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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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qu’ils font ne couvre pas le son de nos voix.
    Yusuf s’accroupit à côté d’Isaac.
    Cinq hommes entrèrent en premier, d’après ce qu’en conclut Isaac. Sanch, Raimunt, Martin et deux autres dont les voix ne lui étaient pas familières : l’une grave et pleine d’assurance, l’autre inquiète et plus aiguë.
    — Combien serons-nous ? demanda la voix inquiète.
    — Trente, dit Sanch. J’ai compté tous ceux à qui j’ai parlé. Peut-être un ou deux de plus. Cela suffit ?
    — Pour l’instant, oui, affirma la voix assurée. L’endroit n’en contiendrait pas beaucoup plus. Si chacun amène un compagnon sur la place, nous serons assez. Des renforts attendent. Ils se joindront à nous dès que nous franchirons les portes du palais.
    — Comment allons-nous faire pour entrer ? s’enquit Sanch.
    — Ne t’inquiète pas pour cela, dit la voix assurée. Dans le palais, nombreux sont ceux qui n’ont aucun amour pour l’évêque et manifestent de la sympathie à notre cause.
    — Qui a les cagoules ? demanda la voix inquiète.
    C’était de toute évidence l’homme chargé des détails, celui qui prêtait une attention particulière aux éventuels problèmes.
    — Moi, répondit Martin.
    — Une pour chacun tant qu’il y en a, fit l’homme chargé des détails. Ceux qui auront une cagoule occuperont les premiers rangs.
    — Raimunt, dit l’autre inconnu, tu te tiendras à côté de l’ami Sanch et veilleras à reconnaître tous ceux qui passent. Ta torche et la lumière de la lune t’y aideront.
    — Pourquoi ? questionna Martin d’un air soupçonneux.
    — Nous ne voulons pas d’espions, répondit l’homme à la voix assurée. Plus tard, Don Fernando voudra savoir qui était dans le mouvement dès le début afin que ces gens soient récompensés en premier.
     
    Ils pénétrèrent dans l’établissement de bains, les premiers assez calmes, les suivants bavardant nerveusement et les derniers particulièrement bruyants. La température monta et le niveau sonore devint assourdissant.
    — Combien sont-ils ? murmura Isaac à l’oreille de Yusuf.
    — Plus que je ne peux en voir. Attendez.
    Le garçon disparut, laissant Isaac sur son petit tabouret, derrière l’armoire. Il s’efforça de se concentrer sur ce que l’on disait, mais l’atmosphère – la chaleur, le bruit et surtout une puissante odeur corporelle – noyait ses sens et le distrayait.
    Et puis, aussi brusquement qu’il avait disparu, Yusuf réapparut et se pressa contre son genou.
    — Ils sont au moins trente réunis dans la grande salle, chuchota-t-il, et l’entrée est remplie d’hommes si serrés que je n’ai pu les compter. Dix ou vingt de plus, peut-être. Ils ont apporté des torches et les ont accrochées aux murs. Et maintenant ils font passer un tonnelet de vin et distribuent des gobelets à tout le monde. Ils ont dressé une sorte de plate-forme. L’homme au visage rouge va prendre la parole.
    — Ne faisons pas un bruit et écoutons.
     
    Le discours adressé à la foule débuta sur le ton de la conversation. C’était l’homme à la voix pleine d’assurance : il parla de la ville, sa prospérité, son commerce, son importance, la richesse de ses habitants. Puis il s’arrêta.
    — Ses habitants, mais pas tous. N’est-ce pas vrai ?
    — Si, si, c’est vrai ! cria le groupe qui commençait à s’exciter.
    — Nous savons les uns et les autres ce qui est advenu à certains d’entre nous – Martin, le relieur honnête, qui a perdu son travail, et Raimunt le scribe, dont la moitié de la charge lui a été retirée, et chacun de ceux qui ont vécu la même histoire. Nous savons tous à qui le travail est allé, et nous savons qui le leur a donné.
    Les cris augmentèrent en nombre et en puissance, au point qu’Isaac sentit poindre une migraine.
    — En tête vient le roi, qui s’entoure de juifs en guise de conseillers et se sert de notre fortune pour promouvoir un indigne héritier. (Rugissements dans la salle.)
    « Aidé par l’évêque, qui, avec le soutien des juifs, s’enrichit sur notre dos alors que nous ne cessons de trimer et de nous appauvrir. (Les rugissements redoublèrent.)
    « Et aussi le vicaire…
    La liste se déroula, nom après nom, et chacun déclencha un tonnerre de cris furieux. L’atmosphère était surchauffée.
    Yusuf se rapprocha de lui : Isaac pouvait sentir qu’il tremblait.
    — Et s’ils nous trouvent, Seigneur ?
    — Peux-tu te

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