Le grand voyage
bord d’un lac, bassin
collecteur des ruisseaux avoisinants. Un chenal conduisait au fleuve par lequel
de grosses truites et des saumons avaient remonté le courant jusqu’au lac.
Depuis qu’ils suivaient le fleuve et que le poisson constituait
leur aliment de base, Ayla continuait à tresser le filet qu’elle avait
commencé, chaque fois qu’elle en avait l’occasion. Elle s’inspirait de ceux que
le clan de Brun utilisait pour capturer les gros poissons dans la mer. Elle
essaya plusieurs sortes de plantes pour fabriquer les cordages, et en
particulier les plus riches en fibres. Le lin et le chanvre convenaient le
mieux, bien que le chanvre fût plus rugueux.
Elle avait maintenant une surface de filet suffisante et elle
entra dans l’eau avec Jondalar, chacun tenant l’une des extrémités. Parvenus à
distance convenable de la rive, ils revinrent sur leurs pas en le tirant.
Voyant qu’ils avaient capturé quelques jolies truites, Jondalar
manifesta un intérêt accru pour le filet et essaya d’imaginer un moyen d’y
attacher une sorte de manche pour qu’une seule personne puisse pêcher, et sans
entrer dans l’eau. Il laissa germer son idée.
Le lendemain, ils continuèrent leur route vers les montagnes à
travers des bois d’essences rares. De nombreuses variétés d’arbres à feuilles
caduques et de conifères se mêlaient dans ces forêts multicolores, semées de
prairies et de lacs, et de tourbières et de marécages près de la vallée
alluviale. Certaines espèces poussaient en groupe, d’autres non, en fonction
des microclimats, de l’altitude, de l’humidité ou de la nature du sol, lequel
était soit riche en terreau, soit sablonneux, soit un mélange de sable et d’argile,
ou encore une combinaison des trois.
Les arbres à feuilles persistantes se rencontraient surtout sur
l’ubac et les sols sablonneux, et, selon le degré d’humidité, atteignaient des
hauteurs impressionnantes. Une épaisse forêt d’épicéas géants, hauts de
cinquante mètres, recouvrait le bas d’une colline. Ensuite venaient des pins qu’on
aurait crus de même taille, alors qu’atteignant pourtant les quarante mètres,
ils poussaient juste au-dessus. Des sapins immenses, d’un vert foncé,
précédaient des massifs de grands bouleaux blancs. Les saules, eux-mêmes,
dépassaient les vingt mètres.
Sur l’adret, lorsque le sol était humide et fertile, des forêts
de bois dur aux larges feuilles atteignaient des hauteurs impressionnantes,
elles aussi. Des bouquets de chênes géants, au tronc impeccablement droit et
dépourvu de branches avant la couronne verte au sommet, montaient jusqu’à
quarante mètres. Des tilleuls et des frênes gigantesques atteignaient presque
la même taille, tout comme des érables magnifiques.
Au loin, les voyageurs apercevaient les feuilles argentées de
peupliers blancs mêlés à des bouquets de chênes, et lorsqu’ils arrivèrent dans
la forêt, ils constatèrent qu’elle fourmillait de pinsons nichés dans la
moindre faille. Ayla trouva même des nids remplis d’œufs et d’oisillons, bâtis
dans des nids de pies et de buses, eux-mêmes occupés par des œufs et des
oisillons. Des rouges-gorges vivaient également dans ce bois, mais leurs petits
avaient déjà toutes leurs plumes.
A flanc de colline, là où le dôme de verdure laissait pénétrer
les rayons du soleil, les sous-bois étaient d’une richesse luxuriante, et des
clématites en fleur ou des lianes pendaient souvent des plus hautes branches.
Les cavaliers approchèrent d’un bouquet d’ormes et de saules blancs au tronc
recouvert de vigne grimpante, et ruisselants de lianes. Ils découvrirent des
nids d’aigles criards et de cigognes noires, passèrent près d’un torrent bordé
de trembles et d’épaisses touffes de saules marseaux, et de haies de mûres. Une
alternance de bosquets d’ormes majestueux, de bouleaux élégants, et de tilleuls
odorants, ombrageaient une colline où ils s’arrêtèrent pour cueillir dans les
fourrés tout ce qui pouvait se manger : framboises, orties, noisettes pas
encore mûres, juste comme Ayla les aimait, et quelques pommes de pin pleines de
pignons.
Plus loin, ils trouvèrent des futaies de charmes si serrés qu’ils
empêchaient les hêtres de prospérer. Mais plus haut, les hêtres atteignaient
des tailles gigantesques. L’un d’eux abattu, était recouvert d’une couche d’agarics
miellés jaune-orange. Ayla se précipita pour les ramasser.
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