceaux d’une jarre – une jarre à huile, probablement, Votre Excellence. Il y en avait partout autour du corps. Et même dans sa chair. Je me suis dit que c’était peut-être important.
    — C’est fort possible, répondit l’évêque en ramassant un fragment. Je crois bien avoir vu cette jarre auprès de cet homme.
    Il sentit le morceau qu’il tenait à la main.
    — Cela pue comme l’enfer !
    — Cela sent la poudre à tonnerre que les Maures d’Algésiras utilisaient pour nous envoyer des boulettes de fer, fit observer le soldat. Tout homme blessé par cela mourait dans les sept jours, Votre Excellence. J’y étais. Et je n’ai vu rien de tel avant cette nuit.
    — Savons-nous de qui il s’agit ? demanda Berenguer.
    — Son visage est trop abîmé pour cela, Votre Excellence.
     
    Des mains puissantes aidèrent l’abbesse Elicsenda, dame Isabel et Raquel à descendre des palefrois qui étaient allés les chercher au couvent. La matinée touchait à sa fin ; les curieux étaient tous réunis dans la cathédrale, et la place était quasiment déserte. À l’exception d’une tache noire sur les marches du portail sud, l’orage avait lavé

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