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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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était insuffisante pour permettre de
copieux repas, et pour la première fois depuis l’été précédent, Ayla et
Jondalar durent pêcher dans la Grande Rivière Mère.
    Le malaise provoqué par le paysage karstique, avec ses étranges
concrétions, ses trous, ses grottes, ses cavernes, avait rendu Jondalar et Ayla
extrêmement prudents. Mais à force d’habitude, leur attention se relâcha. Ils
mirent pied à terre pour reposer leurs montures. Jondalar menait Rapide par une
longue longe mais le laissait brouter les touffes d’herbes éparses. Whinney en
arrachait aussi quelques brins par-ci, par-là, et rejoignait Ayla qui n’utilisait
pas de harnais.
    — Je me demande si Jeren ne voulait pas nous mettre en
garde contre cette terre stérile pleine de grottes et de trous, dit Ayla. Tout
cela ne me plaît guère.
    — A moi non plus. Je ne m’y attendais pas.
    — Ah bon ? Mais je croyais que tu étais déjà passé
ici ? s’étonna la jeune femme. Tu m’as dit que vous aviez longé la Grande
Rivière Mère.
    — Oui, mais sur l’autre rive. Nous avons traversé plus au
sud. Je croyais que ce serait plus facile de revenir par cette rive-ci. Et
puis, j’avais envie de la connaître. Un peu plus loin, la Mère décrit un coude
assez brusque. Mon frère et moi allions vers l’est, et j’étais curieux de voir
les montagnes qui forcent la Mère à obliquer au sud. Je savais qu’une occasion
pareille ne se représenterait plus jamais.
    — Tu aurais dû m’en parler.
    — Quelle différence ? Nous suivons toujours la même
rivière, non ?
    — Oui, mais je croyais que tu connaissais la région, or tu
ne la connais pas plus que moi.
    Ayla ne s’expliquait pas sa colère, sauf qu’elle avait compté
sur Jondalar pour servir de guide. Du coup, le malaise que lui inspirait le
paysage augmenta.
    Ils marchaient toujours pris par leur discussion qui avait
tourné en reproches et en dispute, sans plus prêter attention à l’environnement.
Soudain, Loup qui trottait à ôté d’Ayla se mit à aboyer et frotta son museau
contre ses mollets. Les deux voyageurs s’arrêtèrent net. La panique s’empara d’Ayla,
et Jondalar blêmit.

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    Interdits, Ayla et Jondalar contemplaient le vide où ils
avaient failli basculer. La terre devant eux avait cessé d’exister. Jondalar
sentit une boule familière lui nouer l’estomac, mais il découvrit avec
surprise, au fond du précipice, une petite prairie verte arrosée par un cours d’eau.
    Le sol des énormes gouffres était souvent recouvert d’épaisses
couches de terre. Certains se rejoignaient en s’ouvrant sur des dépressions
allongées, créant de vastes prairies en-dessous du niveau normal. Sur ces
terres bien irriguées croissait une végétation riche et abondante, mais
inaccessible. Les deux voyageurs ne voyaient pas comment descendre le long des
parois abruptes.
    — Jondalar, cet endroit a quelque chose d’anormal, déclara
Ayla d’une voix sourde. En haut la terre est aride et stérile, rien ne peut y
vivre. En bas, la terre est riche et bien irriguée, mais on ne peut y
descendre. L’animal qui s’y risquerait mourrait dans la chute. En haut, c’est
invivable, en bas, c’est inaccessible. C’est étrange.
    — Oui, c’est étrange. Et c’est certainement ce que Jeren
essayait de nous expliquer. Il n’y a pas de gibier, et c’est une région
dangereuse. Je n’avais encore jamais vu d’endroit où on risque de tomber dans
un gouffre à chaque pas.
    Ayla s’agenouilla, empoigna la tête de Loup et appuya son front
contre celui du jeune fauve.
    — Merci de nous avoir prévenus, Loup, lui dit-elle, émue.
    Il aboya pour exprimer son affection, et lui lécha la figure d’un
grand coup de langue. Ils reculèrent sans un mot, et contournèrent le gouffre.
Ayla ne se souvenait même plus des motifs de leur dispute. Elle se reprocha
seulement de s’être laissé distraire.
    Comme ils poursuivaient vers le nord, la rivière sur leur gauche
s’engagea dans une gorge qui se creusait à mesure que les parois rocheuses s’élevaient.
Jondalar hésita entre suivre le cours d’eau ou rester sur le haut plateau, mais
il était soulagé qu’ils ne fussent pas obligés de traverser. Dans les régions
karstiques, au lieu de suivre des vallées alluviales verdoyantes, les larges
rivières se frayaient souvent une voie entre des murailles calcaires abruptes.
Longer une rivière dépourvue de berge n’était pas chose aisée, mais il

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