Le grand voyage
combiné, comprit alors Jondalar. Pendant que nous
discutions et que nous essayions de contrecarrer son pouvoir, elle se préparait
à nous tuer. Ah, j’aurais dû m’en douter ! Il s’était juré de protéger
Ayla, et voilà qu’il assistait, impuissant, à sa mise à mort. C’était ce qui
rendait Attaroa si dangereuse, elle tuait sans remords et sans hésitation.
Ayla avait été complètement déroutée. Elle n’avait pas eu le
temps de sortir son couteau, ni sa fronde, et elle n’avait pas l’habitude de
combattre des humains. C’était la première fois qu’elle devait défendre sa vie
contre eux. Elle saisit le poignet d’Attaroa et tenta de la repousser. Ayla
était forte, mais Attaroa, d’une force égale, possédait de surcroît une
fourberie dont Ayla était dépourvue. Inexorablement, la dague se rapprochait de
la gorge d’Ayla.
Au dernier moment, Ayla roula instinctivement sur le côté, mais
la lame l’avait effleurée avant de se ficher dans la terre, et une traînée se
sang marquait son cou. Et la femme, dont la rage démentielle décuplait les
forces, maintenait toujours Ayla au sol. Attaroa extirpa la dague d’un coup
sec, assomma Ayla, s’assit sur elle et leva son arme, bien décidée à la plonger
dans le cou de la jeune femme.
33
Ayla partie, sa vie n’avait plus de sens... Jondalar ferma les
yeux. On avait lié ses mains, certes, mais il pouvait encore marcher. Rien ne l’empêchait
de se ruer sur Attaroa et de...
Au moment où il se lançait contre les pointes acérées, un bruit
retentit près du portail de l’Enclos. Distraites, les gardes relâchèrent leur
surveillance et il en profita pour repousser leurs sagaies et se jeter vers les
deux femmes à terre.
Soudain, une masse noire fondit sur le groupe, frôla la jambe de
Jondalar et bondit sur Attaroa. La violence du choc fit reculer la Femme Qui
Ordonne et des crocs pointus s’enfoncèrent dans sa gorge, déchirant la peau.
Attaroa se retrouva sur le dos, se débattant désespérément contre la bête qui
la labourait de ses crocs en poussant de furieux grognements. Elle plongea sa
dague dans l’épaisse fourrure, mais ne réussit qu’à provoquer un regain de
fureur chez son agresseur. L’étau des mâchoires se referma sur son cou, et l’étouffa.
Attaroa essaya de pousser un dernier cri avant de sombrer dans
un épais brouillard, mais au même moment les terribles crocs sectionnèrent une
artère, et il ne sortit de sa gorge qu’un gargouillis horrible. La femme cessa
de se débattre et s’affaissa.
— Loup ! s’écria Ayla en reprenant conscience. Oh, mon
Loup ! Lorsque le carnassier relâcha sa prise, le sang gicla de l’artère
et l’éclaboussa. Il rampa vers Ayla, la queue entre les pattes, et poussa des
petits couinements plaintifs, quêtant son pardon. La femme lui avait ordonné de
rester dans sa cachette, et il savait bien qu’il avait désobéi. Lorsqu’il avait
vu l’attaque et avait compris qu’Ayla courait un grand danger, il avait volé à
son secours. Et à présent, il se demandait comment elle réagirait à son
indiscipline. Il redoutait plus que tout les réprimandes de cette femme.
Ayla s’avança en lui tendant les bras. Loup, comprenant tout de
suite qu’il avait agi correctement et qu’il était pardonné, se rua sur elle en
frétillant. Elle le caressa et enfouit sa tête dans la fourrure de l’animal,
tout en versant des larmes de joie.
— Oh, Loup, tu m’as sauvé la vie, sanglota-t-elle.
Il la lécha, inondant son visage du sang encore chaud qui
mouillait son museau.
Celles du Camp se reculèrent, effrayées, contemplant sans
comprendre la femme blonde dont les bras enserraient l’énorme loup qui venait
de terrasser leur Femme Qui Ordonne dans un assaut d’une rare cruauté. Ayla
avait appelé l’animal du même nom mamutoï, loup , qu’elles employaient
pour désigner le chasseur-carnassier et elles s’aperçurent avec stupeur qu’Ayla
ne parlait pas seulement avec les chevaux, mais aussi avec les loups... et qu’ils
lui obéissaient !
Pas étonnant que cette étrangère n’ait pas craint Attaroa. Sa
magie était tellement puissante !
L’homme ne semblait pas terrorisé, lui non plus, et il venait de
tomber aux pieds de la jeune femme, et du loup. Il ne se souciait plus des
sagaies des Louves, qui s’étaient prudemment reculées et observaient la scène,
bouche bée.
Un homme se glissa alors derrière Jondalar, tenant un couteau à
la
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