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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’empoignant par les épaules.
    — Il est là, avec maître Isaac. Et il va le tuer, lui aussi, dit Yusuf, qui se mit à trembler comme une feuille.
    Peu à peu, Raquel arracha à l’enfant toute la vérité. Il lui parla de l’homme en noir, une épée au côté, de l’armure qu’il portait sur le torse, de la façon dont il avait suivi le médecin depuis le jour où Yusuf l’avait rencontré. Il raconta qu’il avait conversé avec maître Isaac dans le pré, et aussi comment il l’avait arraché à la foule hystérique alors même qu’elle allait le mettre à mort.
    — Peut-être est-ce un brave homme, Yusuf, quelqu’un qui ne lui veut pas de mal.
    Les tremblements de l’enfant empirèrent :
    — Non… non ! cria-t-il presque. C’est un démon. Croyez-moi, maîtresse. Il est mauvais. Je sais ce qu’il a fait.
    — Sont-ils seuls à présent ?
    — Je le crois.
    — Dans ce cas, nous devons entrer.
    — Je ne peux pas, dit Yusuf, paniqué. C’est un être sanguinaire. Nous ne lui échapperons pas. C’est ce qu’il a dit quand il a tué mon père. Je me suis enfui et il m’a crié qu’il reviendrait de l’enfer pour m’abattre à mon tour.
    — En tout cas, il n’a pas dit qu’il reviendrait de l’enfer pour me chercher. Je suis certaine qu’il ne tuerait pas une femme innocente. Je vais entrer.
    Elle marcha bravement jusqu’à la porte, mais c’est avec beaucoup de prudence qu’elle chercha à l’ouvrir. De toute façon, cela ne servait à rien. Elle était fermée à clef.
    — Yusuf, dit-elle calmement en revenant vers le petit garçon terrorisé. Sais-tu où habite Johan, le gardien des lieux ?
    — Oui, maîtresse.
    — Dans ce cas, conduis-moi chez lui. Il me faut la clef.

CHAPITRE XVI
     
    — Johan, je t’en supplie ! appela Raquel. Nous avons besoin de la clef des bains.
    Le gardien, tiré d’un profond sommeil, lui adressa un regard hébété depuis la porte de sa masure.
    — Papa s’y trouve, Johan, avec des hommes qui le haïssent. Tu connais mon père. Isaac le médecin.
    Frémissant de frustration, elle se tourna vers Yusuf.
    — Parle-lui, toi, dit-elle en le secouant par le bras. Parle-lui ou je te bats ! Raconte-lui ce qui est arrivé.
    Mais Yusuf demeurait tapi dans l’ombre, tremblant et pâle de peur, et restait silencieux.
    Raquel domina sa propre panique et s’adressa à nouveau au gardien :
    — Johan, Yusuf dit que mon père se trouve là-bas en compagnie d’un démon. Un homme méchant, qui tuera papa si nous ne l’arrêtons pas.
    Johan secoua la tête.
    — Le tuer ? fit-il lentement.
    Des larmes lui vinrent aux yeux, qu’il essuya prestement. Un gémissement de douleur monta à ses lèvres.
    — Non !
    Raquel sursauta.
    — Il va faire du mal à maître Isaac ? demanda-t-il en guise de confirmation.
    — Oui, Johan, répéta-t-elle. Si nous ne l’en empêchons pas, c’est ce qu’il fera.
    Johan s’empara d’un lourd gourdin et prit la direction de l’établissement de bains.
     
    — Tu es un homme qui réserve bien des surprises, médecin, fit remarquer le Glaive. Et rares sont ceux qui parviennent à m’étonner.
    Il avait poussé Isaac vers un banc, dans un coin tranquille, et se tenait si près de lui que le pied et le genou du médecin se frottaient contre lui. Isaac ignorait si le Glaive était là pour le protéger ou le tuer, et il s’en moquait. La douleur avait pris le pas sur la raison et l’émotion ; elle vibrait en lui, constamment, irradiant à partir du premier impact et se diffusant dans tout son corps. Et elle lui poignardait le cœur chaque fois qu’il respirait.
    — Cela te plaît-il donc ? lui demanda le Glaive.
    Qu’est-ce qui lui plaisait ? s’interrogea-t-il. Mais répondre à cette question n’en valait pas vraiment la peine, et il choisit de rester silencieux.
    Au loin, la voix de l’orateur retentit assez longtemps pour qu’Isaac eût le temps de dire ses prières du soir. Puis il remarqua, vaguement, que les discours étaient terminés. L’homme chargé des détails prenait maintenant la parole. Il leur demandait de se trouver en haut des marches de la cathédrale, sur la place des Apôtres, quand les cloches sonneraient matines, et d’amener avec eux un compagnon sûr.
    Les cris de la foule appartenaient à un monde étranger. Isaac changea de position pour tenter d’apaiser sa douleur et se retira dans son univers intérieur. Le temps disparut, et les bains, avec leur

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