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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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qu’il
n’avait aucune preuve d’être capable d’engendrer des enfants, que la théorie d’Ayla
soit ou non exacte.
    S’Armuna les observa, comprenant qu’elle assistait à une scène
dont elle ignorait les tenants et les aboutissants. Mais quand il devint
évident que ses hôtes attendaient avec impatience la suite de son récit, elle
déclara :
    — Je l’avais aidée, encouragée, mais je ne savais pas qu’Attaroa
deviendrait pire que Brugar. Après la mort de Brugar, le sort des femmes s’améliora,
ce qui fut loin d’être le cas pour les hommes, ou pour Omel. Le frère de Cavoa
était le meilleur ami d’Omel, et il comprît vite la situation, d’autant qu’Omel
fut le seul à pleurer Brugar.
    — C’est normal, intervint Jondalar.
    — Ce n’était pas l’avis d’Attaroa, précisa S’Armuna.
Persuadé que sa mère avait tué Brugar, Omel lui en voulait et la défiait. Elle
s’est mise à le battre. Elle m’a avoué un jour qu’elle voulait lui faire
comprendre ce que Brugar lui avait fait subir, ainsi qu’aux autres femmes. Je
sais, bien qu’elle ne me l’ait pas avoué, qu’elle avait caressé l’espoir de
récupérer l’affection d’Omel, une fois Brugar parti.
    — Ce n’est pas avec des coups qu’on s’attire l’affection de
quelqu’un, remarqua Ayla.
    — Tu dis vrai, approuva la vieille femme. Jamais personne n’avait
levé la main sur Omel et il détesta davantage encore Attaroa. Malgré leur
parenté, on aurait dit qu’ils ne pouvaient pas vivre ensemble. C’est à ce
moment que j’ai proposé à Omel de devenir mon servant.
    S’Armuna fit une pause. Elle leva son bol, mais voyant qu’il
était vide, elle le reposa.
    — Attaroa a paru soulagée de ne plus avoir Omel dans son
foyer. Mais avec le recul, je me suis rendu compte qu’elle avait reporté sa
haine sur les hommes. L’aggravation de la cruauté d’Attaroa a coïncidé avec le
départ d’Omel. Elle dépassa encore celle de Brugar. J’aurais dû m’en douter. Au
lieu d’éloigner Omel, j’aurais mieux fait d’essayer de les réconcilier. Que
va-t-elle inventer, maintenant qu’Omel est parti dans l’autre monde ? Tué
de ses propres mains.
    S’Armuna posa les yeux sur les flammes qui dansaient dans la
cheminée, en proie à une vision ineffable.
    — Oh, Grande Mère ! s’exclama-t-elle soudain. Ai-je
été aveugle ! Elle avait déjà rendu Ardoban infirme et l’avait envoyé dans
l’Enclos. Pourtant, elle aimait ce garçon. Dire qu’elle a tué Omel et les deux
autres !
    — Elle l’a rendu infirme ? s’indigna Ayla. Ainsi, ces
enfants dans l’Enclos ont été estropiés volontairement ?
    — Oui. Elle voulait les affaiblir, les terroriser,
acquiesça S’Armuna d’un air grave. Attaroa a perdu toute raison. Je suis très
inquiète.
    Incapable de poursuivre, elle enfouit son visage dans ses mains.
    — Comment cela finira-t-il  gémit-elle. Toute cette
souffrance est de ma faute.
    — Tu n’es pas seule responsable, S’Armuna, assura Ayla.
Sans doute l’as-tu permis, encouragé même, mais ne prends pas tout sur toi. La
faute en revient à Attaroa, et peut-être aussi à ceux qui l’ont maltraitée. La
cruauté engendre la cruauté, la souffrance alimente la souffrance, et l’abus
encourage l’abus.
    — Et les malheurs qu’elle a infligés seront transmis à la
génération suivante ! cria la vieille femme, que cette éventualité
torturait.
    Elle se mit à se balancer d’avant en arrière en récitant d’une
voix plaintive :
    — Combien de ceux, enfermés derrière cette palissade,
a-t-elle condamnés à propager son funeste héritage ? Et combien de celles
qui l’admiraient voudront l’imiter ? La présence de Jondalar m’a rappelé
les devoirs de mon initiation. J’aurais dû être la dernière à tolérer de tels
actes, voilà ma responsabilité. Oh, Mère ! Qu’ai-je fait ?
    — Inutile de ressasser les fautes du passé, déclara Ayla. L’important
est ce que tu comptes faire maintenant.
    — Je dois les aider. Il le faut... Mais comment ?
    — Pour Attaroa, c’est trop tard, mais il faut l’arrêter.
Nous devons aider les enfants et les hommes de l’Enclos. Libérons-les d’abord,
nous verrons ensuite comment les aider.
    S’Armuna considéra la jeune femme qui semblait si confiante et
décidée, et se demanda qui elle était vraiment. Les yeux de Celle Qui Sert la
Mère avaient été dessillés. Elle se rendait compte à quel

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