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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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fleuve. Les roselières et les îles disparurent, et le
fleuve puissant s’incurva dans un large coude.
    Ayla et Jondalar suivirent la courbe intérieure qui les mena
directement face au couchant où le soleil embrasait le ciel brumeux d’un rouge
vif. Jondalar n’apercevait aucun nuage et il se demandait ce qui pouvait bien
causer la violente couleur uniforme qui se réfléchissait sur les pics escarpes
au nord, enveloppait les hauts plateaux rocailleux de la rive droite, et
teintait l’eau frémissante d’une couleur de sang.
    Ils continuèrent à remonter la rive gauche du fleuve, à la
recherche d’un bon campement. Ayla ne laissait pas d’être intriguée par le
fleuve majestueux. Plusieurs affluents, de diverse importance, s’étaient jetés
dans le cours principal, venant grossir son prodigieux débit. Elle comprenait
que la Grande Mère fût amoindrie, puisque tant d’affluents l’avaient grossie en
aval, mais elle restait encore si large qu’on avait peine à concevoir une
quelconque réduction de son débit. Pourtant la jeune femme en était intimement
convaincue.
    Ayla se réveilla le lendemain avant l’aube. Elle adorait le
matin et sa vivifiante fraîcheur. Elle fit chauffer sa décoction contraceptive
au goût amer, et prépara une coupe d’infusion de sauge et d’estragon pour
Jondalar, et aussi une autre pour elle-même qu’elle but en regardant le soleil
se lever sur les montagnes septentrionales. Un soupçon de rose, préfigurant l’aube,
découpa les deux pics de glace, et s’étendit lentement, nimbant l’est d’une
lueur rosâtre. Avant que la glorieuse boule de feu ne dardât ses rayons
au-dessus de l’horizon, le sommet des montagnes s’embrasa soudain.
    Les deux voyageurs repartirent en s’attendant à voir la Mère se
disperser de nouveau, et ils furent surpris de constater qu’elle restait
confinée dans son lit. Quelques îlots de broussailles se formèrent au milieu du
courant, mais le fleuve conservait son unité. Ils étaient si habitués à la voir
serpenter et se diviser au gré de son vagabondage qu’il leur semblait étrange
de suivre le cours unique du gigantesque fleuve. Mais dans son périple autour,
ou au milieu, des montagnes qui traversaient le continent, la Grande Mère
suivait invariablement la route la moins élevée, et celle-ci longeait le pied
des montagnes érodées qui bordaient sa rive droite.
    Sur la rive gauche, entre le fleuve et les crêtes de granit et d’ardoise,
s’étendait une bande argileuse recouverte d’un manteau de lœss, terrain
accidenté et rocailleux, soumis aux variations les plus extrêmes. Soufflant du
sud, des vents brûlants desséchaient la terre en été ; les hautes
pressions au-dessus des glaciers du nord la cinglaient de rafales glacées en
hiver ; venant de la mer, des ouragans la ravageaient. Les averses
occasionnelles, suivies de violents vents secs et les brusques changements de
température provoquaient des cassures dans la couche calcaire, créant des
lignes de faille sur les plateaux.
    Des herbes résistantes survivaient encore, mais les arbres
avaient presque entièrement disparu. La seule végétation sylvestre était
constituée d’arbrisseaux pouvant supporter à la fois la sécheresse brûlante et
le froid glacial. Quelques rares tamaris aux branches frêles, avec leurs
petites feuilles en écailles et leurs petites fleurs roses en épi, ou des
nerpruns garnis de baies noires et d’épines acérées, poussaient çà et là, et
même quelques cassis. On trouvait surtout différentes sortes d’armoises, y
compris une grande absinthe inconnue d’Ayla.
    Ses tiges noires semblaient mortes, mais quand elle en cueillit
pour faire du feu, elle s’aperçut qu’elles étaient non pas sèches et cassantes,
mais bien vivantes. Après quelques bourrasques de pluie, les feuilles
dentelées, argentées sur l’envers, se déroulaient, les tiges se ramifiaient et
de petites fleurs jaunes, semblables aux cœurs des marguerites, s’épanouissaient
sur les rameaux épineux. N’eussent été ses tiges foncées, la plante ressemblait
aux espèces familières plus claires qui poussaient souvent près des fétuques et
des crêtes-de-coq. Puis quand le vent et le soleil desséchaient les plaines,
les tiges semblaient de nouveau mortes.
    Les plaines méridionales, avec leurs multiples variétés d’herbacées
et d’arbustes, nourrissaient quantité d’animaux, les mêmes que ceux qui
vivaient dans les steppes du

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