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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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sais fort bien que je n’ai aucun pouvoir. Serais-je ici, à ta merci, si j’en détenais ? N’as-tu donc jamais pensé que ton ange pouvait être un démon venu t’entraîner dans le plus affreux des péchés ? Un démon peut prendre bien des apparences, magnifiques parfois.
    — C’est toi, le démon ! hurla le Glaive. Tu es le tentateur, envoyé pour me détourner de mon chemin.
    Sa voix se changea soudain en un murmure, comme s’il cherchait à se justifier.
    — C’est pourquoi tu dois mourir, mourir avant que tes paroles ne s’insinuent dans mon sein et ne dévorent ma foi et ma raison. Je savais bien que ta mort s’expliquait, ajouta-t-il, illuminé. Pour les femmes, je comprenais – il y a une joie pure et sainte à tuer une mauvaise femme d’une grande beauté –, mais j’étais étonné de devoir gaspiller mes forces sur un être aussi insignifiant que toi, médecin.
    Un cri extrêmement aigu s’éleva de sa gorge.
    — Sois remercié, messire Michel ! Viens encore une fois à moi afin de m’aider à accomplir ton œuvre !
    Par-delà les incantations du Glaive, Isaac entendit des pas, des raclements, le mouvement du métal dans une serrure.
    La porte s’ouvrit à la volée et Johan entra, la masse brandie, suivi de Raquel. Elle vit son père à la lueur vacillante de la torche, ses vêtements déchirés et souillés. Derrière lui se dressait une longue silhouette sombre. De sa main gauche, l’homme tenait le menton et la barbe de son père ; de sa main droite, une dague. Les mains puissantes d’Isaac repoussaient les bras vêtus de noir et son corps se tordait en tous sens pour écarter le coup fatal. L’agresseur jura et leva plus haut son arme.
    — Ne le touchez pas ! hurla le gros Johan en balançant le gourdin au-dessus de la tête d’Isaac.
    Le Glaive jeta sa dague et échappa à l’étreinte d’Isaac. Puis, d’une poigne de fer, il saisit l’extrémité de la masse. Il la poussa violemment, déséquilibrant Johan, et la lui arracha.
    — Prépare-toi toujours à la contre-attaque, mon ami, fit-il d’une voix mielleuse. Dis-moi, quelle heure est-il ?
    — Voilà plus d’une heure que les cloches du couvent ont sonné tierce, dit Raquel, trop étonnée pour faire autre chose que répondre.
    — Je dois m’en aller. Je suis marri de laisser ma tâche inachevée, mais un roi et un prince doivent mourir avant vous ce soir. Pour ne pas dire un évêque. On m’attend au palais pour matines, ajouta-t-il en souriant.
    Il ramassa sa dague et se rendit à l’autre bout de la salle. Là, il mit son arme au fourreau, déposa à terre la masse de Johan et prit une chape faite de la plus belle étoffe blanche.
    — Adieu, dit-il. Nous nous reverrons.
    Sans même adresser un regard à ses interlocuteurs ébahis, il sortit à grands pas de la bâtisse.
     
    — Raquel, Johan, mon ami, dit Isaac. Vous êtes ici, sains et saufs. Le Seigneur en soit remercié ! Je vous suis reconnaissant de votre aide. J’étais justement en train de découvrir à quel point je me refusais à quitter la vie. Ce qui est étonnant, vu l’état dans lequel je me trouve, ajouta-t-il d’un ton désabusé. As-tu aperçu Yusuf ? Sais-tu s’il va bien ?
    — Il était avec nous il y a encore un instant, dit Raquel en regardant autour d’elle. J’en suis certaine. J’ai cru qu’il me suivait.
    — Comment se fait-il qu’il était avec toi, ma chérie ? Il devait aller trouver l’évêque.
    — Je l’ignore. J’étais au couvent jusqu’au moment où j’ai entendu les cris de la foule. Je suis sortie aussitôt et l’ai découvert dehors.
    — Oui, ils ont poussé des cris de joie en mettant la main sur moi. Il se trouvait avec moi, bien caché heureusement.
    — Il était trop affligé pour faire un geste, poursuivit Raquel, avec une profonde délicatesse. La porte était fermée à clef et nous savions que vous demeuriez à l’intérieur, nous sommes donc allés demander de l’aide à Johan… ainsi que sa clef.
    — Tu ne l’as pas envoyé quérir les officiers ? demanda Isaac, quelque peu surpris. Je m’attendais à voir arriver des hommes en armes, pas un ami et une jeune fille.
    — Maître Isaac, Yusuf s’est enfui. Il est parti vers la ville avant qu’on sorte de ma maison. Je l’ai vu, expliqua Johan.
    — Le Glaive le terrifie, papa, ajouta Raquel. Il a des raisons pour cela. Yusuf ne peut même pas le regarder. Ne sois pas en colère contre lui, il doit

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