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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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glisser sous cette armoire ? murmura Isaac.
    — Oui, seigneur, répondit Yusuf après avoir mesuré l’espace.
    — Prends cette bague. Écoute-moi bien. Si la situation devient…
    Il chercha le mot exact.
    — … délicate…
    — Que voulez-vous dire, seigneur ?
    — Chut ! Écoute-moi. Si la situation devient délicate, tu le sauras. Si tu peux t’échapper d’ici, va trouver l’évêque et apprends-lui ce qui se passe. Si tu ne peux t’enfuir, reste caché. Johan te sortira de là demain matin. Rampe sous cette armoire. Maintenant, oui. Et assure-toi qu’on ne voie pas un morceau de ta tunique. Pars dès que tu le peux. Ne m’attends pas.
    Dans la salle, la foule se déplaçait, tantôt vers l’estrade, tantôt vers le tonnelet de vin, tantôt vers la porte pour respirer un peu. Deux ou trois individus titubèrent ou furent poussés vers l’alcôve sombre où Isaac était caché en compagnie de Yusuf. Isaac entendit des bruits de pas tout près de lui – trop près de lui –, puis un juron marmonné. Il entendit une main s’abattre sur un corps, un grognement de douleur. Puis, brutalement, une main se referma sur son épaule.
    — Par tout ce qui est saint, il y a quelqu’un ici ! s’écria une voix. Regardez !
    — Un espion de l’évêque ! Sors-le de là !
    Isaac fut relevé sans ménagement et fit un ou deux pas.
    — C’est le magicien !
    — C’est Isaac le juif !
    — Tiens-le bien pour pas qu’il s’envole !
     
    Des doigts s’enfoncèrent dans les épaules d’Isaac, et quelqu’un le traîna hors de son alcôve. On lui ligota grossièrement les mains dans le dos et on l’obligea à tomber à genoux devant l’estrade de fortune. Il avait l’horrible impression d’être prisonnier d’une masse suintante ayant fort peu de chose en tête, une masse prête à exploser et à tout détruire sur son passage, y compris lui-même.
    — Tuons-le ! hurla une voix tonitruante, troublée par le vin. Sale espion !
    — Mettons-le à la torture ! renchérit une autre. On saura ce qu’il fait ici.
    Le premier coup l’atteignit dans les côtes. La douleur irradia et il essaya vainement d’éviter les coups qui s’abattaient sur lui de toutes parts, certains sans conviction, d’autres plus vicieux, certains bien placés, d’autres donnés au jugé. Après un instant de répit, un pied écrasa sa cage thoracique. Le médecin qu’il était ne put s’empêcher de remarquer qu’il avait au moins une côte brisée ; la même chose à la tête, et il était mort.
    — Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Parle !
    — On sait pourquoi il est là. Tuons-le ! Finissons-en !
    — Tuons-le ! s’écrièrent cinq ou six individus, bientôt acclamés par la foule.
    — Brûlons-le de peur qu’il nous envoûte ! lança une voix particulièrement aigrelette.
    — Halte-là !
    La voix tranchait sur le pandémonium.
    — Libérez cet homme !
    Il fallut plusieurs minutes avant que la populace, ivre de vin et de colère, ne réagisse, puis les mains s’activèrent dans le dos d’Isaac pour le débarrasser de ses liens et le relever.
    La dernière lueur d’espoir s’était éteinte pour Isaac dès qu’il avait entendu ces mots. Ce répit soudain n’avait rien de miraculeux. Le brouhaha qui régnait dans l’établissement de bains ne l’avait pas empêché de reconnaître le Glaive.
    Le silence se fit. La voix retentit à nouveau, déversant son mépris sur la foule :
    — Vous ne pensez donc jamais à ce que vous faites, bande d’insensés ? À quoi nous servirait de battre à mort cet homme ? Nous ne voulons pas découvrir pourquoi il est venu ? Ce qu’il sait ? Qui d’autre est au courant de sa présence ici ?
    Les questions s’abattaient sur les hommes comme un marteau sur une enclume.
    — Vous devez être en mesure de l’interroger. Un homme mort peut être plus dangereux qu’un vivant.
    La douleur s’insinuait dans chaque partie du corps d’Isaac et rampait en lui comme une plante. Ses oreilles bourdonnaient, la tête lui tournait. De très loin, il perçut un murmure gêné qui s’élevait de la foule.
    — Est-ce que nous voulons mettre en danger les projets de ce soir ?
    La réponse fut vague, embarrassée.
    — Alors donnez-moi cet homme, et je l’examinerai à loisir.
     
    Avec son panier de simples destinés à chasser les poisons du corps et les troubles de l’esprit, Raquel n’avait eu aucun mal à se faire admettre au

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