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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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lucidité, elle comprit toute l’horreur des atrocités qu’elle
avait commises et elle devina que la créature qui s’avançait à sa rencontre
était une matérialisation de la Mère, une munaï, un esprit vengeur, dépêché
pour son châtiment. Au fond de son cœur, Attaroa bénit Sa venue : sa vie
avait été un long cauchemar dont elle n’était pas fâchée de voir arriver la
fin.
    Attaroa n’était pas seule à être terrifiée par l’étrange
femme-cheval. Jondalar avait pourtant essayé de leur expliquer, mais personne
ne l’avait cru. Personne ne pouvait concevoir qu’un humain montât sur le dos d’un
cheval, et il ne suffisait pas de le voir pour le croire. L’apparition
opportune d’Ayla frappa tous les esprits. Pour certains, ce n’était que la peur
de la nouveauté. Pour d’autres, c’était le signe d’un pouvoir surnaturel lourd
de menaces. Mais beaucoup, de la même façon qu’Attaroa, considéraient Ayla
comme un instrument de vengeance contre leurs actes coupables. Encouragée ou
forcée par Attaroa, plus d’une femme avait commis des brutalités épouvantables,
ou les avait permises, et dans le secret de la nuit, avait ressenti une honte
inavouable ou la crainte d’un châtiment futur.
    Jondalar lui-même se demanda un instant si Ayla n’était pas
revenue de l’autre monde pour le sauver, convaincu qu’elle l’aurait pu si elle
l’avait voulu. Il la regarda approcher, se repaissant de chaque détail avec
amour, affamé de l’image qu’il avait cru ne plus jamais revoir : la femme
qu’il aimait chevauchant se chère jument. Des mèches rebelles échappées de la
lanière de cuir qui ceignait son front encadraient son visage rougi par le
froid. L’haleine de la femme et de sa jument formaient des nuages de buée et
firent prendre conscience à Jondalar qu’il grelottait.
    Elle portait sa ceinture par-dessus sa pelisse, et il vit la
dague en défense de mammouth, que Talut lui avait offerte, pendre à une boucle
à côté du couteau de silex à manche d’ivoire qu’il lui avait fabriqué. Sa poche
à médecines en peau de loutre était accrochée à une autre boucle de sa
ceinture.
    Chevauchant avec grâce, sûre d’elle et conquérante, elle tenait
dans sa main droite la fronde dont Jondalar connaissait la précision et la
rapidité. De sa main gauche, où Jondalar savait que deux pierres étaient
préparées, elle maintenait son propulseur armé d’une sagaie sur le garrot de
Whinney.
    En s’approchant, Ayla avait surveillé le visage de la Femme Qui
Ordonne où se reflétaient des sentiments profonds. Elle y avait lu de la
terreur et le brusque désespoir dû à son éclair de lucidité qui céda bientôt la
place aux ombres familières de son esprit détraqué. Les yeux d’Attaroa se
rétrécirent, un sourire cruel tordit sa bouche, et Ayla devina les calculs
malveillants qui germaient dans sa tête.
    Ayla n’avait jamais rencontré la folie, mais elle déchiffrait
les expressions inconscientes d’Attaroa, et comprit qu’elle devrait se méfier
de cette femme qui menaçait Jondalar : c’était une hyène. La femme-cheval
avait tué de nombreux carnassiers et savait que leurs réactions étaient parfois
imprévisibles, mais les hyènes étaient les seules qu’elle détestait, et Attaroa
était, à n’en pas douter, une hyène, une dangereuse manifestation du mal.
    Le regard furieux d’Ayla se concentra sur Attaroa, bien qu’elle
surveillât l’assistance du coin de l’œil, y compris les Louves. Et bien lui en
prit. Lorsque Whinney fut à quelques pas d’Attaroa, Ayla surprit un mouvement
fugitif. D’un geste si vif qu’il en devenait invisible, elle glissa une pierre
dans sa fronde, qu’elle fit tournoyer en l’air et le projectile fusa.
    Epadoa poussa un cri de douleur et saisit son bras, lâchant sa
sagaie qui cliqueta sur le sol gelé. Si elle l’avait voulu, Ayla aurait pu lui
briser l’os, mais elle avait délibérément visé vers l’épaule et retenu son
coup. La Louve dominante en garderait tout de même des traces.
    — Femme Qui Ordonne, dis femmes-sagaies arrêter, ordonna
Ayla. Jondalar, qui avait saisi le sens du commandement, mit du temps à
comprendre qu’Ayla venait de parler dans une langue étrange. Il s’aperçut alors
avec stupeur qu’elle avait délivré son ordre en s’armunaï. Comment pouvait-elle
connaître le s’armunaï ? Était-il possible qu’elle l’eût entendu
auparavant ?
    Il n’était pas le

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