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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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le gobelet. Nous aimerions revenir à Gérone.
    — Il y a une auberge tout près, dit-il. Je voulais y passer la nuit dernière.
    — Nous l’avons vue il y a moins d’une heure, dit Raquel.
    Elle fouilla dans son panier et prit un morceau d’étoffe de lin.
    — Si vous voulez me confier votre bras, Don Tomas, je soignerai votre blessure.
    Tomas tendit donc le bras. Raquel défit sa manche et banda proprement la coupure peu profonde qu’il avait reçue à l’avant-bras.
    — Merci, maîtresse, dit-il. Si je puis me permettre… Quand dame Isabel et vous serez prêtes à reprendre la route, je pourrai vous escorter jusqu’à l’auberge avant de me rendre à Gérone pour faire savoir à vos amis que vous êtes saines et sauves. Je reviendrai aux premières lueurs pour vous escorter jusqu’au couvent.
    — Merci, Don Tomas.
    La voix de dame Isabel était si faible qu’il dut s’approcher pour capter ses paroles.
    — Vous êtes bien aimable.
    Tomas rougit et recula.
    — Mais d’abord, je dois retrouver ma jument – près de la rivière – et récupérer le cheval de Romeu, qui est en fait mon cheval, parce que le mien est à Barcelone avec une jambe blessée, c’est pourquoi, puisque Romeu a pris Castanya, j’ai été obligé de chevaucher cette pauvre bête…
    Isabel sourit et Raquel se mit à rire.
    — Est-ce que je vous amuse, madame ? fit Tomas, quelque peu offensé.
    — Oui, Don Tomas, dit Raquel. Et je vous en suis reconnaissante. Nous avons vécu un si étrange cauchemar depuis hier que vous entendre parler chevaux avec tant de passion et tant de lucidité est un délice. Vous n’avez pas l’habitude de parler aux femmes, n’est-ce pas ?
    — Mais je suis secrétaire de Sa Majesté, Doña Eleanor, rétorqua-t-il, comme si cela répondait à sa question.
    — Je vous en prie, prenez Castanya et allez chercher votre jument, que nous puissions quitter cet horrible endroit, dit Raquel.

CHAPITRE X
     
    Isaac sentit qu’on lui effleurait le bras et il s’éveilla.
    — Seigneur, dit doucement Yusuf. Il est plus de midi et la maîtresse vous demande. Je vous ai apporté à manger.
    Son maître posa les pieds à terre et se redressa. Il était incroyablement las et sa tête était en proie aux vertiges.
    — Je ne mangerai pas. Pas encore. Donne-moi seulement un peu d’eau.
    — Voilà, seigneur, fit le garçon en posant le gobelet dans sa main.
    — Écoute, mon enfant. Tu vas aller trouver ta maîtresse et lui dire…
    — Quoi, seigneur ?
    — Pas la vérité, lâcha Isaac d’un ton désabusé. La vérité est que je ne puis me résoudre à lui parler. La vérité est que, bien que je sois entouré de livres pleins de sagesse, ils ne me sont d’aucun usage parce que Raquel n’est plus là. Dis-lui que j’ai besoin de solitude pour réfléchir et que je vais partir dans les champs. Ensuite, prends-toi à manger, et nous nous en irons.
    Isaac se lava à l’eau froide et passa des vêtements propres.
    — Nous allons franchir la rivière, dit-il. Mais lentement, car mes membres sont raides et endoloris, ce matin.
    Sur ce, ils prirent calmement la direction du pont.
    La rivière était encore turbulente de l’orage du matin, mais le ciel était clair et une brise tempérait la chaleur du soleil.
    — Où allons-nous, seigneur ? demanda Yusuf. Nous avons passé le pont.
    — À la rencontre d’un homme qui désire depuis longtemps me parler.
    — Oui, seigneur, fit Yusuf d’une voix pleine de doute.
    — Quelque part, non loin d’ici, expliqua Isaac, se dresse un grand arbre feuillu sous lequel un homme peut s’asseoir en paix et être vu de toutes parts.
    — Dans le pré, oui, derrière l’église.
    — Emmène-moi là, mon garçon. Je m’assiérai sous cet arbre et réfléchirai aux choses auxquelles il convient de réfléchir.
    En silence, Yusuf conduisit son maître dans le pré.
    — Tu peux me laisser, à présent.
    Isaac s’adossa à l’arbre et fit signe à l’enfant de s’en aller. Il posa les mains sur ses cuisses et respira bien à fond à plusieurs reprises.
    — Mais, seigneur, demanda Yusuf, où dois-je aller ?
    — Va au marché y chercher des réponses, dit Isaac d’une voix un peu ensommeillée.
    — À quelles questions, seigneur ?
    — Si tu ne peux trouver les réponses, commence par chercher les questions, répliqua Isaac avec impatience. Quand tu les auras trouvées, viens me prendre ici. Si je suis parti, rentre à la

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