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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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ainsi qu’un bébé grandisse
en elle. Iza lui avait bien recommandé de n’en parler à personne, surtout pas à
un homme.
    Ayla doutait que les bébés fussent le fruit des esprits, et
pensait plutôt que l’homme jouait un rôle prépondérant. Quoi qu’il en fût, les
plantes secrètes étaient efficaces. Depuis qu’elle buvait sa tisane spéciale,
aucune vie nouvelle n’avait germé en elle, qu’un homme fût dans les parages, ou
non. Ayla n’aurait pas été mécontente de mettre un enfant au monde, pourvu qu’ils
fussent installés quelque part. Mais Jondalar lui avait bien fait comprendre qu’il
eût été risqué pour elle de tomber enceinte au cours du Voyage.
    Elle arracha la racine de la sauge des prés, et pendant qu’elle
la nettoyait, elle aperçut les feuilles en forme de cœur et les longs calices
jaunes et tubuleux d’une serpentaire, efficace contre les fausses couches. Avec
un pincement au cœur, elle repensa au jour où Iza en avait cueilli pour elle.
Elle se releva et s’apprêtait à ranger les racines fraîches dans un panier
spécial, attaché au sommet du chargement, lorsqu’elle vit Whinney picoter de l’avoine
sauvage. Elle aussi en aimait les graines, une fois cuites, et poursuivant
machinalement son inventaire médicinal, elle nota que les fleurs et les chaumes
facilitaient la digestion.
    Le cheval avait déposé du crottin, dont l’odeur avait attiré les
mouches. En certaines saisons, les insectes devenaient insupportables, et Ayla
décida de ramasser des plantes qui les éloignaient, dès qu’elle en verrait. Qui
sait quelles régions ils traverseraient ?
    Dans sa lecture spontanée de la végétation locale, Ayla
identifia une variété d’armoise, au goût amer et à la forte odeur camphrée, qui
avait poussé en grosse touffe. Elle savait que son odeur ne chassait pas les
insectes, mais elle possédait d’autres vertus. Il y avait aussi des géraniums
sauvages aux feuilles dentelées et aux fleurs à cinq pétales d’un rose rouge
qui donnaient des fruits en forme de bec de grue. Les feuilles, séchées et
réduites en poudre, arrêtaient les saignements et cicatrisaient les plaies. En
infusion, elles soulageaient les maux de bouche et l’urticaire. Les racines
possédaient des vertus bienfaisantes pour les diarrhées et autres problèmes
intestinaux. Le goût, bien qu’amer et piquant, était assez doux pour les
enfantes ou les vieillards.
    En cherchant des yeux Jondalar, Ayla vit que Loup mâchait
toujours son chausson. Poussée par une intuition soudaine, elle examina de
nouveau les dernières plantes qu’elle avait remarquées. Pourquoi avaient-elles
retenu son attention ? Quelque chose l’avait frappée, sans doute. Elle
comprit d’un coup. Elle reprit vivement son bâton à fouir et commença de
déblayer la terre autour de l’armoise au goût amer et à la forte odeur
camphrée, puis autour du géranium, astringent et piquant, mais inoffensif.
    Jondalar était déjà à cheval, prêt à partir.
    — Pourquoi ramasser des plantes, Ayla ? s’impatienta-t-il.
Il faut que l’on parte. Tu en as vraiment besoin maintenant ?
    — Oh, oui ! Mais je n’en ai pas pour longtemps,
répondit Ayla en s’attaquant à la longue racine charnue du raifort au goût si
épicé. Je crois avoir découvert un moyen d’éloigner Loup de nos affaires,
expliqua-t-elle en désignant le jeune louveteau mâchouillant ce qui restait du
chausson de cuir. Je vais fabriquer un baume « anti-Loup ».
    Ils quittèrent leur campement pour rejoindre, vers le
sud-est, l’affluent qu’ils avaient suivi la veille. Le vent chargé de poussière
était tombé pendant la nuit, et sous un ciel limpide, l’air enfin pur dévoilait
un horizon dégagé. A perte de vue, du nord au sud, de l’est à l’ouest, tout n’était
que prairies, une immensité ondoyante, une mer houleuse d’herbe toujours en
mouvement. Les quelques arbres au bord des cours d’eau accentuaient encore l’impression
d’immensité. Mais l’étendue des plaines herbeuses dépassait ce qu’ils
imaginaient.
    D’énormes couches de glace de trois, cinq, jusqu’à huit mille
mètres d’épaisseur, recouvraient les confins de la terre et débordaient sur les
plaines septentrionales, écrasant la croûte rocheuse du continent d’un poids
incommensurable. Au sud du glacier, des steppes froides et sèches, vastes comme
un continent, allaient de l’océan, à l’ouest, jusqu’à la mer, à l’est.

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