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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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toute trace de la violence et de la confusion de la nuit. La paix et le soleil régnaient à présent. Néanmoins, les officiers qui les avaient escortées jusqu’en ville les confièrent aux fantassins de la garde : c’est ainsi qu’elles traversèrent la place et pénétrèrent dans le palais, entourées de huit robustes gaillards et d’un officier. Mieux valait prendre toutes les précautions.
     
    Après quelques heures de sommeil agité, Raquel était revenue au couvent. Au beau milieu d’un déjeuner tardif que ni dame Isabel ni elle ne pouvaient avaler, une convocation au palais épiscopal leur était arrivée – sans raison, sans excuse, sans explication.
    — Que nous veulent-ils encore ? demanda nerveusement Raquel.
    — Qui peut le dire ? Un autre innocent va peut-être être condamné pour haute trahison, fit Isabel avec amertume. En rapport avec les événements de cette nuit.
    L’abbesse les attendait près de la porte principale, le visage tendu. Quand elles arrivèrent sur la place, l’estomac de Raquel se tordait sous l’effet de la peur et de la curiosité. Blanche comme un linge, les yeux cernés, dame Isabel marchait vers la demeure de son oncle avec la ferme résolution d’une martyre qui entre dans une arène pleine de lions affamés. Raquel releva ses jupes et la suivit bravement.
    Raquel frissonna quand elle quitta le porche ensoleillé pour entrer dans la salle. Sombre et glaciale, elle était pleine de meubles finement ouvragés. En profonde conversation, le père et l’oncle d’Isabel étaient assis au bout de la pièce. Le secrétaire du roi se tenait sur sa droite et mettait de l’ordre dans des piles de documents. À côté de lui, un scribe attendait, muni d’une plume, d’encre et de papier. Plusieurs beaux sièges étaient inoccupés.
    Un serviteur d’allure vaguement cléricale conduisit l’abbesse Elicsenda vers un banc, devant une grande tapisserie représentant la chute de Jérusalem. Raquel attendit, incertaine. Isabel posa la main sur son bras, puis s’avança jusqu’à se trouver devant son père. Elle tomba à genoux et chercha à parler, mais les larmes coulaient sur ses joues et sa voix était brisée.
    — Votre Majesté, murmura-t-elle. Papa, je…
    — Venez, ma chérie. Relevez-vous, lui dit doucement son père. Prenez place ici, à côté de moi. Votre oncle va vous donner sa place pour quelques instants, n’est-ce pas ? Nous sommes tous amis ici.
    — Merci, papa, fit-elle en se levant pour s’installer sur le siège que son oncle s’était empressé de quitter.
    — Maintenant, ma fille, dit Don Pedro en lui tapotant la main d’un air rassurant, racontez-moi une fois encore ce qui s’est passé entre le moment où vous vous êtes réveillée – dans une écurie, n’est-ce pas ? – et celui où nos soldats vous ont retrouvée. N’omettez pas le moindre détail. Vous avez amené avec vous l’abbesse et votre admirable médecin, à ce que je vois.
    Il leva la main et le serviteur poussa presque Raquel. Muette de nervosité, elle fit une profonde révérence.
    — Excellent. Venez ici, près d’Isabel. J’aurai également des questions à vous poser. Venez, mon enfant. Parlez assez fort pour que le scribe vous entende.
    Isabel commença par la description du premier étage de l’écurie.
    — Combien d’hommes y avait-il ? dit le roi en se tournant vers Raquel.
    — Quatre, Votre Majesté, fit Raquel avec une autre révérence. Le propriétaire des lieux, celui qui se faisait passer pour un gentilhomme – Romeu – et deux acolytes.
    — Merci. Poursuivez.
    Isabel continua jusqu’à en avoir la voix rauque. Elle était de plus en plus pâle. On envoya chercher du vin et une décoction de menthe. Elle en but un peu et reprit son récit. Parfois, le roi l’interrompait et demandait des détails à Raquel.
    Don Eleazar consulta ses documents et chuchota à l’oreille du roi. Celui-ci acquiesça.
    — Pourquoi étiez-vous certaine que le complot destiné à vous enlever était l’œuvre de Montbui ? demanda-t-il à sa fille.
    Le rouge monta aux joues d’Isabel. Ses doigts se crispèrent et elle se racla la gorge.
    — Quelqu’un m’a approchée au couvent, il n’y a pas si longtemps, au nom de Don Perico, sire, dit-elle d’une petite voix.
    L’abbesse Elicsenda pâlit et Berenguer fronça les sourcils.
    — Qui donc vous a approchée ? demanda calmement Don Pedro.
    — Une religieuse qui séjournait chez

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