Le grand voyage
raconté comment il avait chassé un
demi-esturgeon ? demanda le plus jeune.
— Ayla des Mamutoï, intervint Jondalar, je te présente
Markeno des Ramudoï, fils du Foyer de Carlono, et le compagnon de Tholie.
— Bienvenue à toi, Ayla des Mamutoï, déclara Markeno sans
cérémonie, sachant qu’elle avait déjà été saluée dans les règles rituelles
plusieurs fois. As-tu déjà rencontré Tholie ? Elle sera contente de te
voir, les Mamutoï lui manquent, parfois.
Markeno maîtrisait parfaitement la langue de sa compagne.
— Oui, je l’ai rencontrée, et Shamio aussi. C’est une très
jolie petite fille.
— C’est ce que je trouve, moi aussi, bien qu’on ne parle
pas ainsi de la fille de son propre foyer, avoua Markeno avec un sourire
épanoui. Darvo, comment va Roshario ?
— Ayla lui a remis le bras en place, c’est une Femme Qui
Soigne, expliqua le jeune garçon.
— Oui, Jondalar nous a raconté qu’elle avait réduit la
fracture, déclara Carlono, prudent.
Il préférait attendre de voir comment le bras se ressouderait.
Ayla nota les réticences du chef des Ramudoï, et vu les circonstances, elle les
comprit. Ils avaient beau aimer Jondalar, elle n’était, après tout, qu’une
étrangère.
— Jondalar, Darvalo m’accompagne cueillir des plantes que j’ai
vues en venant, annonça Ayla. Roshario dort toujours et j’aimerais lui préparer
une potion pour son réveil. Dolando est resté auprès d’elle. Je n’ai pas le
temps maintenant, mais il faudra que je cherche les fleurs blanches pour
Rapide. Je n’aime pas beaucoup la couleur de ses yeux. En attendant, essaye de
les laver avec de l’eau pure, conseilla-t-elle.
Puis elle leur sourit, appela Loup, fit signe à Darvalo et tous
trois se mirent en route.
Du sentier qui longeait la muraille rocheuse, la vue était
toujours magnifique. Haletante, Ayla ne put résister à l’envie de se pencher au
bord du précipice. Elle laissa Darvalo passer devant. Il lui montra un
raccourci qu’elle emprunta avec soulagement. Intrigué par une abondance d’odeurs
nouvelles, le loup s’écartait souvent du sentier, avant de les rejoindre en
courant. Les premières fois que Loup déboula soudainement, Darvalo sursauta,
mais il finit par s’habituer.
Un riche parfum au relent de miel et un bourdonnement d’abeilles
leur signalèrent la présence du vieux tilleul avant qu’il soit à portée de vue.
L’arbre, d’une taille imposante, se dressa devant eux au sortir d’un tournant.
Pendant de bractées [13] oblongues, des petites fleurs jaunes odoriférantes dansaient et les abeilles
étaient si occupées à butiner qu’elles ignorèrent les importuns. Ayla dut
secouer les rameaux qu’elle venait de couper pour en chasser des abeilles qui
retournèrent simplement dans l’arbre reprendre leurs activités.
— En quoi est-ce particulièrement bon pour Roshario ?
demanda Darvalo. Tout le monde fait de l’infusion de tilleul.
— Oui, ça a bon goût, hein ? Mais je l’utilise pour
ses vertus multiples. Si tu es troublé, nerveux ou même en colère, une infusion
de tilleul t’apaisera. Si tu es fatigué, ça te réveillera et te donnera du
tonus. Le tilleul soulage aussi les maux de tête et les douleurs d’estomac.
Roshario connaîtra tous ces petits troubles à son réveil, à cause de la potion
que je lui ai fait boire pour l’endormir.
— J’ignorais que le tilleul avait tant de pouvoirs, avoua
le jeune garçon en contemplant l’arbre familier d’un regard neuf.
— Il y a autre chose que j’aimerais trouver, mais je n’en
connais pas le nom mamutoï. C’est un arbuste, qui pousse parfois en buisson. Il
est protégé par des épines et ses feuilles vont par cinq comme les doigts de la
main. Des grappes de fleurs blanches fleurissent au début de l’été, et il doit
avoir des baies rouges, maintenant.
— Ce ne serait pas l’églantier ?
— Non, mais ils se ressemblent. Celui que je cherche est
plus grand qu’un églantier, mais ses fleurs sont plus petites et ses feuilles
sont différentes.
Darvalo se concentra, le front plissé. Soudain, son visage s’éclaira.
— Je crois que j’ai deviné. Si c’est bien ce que je pense,
il y en a pas loin d’ici. Au printemps, quand on se promène par là, on cueille
les bourgeons pour les manger.
— Oui, c’est peut-être ça. Tu peux m’y conduire ?
Ne voyant pas Loup, Ayla le siffla. Il accourut presque
immédiatement, regardant sa
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