Le grand voyage
dangereux pour les chevaux, nous ne prendrons pas de
risques.
— Et si c’est trop dangereux pour Loup ? On l’abandonnera ?
Jondalar jugeait les chevaux utiles, mais Loup, qu’il aimait pourtant bien, ne
valait pas la peine à ses yeux de retarder leur avance. A l’évidence, Ayla ne
partageait pas son point de vue, et le conflit couvait. Sans doute son désir de
rester chez les Sharamudoï renforçait sa mauvaise humeur. Jondalar espérait qu’à
mesure qu’ils s’éloigneraient du camp, elle oublierait sa déception et
partagerait aussi son impatience d’arriver à destination. En attendant, il ne
voulait pas l’accabler davantage.
— J’étais sûr qu’il nous rejoindrait, comme il le fait
toujours. Je n’avais pas l’intention d’abandonner Loup, affirma-t-il, bien qu’il
eût été à deux doigts de le faire.
Ayla ne le croyait pas tout à fait, mais ne supportait pas de se
fâcher avec l’homme qu’elle aimait. Son anxiété disparue avec le retour de
Loup, sa colère retomba. Elle descendit donc de cheval et testa la stabilité de
la pente. Elle n’était pas certaine que les chevaux pussent la gravir, mais
Jondalar avait bien précisé qu’ils chercheraient un autre passage en désespoir
de cause.
— Essayons, proposa-t-elle. Ça dérape moins qu’on le croit.
S’ils n’y arrivent pas, nous ferons demi-tour et nous chercherons un autre
endroit.
Ils entreprirent donc d’escalader la pente qui s’avéra moins
glissante que prévu. Il y eut bien quelques moments ardus mais l’aisance des
chevaux les surprit. Contents d’avoir franchi cet obstacle, ils continuèrent de
gravir la montagne et affrontèrent d’autres difficultés. Partageant la même
inquiétude pour leurs montures, ils en avaient oublié leur dispute.
Pour Loup, la pente fut un jeu d’enfant. Il l’avait escaladée en
courant et était déjà redescendu pendant qu’ils menaient les chevaux avec de
multiples précautions. Arrivée en haut, Ayla le siffla et attendit. Jondalar,
qui l’observait, se rendit compte qu’elle s’angoissait davantage qu’avant pour
le quadrupède. Surpris, il fut sur le point de lui demander des explications,
mais se ravisa, craignant de la froisser. Il décida malgré tout de lui poser la
question.
— Ayla, est-ce que je me trompe, je te trouve plus inquiète
au sujet de Loup ? Avant, tu le laissais volontiers aller à sa guise.
Dis-moi ce qui te tracasse. Après tout, c’est toi qui souhaitais qu’on ne se
cache rien.
Ayla ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Elle
regarda ensuite Jondalar d’un air soucieux.
— Tu as raison. Mais je ne cherche pas à te cacher quoi que
ce soit, c’est moi qui ne veux pas voir les choses en face. Tu te souviens des
cerfs qui frayaient leurs andouillers ?
— Oui, pourquoi ?
— Eh bien, j’ai peur que ce soit aussi la saison des
Plaisirs pour les loups. Et je refuse d’y penser. C’est Tholie qui m’a mis cela
dans la tête quand je racontais comment Bébé m’avait quittée. Elle m’a demandé
si Loup ne risquait pas de faire pareil un jour ? Jondalar, je ne veux pas
que Loup me quitte. C’est comme un fils pour moi, c’est mon enfant.
— Qu’est-ce qui te fait croire qu’il s’en ira ?
— Eh bien, avant que Bébé ne parte pour de bon, il s’absentait
de plus en plus souvent, et de plus en plus longtemps. D’abord un jour, puis
plusieurs, mais il revenait toujours. Je voyais bien qu’il s’était battu et je
savais qu’il se cherchait une compagne. Et il a fini par en trouver une.
Maintenant, chaque fois que Loup s’en va, j’ai peur qu’il ne cherche une louve,
avoua Ayla.
— C’est donc cela ! Dans ce cas, je ne vois pas ce qu’on
peut y faire. Mais crois-tu vraiment qu’il ait envie de te quitter ?
demanda Jondalar qui se surprit à l’espérer.
Il ne pouvait s’empêcher de maudire la conduite de Loup, qui les
avait plusieurs fois retardés, ou avait provoqué des conflits entre eux. Si
Loup trouvait une compagne et qu’il parte avec elle, il dut s’avouer qu’il n’en
serait pas fâché.
— Je ne sais pas, murmura Ayla. Jusqu’à présent, il est
toujours revenu, et il a l’air content de voyager avec nous. On dirait qu’il
nous considère comme sa bande, mais tu connais les Plaisirs. C’est un Don
puissant qui pousse à agir.
— C’est vrai, mais qu’y pouvons-nous ? Je suis tout de
même content que tu m’en aies parlé.
Ils continuèrent de
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