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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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être distraite par si peu :
    — La vérité est que vous insistez pour lui parler, même si vous devez en périr.
    — La vérité n’a rien à voir avec cela. J’ai des instructions à lui donner s’il doit partir dans mon intérêt. Dans notre intérêt, se corrigea-t-elle, pleine de tact.
    — Vous pourriez faire cela de votre lit, insista Raquel.
    — Si je me sentais vraiment faible, oui. Mais je vous le dis, je ne suis plus invalide, et je préfère ne pas recevoir un homme dans ma chambre à coucher. Même dans une auberge, et malgré d’aussi étranges circonstances.
    — Votre coiffure est en désordre, dit Raquel.
    — Discuter avec vous, Raquel, est plus épuisant que dix visites de la part de Don Tomas. Vous me rappelez les religieuses.
    Raquel céda :
    — Je crois que c’est ridicule, mais puisque je ne peux rien faire pour vous arrêter, il vaut mieux que je vous aide. Mais je n’ai pas l’habitude d’être attachée au service d’une dame, je vous préviens. J’ai déjà assez de mal à me coiffer sans aide…
    Isabel sourit doucement. Elle avait remporté ce point.
    — Nous nous aiderons mutuellement, dit-elle. Comme deux sœurs.
    — Quoi qu’il en soit, je reconnais que vous avez très bon goût. C’est un très bel homme. Pas exactement le genre dont je rêve, mais très beau tout de même. Et si doux.
    — Pour moi, cela n’a aucune importance, fit Isabel d’un air dégagé. Aïe ! cria-t-elle quand Raquel, d’une main peu experte, lui passa le peigne dans les cheveux.
     
    Quand Raquel envoya la petite servante chercher Don Tomas, les deux jeunes femmes étaient aussi impeccables que possible vu les circonstances. Isabel était installée sur un banc de bois sculpté recouvert de coussins ; sa jambe, dont Raquel avait changé le bandage, disparaissait sous les plis artistiquement disposés de sa robe de soie.
    Quand il entra dans la pièce, Tomas ne vit que les traits pâles et adorables de dame Isabel. Allongée sur cette couche improvisée, elle paraissait aussi blanche qu’un fantôme ou la statue de marbre de sa propre tombe.
    — Je ne m’attendais pas à vous voir levée, madame, dit-il. Je crains que vos forces ne suffisent pas à l’effort que vous avez déployé. Vous devez prendre soin de vous.
    — Je ne suis ni une enfant ni une invalide, Don Tomas, dit vivement Isabel en se redressant sur sa couche.
    Un peu de couleur lui vint aux joues et ses yeux s’éclairèrent.
    — Je souffrais d’une vilaine blessure, mais avec le concours de mon médecin et de sa fille Raquel, je guéris vite.
    — Dame Isabel va beaucoup mieux depuis ce matin, expliqua Raquel. Hier soir, quelqu’un a dû mettre une potion soporifique dans notre souper. Il nous a fallu un certain temps pour en dissiper les effets.
    — Savez-vous de qui il s’agit ? demanda brusquement Tomas.
    — Non. Nous nous sommes endormies alors que nous mangions, et nous sommes réveillées dans un grenier. Trois hommes à la mine patibulaire occupaient l’écurie en contrebas, mais je n’arrive pas à croire qu’ils aient pu s’introduire dans le couvent, nous droguer et nous enlever ainsi.
    — Vous les avez vus ?
    Pour la première fois, Raquel rougit.
    — J’ai enlevé une lame du plancher et j’ai regardé.
    Tomas s’en étonna.
    — Elle l’a arrachée, ajouta Isabel avec admiration. De ses propres mains. Puis elle a menacé de les frapper s’ils ne nous apportaient pas à boire et à manger.
    — Ils étaient sous les ordres de votre serviteur, Romeu, poursuivit Raquel. Mais je ne saurais dire si c’est lui qui nous a enlevées. Nous dormions.
    — Je n’ai vu que deux hommes, fit Tomas.
    — Le troisième est resté là-bas. C’était son écurie.
    — Je soupçonne Don Perico de Montbui d’avoir organisé tout cela, dit dame Isabel. Outre le commerce, il possède de nombreux vaisseaux, mais on dit qu’il convoite mes terres. Sa première épouse lui a apporté des champs et des prés proches des miens et, avant que la pauvre créature ne fût enterrée, il lorgnait déjà de mon côté.
    — Peut-être, dame Isabel, mais pourquoi Romeu enlèverait-il une dame pour le compte de Montbui ? Il doit avoir ses propres sbires en qui il a confiance.
    — Je ne sais pas, fit Isabel, le front plissé. Ils ont dit fort peu de choses quand ils se trouvaient avec nous.
    — Depuis combien de temps Romeu travaillait-il pour vous ? demanda Raquel.
    — Moins d’un

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