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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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de Dieu, répondit le Glaive. Tout autre regard m’importe peu.
    — C’est très intéressant, dit Isaac, aussi calmement que s’ils débattaient d’un point de logique. Une seule autre personne de ma connaissance sait ce que le Seigneur en personne considère comme juste, bon, pur et vertueux. Comme j’ai de la chance d’approcher deux personnes pourvues d’une telle certitude divine !
    — Et qui est l’autre ? Ton ami l’évêque ?
    — Son Excellence ? Certainement pas. L’évêque est un homme humble, un homme instruit, prêt à admettre que d’autres connaissent plus sûrement que lui la volonté du Seigneur. Non. Cette autre personne, c’est ma femme. Une épouse honnête, chaste, loyale et sincère, mais illettrée et peut-être un peu têtue.
    — Tu te moques de moi, Isaac. Tu es un ennemi étrange et bien peu satisfaisant, ajouta l’étranger avant de pivoter sur ses talons pour s’en aller. Comment puis-je combattre un aveugle, incapable de me résister ? Néanmoins je le ferai, et sa gorge sera tranchée comme celle des autres.
    — Mais pas ici ?
    — Pas ici, pas aujourd’hui. Le moment n’est pas venu.
    Le Glaive repartit à grandes enjambées. Tapi derrière un buisson, Yusuf ne le quittait pas des yeux et tremblait de peur.
     
    L’abbesse Elicsenda réprima un bâillement. Il était hors de question de penser au sommeil, même si cela faisait bien longtemps qu’elle avait vu son lit pour la dernière fois. Elle déambulait lentement dans le petit parloir, sous les yeux de Sor Marta, et se concentrait pour parler aussi précisément que possible à l’évêque.
    — Depuis les vêpres d’hier, je passe mon temps à prier et à parler à chaque occupante de cette demeure, l’une après l’autre. J’ai découvert bien des choses intéressantes en ce qui concerne mon couvent. Certaines n’ont rien à voir avec la disparition de dame Isabel. D’autres, si.
    Elle s’interrompit pour reprendre son souffle.
    — Et quelles sont-elles ? demanda l’évêque avec impatience.
    L’abbesse pouvait faire d’interminables digressions, comme un prédicateur aguerri, surtout quand elle était soucieuse. Et cela irritait intensément Berenguer.
    — Une vivacité juvénile, répréhensible mais innocente, est cause de la blessure de dame Isabel. Il semble que les enfants aient été laissées sans surveillance. Des cadres à broder ont été renversés, des paniers répandus – les uns par accident, les autres, dirons-nous, en guise de représailles. La corbeille de dame Ana s’est renversée et, quand elle a voulu se venger, elle a titubé et est tombée, une vieille et grosse aiguille à la main, sur dame Isabel. Ce matin, dame Ana a découvert la cause de la maladie de dame Isabel. Elle a passé la journée à verser des larmes de terreur et de contrition.
    — Il n’y avait aucune mauvaise intention de sa part ?
    — Aucune. Dame Ana a douze ans, elle est vive – pour ne pas dire espiègle –, mais aussi ignorante des manœuvres politiques que le vieux chien du couvent. Son récit sonne vrai.
    — C’est intéressant, mais cela ne nous avance guère.
    — Dame Ana m’a dit autre chose, Votre Excellence. Il semble qu’hier matin, très tôt, elle ait rempli un panier de figues du jardin et qu’elle en ait mangé la plupart. Elle grandit comme un épi de blé au printemps et a toujours faim. Lors des vêpres, elle a été prise de coliques. Elle s’est esquivée hors de la chapelle, par pure nécessité selon elle, et tandis qu’elle courait aux lieux d’aisances, elle fut contrainte de se cacher pour laisser passer deux sœurs de haute stature – les plus grandes qu’elle ait jamais vues de toute sa vie.
    — Quelle taille fait-elle ?
    — Elle m’arrive à l’épaule. Elle dit qu’elles étaient plus grandes que moi, mais en dehors de cela, elle ne peut les décrire.
    — Des hommes, fit Berenguer.
    — C’est également mon avis. Je suis d’une taille peu commune pour une femme, et il serait bien extraordinaire de voir deux sœurs plus grandes que moi marcher ensemble. Une, je veux bien, mais deux !
    — Cela ne nous révèle pas davantage qui ils sont, fit remarquer Berenguer.
    — Sans aucun doute, les habits qu’ils portaient provenaient du couvent. Dame Ana l’aurait remarqué s’ils avaient été curieusement vêtus. Et ce n’est pas le cas.
    — Vous le lui avez demandé ?
    — Oui. Et cet après-midi, j’ai ordonné

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