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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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cheval attaché recula, paniqué devant cette attaque venue d’en haut. Raquel ramassa la planche, en posa une extrémité à terre, mit son pied élégant au milieu et sauta. Le bois se cassa en deux.
    Sans lâcher la planche cassée, Raquel regarda à nouveau par l’espace qu’elle avait créé. Sous elle, le cheval ruait et bottait tandis qu’un petit homme apeuré levait la tête pour la regarder. Elle s’agenouilla et agita le morceau de bois dans le trou.
    — Ouvrez la trappe et apportez-nous de l’eau, bande de crapules, ou je vous envoie ceci sur la tête ! lança-t-elle, assez satisfaite d’elle-même. La planche suivante sera pour vos bêtes, ensuite…
    — Elle va saccager mon écurie ! cria une voix plus préoccupée par les dégâts qu’elle risquait de provoquer que par l’imminence de son attaque. Elle est plus forte qu’un homme, je te dis !
    — Oui, et je vais continuer à la détruire, dit Raquel, ivre de rage. Je vais la mettre en pièces, et je vais jeter un sort sur ton bétail et tes poules. Tu devras attendre longtemps avant d’avoir un œuf ou un veau. Apporte-nous de l’eau ou tu le regretteras jusqu’à la fin de tes jours !
    — Pour l’amour de Dieu, faites quelque chose !
    C’était une nouvelle voix, qui paraissait à la fois éduquée et irritée. Avec curiosité, Raquel se pencha jusqu’à voir un homme élégamment vêtu qui se tenait sur le pas de la porte. Il lui lança un sourire insolent.
    — Apportez-leur de l’eau ainsi que tout ce qu’elles demanderont ! Nous ne voulons pas que la fille meure, n’est-ce pas ?
    Raquel remonta lentement la planche vermoulue.
     
    — Pouvez-vous vraiment leur jeter un sort qui empêche leurs poules de pondre ? demanda dame Isabel dès qu’on leur eut porté de l’eau, du lait frais, du pain et même un pot plein d’eau bouillante où Raquel ajouta quelques herbes de son panier.
    — Non, madame, dit sobrement Raquel.
    C’était une chose que de terrifier des paysans ignorants, mais l’homme au sourire narquois l’avait terrifiée.
    — Je ne saurais même pas comment commencer, mais j’étais si furieuse que j’ai dit les premières choses qui me passaient par la tête.
    — Vous êtes très intelligente.
    — Je ne sais pas si cela a été très intelligent, répondit Raquel, mais cela les a au moins contraints à nous apporter à manger et à boire. Qui sont-ils, madame ? Le savez-vous ?
    Dame Isabel secoua mollement la tête :
    — Des ennemis de mon père, murmura-t-elle. Ou les vassaux d’un seigneur qui convoite mes terres. Ou les deux. Probablement les deux.
    Elle ferma les yeux comme si elle allait s’endormir.
    — Si je devais épouser un vieux barbon qui en veut à mes terres, je préférerais que ce fût un ami de mon père plutôt que de mon oncle.
    Elle détourna son visage de la lumière et s’assoupit.
     
    Dès les premières lueurs, Tomas remit Blaveta sur la route. À deux collines de la ferme misérable, un orage imprévu les trempa tous deux. Le soleil revint. Tomas marcha jusqu’à ce que la route fût sèche, puis monta sa jument, raide et malheureuse. Ils allèrent à pas lents, puis le bruit d’un ruisseau gonflé par la pluie leur rappela à tous deux qu’ils avaient chaud, qu’ils étaient sales et qu’ils avaient soif. L’homme et la jument descendirent vers la petite prairie qui bordait le cours d’eau. Tomas se dit que son rendez-vous était passé depuis près d’une journée et qu’une heure de plus n’aurait aucune importance : aussi rinça-t-il sa chemise trempée de sueur et de pluie, la fit sécher à la branche d’un arbre, se lava vigoureusement, s’étendit dans l’herbe tendre et termina le pain de son souper.
    Il était compréhensible, et même pardonnable, que Tomas s’assoupît. Il avait mal dormi la nuit précédente, l’épée à la main, conscient de la cupidité de son hôte et de son couteau aiguisé. Les broussailles qui poussaient entre la route et le ruisseau les dissimulaient aux voyageurs ; le soleil, bien qu’encore bas, lui réchauffait le visage. Blaveta paissait tranquillement et l’eau chantait à son oreille.
    Il s’éveilla, le visage inondé par le soleil de midi et les oreilles pleines de bruits de sabots. Blaveta somnolait sous un arbre. Tomas roula sur le ventre pour voir l’étrange procession.
    Elle était conduite par un individu revêche aux vêtements grossiers qui montait un cheval trop bon pour lui

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