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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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maison.
    — Permettez-moi de vous apporter à boire et à manger, seigneur.
    — Non. Maintenant, laisse-moi.
    Yusuf obéit mais, avant même d’avoir fait trois pas, il se retourna d’un air décidé :
    — Quelqu’un nous a suivis, dit-il, quelque peu paniqué.
    — Un grand escogriffe, long de jambes, en tenue de soldat ?
    — Oui, seigneur.
    — Surveille-le, Yusuf. Il sent le mal. Et dis-moi si tu le revois.
     
    Tomas de Bellmunt regarda ses troupes – deux dames de bonne éducation et cinq chevaux – et les prit en main avec une précision toute militaire.
    — Je mènerai la paire de gris, expliqua-t-il à Raquel. Pouvez-vous tirer la pauvre Blaveta tout en chevauchant votre propre monture, madame ?
    — Certainement. Du moins, je le pense, Don Tomas. Je n’avais jamais monté avant aujourd’hui, reconnut-elle, comme vous le constaterez sûrement. Mais la route de ce matin m’a semblé assez facile.
    — Excellent, dit Tomas d’un air dubitatif alors qu’il l’aidait à monter sur le dos de sa jument.
    Elle arrangea ses jupes autour d’elle, prit les rênes de Blaveta dans une main, celles de la jument baie dans l’autre, et frappa timidement sa monture du talon. La procession s’ébranla.
    — Si j’avais su, je me serais vêtue pour la route avant de tomber endormie, fit-elle remarquer avec un pauvre sourire.
    Malgré tout ce qu’elle avait enduré de désagréable jusqu’ici, Raquel se devait de reconnaître que c’était l’événement le plus excitant de sa vie au fond paisible. Avec un certain sentiment de culpabilité – ses parents devaient être morts d’inquiétude –, elle reconnut également qu’elle appréciait beaucoup cette aventure.
    Hardiment, elle se retourna vers Bellmunt.
    — Comment se fait-il que vous étiez caché près de la rivière quand nous sommes passés ? demanda-t-elle d’un air narquois.
    — Caché, madame ? Je ne me cachais pas ! protesta-t-il. C’est cette pauvre jument que vous tirez derrière vous.
    — La jument se cachait ?
    Il eut un petit rire et leva les yeux au ciel.
    — Bien sûr que non, fit-il. La jument boitait, et j’ai cherché de l’ombre et de l’eau pour qu’elle se repose. Nous avions peu dormi la nuit précédente…
    — En un mot, Don Tomas, vous vouliez faire la sieste au lieu de mener à bien votre mission, quelle qu’elle soit.
    Il pensa à ce que sa mission avait failli être et ne répliqua pas. Il se contenta de hocher la tête, effaré par ce qu’il avait presque fait.
    — Et cette mauvaise nuit, l’avez-vous passée dans cette auberge où vous vous proposez de nous conduire ? demanda Raquel. Ce n’est pas très aimable à vous.
    — Oh non, madame, cette auberge est raisonnablement confortable. La nuit dernière, Blaveta et moi avons été logés dans une écurie par un fermier des plus aimables. Il avait hâte de soulager la pauvre bête en la débarrassant de sa selle, de ma bourse et aussi de moi-même.
    Il repensa à l’incident, étrangement reconnaissant. Sans cette jument blessée et ce sordide coupe-gorge, toute cette aventure ne serait pas arrivée. Il se mit à rire. Pareil à l’écho, un autre rire fusa derrière les rideaux clos de la litière.
     
    L’auberge correspondait exactement à ce que pouvaient en attendre les voyageurs empruntant une route passante : un vin rugueux versé par une main lourde, une nourriture peu variée mais roborative, des lits peu douillets et pas mal de poussière, le tout à un prix exorbitant. Mais tout cela était digne d’un palais comparé aux granges et aux écuries.
    Elle avait un air paisible et accueillant et somnolait au bord de la route sous le chaud soleil estival. Pour l’heure, elle était vide, car les voyageurs de la nuit précédente étaient partis et ceux du jour pas encore arrivés. Rares étaient ceux qui y passaient délibérément plus d’une nuit. Tomas entra reconnaître les lieux. L’aubergiste ronflait dans une alcôve, derrière son comptoir. Le chien de garde ouvrit un œil qu’il referma aussitôt. Tomas l’enjamba et abattit son poing sur la table.
    — Holà, aubergiste ! appela-t-il.
    Les ronflements cessèrent. Tomas fit tinter les pièces d’une bourse. Une paire de bottes heurta le sol et un homme ébouriffé, aux yeux pleins de sommeil, s’avança.
    — Qu’est-ce…
    Il cligna des yeux et détailla le visiteur de pied en cap. Sa voix se fit plus conciliante.
    — Mes excuses, Votre

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