Le grand voyage
le
mérite celle qui compte le plus pour moi.
Ayla lui sourit avec amour.
— Je ne suis jamais trop occupée pour toi, affirma-t-elle.
Il se pencha pour baiser ses lèvres, d’abord doucement, puis le
souvenir des jours passés à craindre de l’avoir perdue lui revint.
— J’ai cru ne jamais te revoir, avoua-t-il dans un sanglot
en la serrant contre son cœur. J’ai cru que tu étais morte. Aucun des supplices
d’Attaroa n’aurait pu être pire que de te savoir morte.
Il la serra à l’étouffer, elle ne chercha pas à se dégager. Il
baisa sa bouche, son cou et ses mains retrouvèrent vite les moindres détails de
son corps qu’elles connaissaient si bien.
— Jondalar, je suis sûre qu’Epadoa est sur nos traces... Le
souffle court, il relâcha son étreinte.
— Tu as raison, ce n’est pas le moment. Si les Louves nous
surprenaient, nous ferions une proie facile.
Il se reprochait son abandon et voulut se justifier.
— C’est que... tu comprends, j’ai eu si peur de te perdre.
D’être ici avec toi, c’est... c’est comme un Don de la Mère, et... et j’ai eu
envie de L’honorer tout de suite.
Ayla se serra contre lui, cherchant à lui signifier qu’elle
ressentait le même désir. Elle nota qu’il n’avait jamais éprouvé le besoin de
justifier son désir auparavant. Mais elle ne voulait pas d’explication. Elle
aussi luttait pour ne pas se laisser aller à oublier le danger qui les
guettait.
— Jondalar... murmura-t-elle, vaincue par le désir. Après
tout, nous avons beaucoup d’avance sur Epadoa, il lui faudra du temps pour nous
retrouver... et Loup nous préviendra...
Jondalar la regarda, saisissant peu à peu l’invitation. Son
visage soucieux se détendit et ses yeux bleus brillèrent de désir.
— Ayla, tu es ma femme, ma femme merveilleuse que j’aime
tant ! murmura-t-il d’une voix rauque.
Aussi brefs que furent leurs ébats, l’intensité en avait été
telle qu’il fallut du temps à Ayla pour s’en remettre. Lorsque Jondalar,
craignant de l’écraser sous le poids de son corps, se dégagea et roula sur le
côté, elle ressentit un inexplicable sentiment de perte, et regretta qu’ils ne
pussent rester ainsi soudés l’un à l’autre. D’une certaine manière, il la
complétait, et la vive conscience d’avoir failli le perdre, sa douloureuse absence,
l’envahirent d’une émotion si poignante que ses yeux s’emplirent de larmes.
Jondalar vit une perle transparente surgir au coin de l’œil d’Ayla,
et couler le long de sa joue dans l’oreille. Il s’accouda et observa la jeune
femme.
— Que se passe-t-il, Ayla ? s’inquiéta-t-il.
— Rien, je suis heureuse d’être avec toi, assura-t-elle
alors qu’une autre larme perlait sous sa paupière.
Jondalar effleura la goutte du bout du doigt et goûta le liquide
salé.
— Si tu es heureuse, pourquoi pleures-tu ? demanda-t-il,
bien qu’il devinât la réponse.
Incapable d’articuler un mot, elle secoua la tête en silence. Il
constata en souriant qu’elle partageait son bonheur d’être ensemble de nouveau.
Il se pencha pour déposer un baiser sur ses yeux gonflés, sur sa joue, sur sa
bouche.
— Je t’aime, moi aussi, murmura-t-il à son oreille.
Une légère secousse souleva sa verge, et il regretta de ne
pouvoir recommencer une deuxième fois, mais Epadoa était sur leurs traces, et
elle ne tarderait pas à les retrouver.
— Il y a un cours d’eau tout près d’ici, déclara Ayla. J’ai
besoin de me laver. J’en profiterai pour remplir les outres.
— Veux-tu que je t’accompagne ? proposa l’homme, à la
fois pour rester encore avec elle, mais aussi pour la protéger.
Ils ramassèrent leurs habits et leurs bottes, prirent les
outres, et marchèrent jusqu’à un ruisseau assez large, où un mince filet d’eau
avait échappé à l’étreinte de la glace. Le contact de l’eau gelée fit
frissonner Jondalar qui ne se serait jamais lavé dans un froid pareil si Ayla n’avait
pas été là. Quelle que fût la température de l’eau, elle éprouvait toujours le
besoin de se laver après avoir partagé les Plaisirs. Il n’ignorait pas que cela
faisait partie des rituels du Clan que sa mère adoptive lui avait enseignés,
même si Ayla invoquait maintenant plus volontiers la Mère en marmonnant des
phrases en mamutoï.
Ils remplirent les outres, et en rentrant au campement, Ayla se
souvint de la scène qu’elle avait surprise juste avant qu’on ne
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