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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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le
monde avait été témoin de son malheur, mais il était détesté lorsqu’il vivait
avec Attaroa, et personne ne souhaitait s’occuper de lui. La plupart
craignaient qu’en affichant leur désaccord, il leur soit demandé de lui ouvrir
leur foyer.
    Ayla sourit en connaisseuse. La solution lui semblait parfaite.
Même s’il devait y avoir de la haine et un manque de confiance au début, les
deux exclus apprendraient peut-être à s’apprécier. Ayla avait deviné que S’Amodun
ferait preuve de sagesse. La restitution était plus efficace qu’un châtiment,
ce qui lui donna une idée.
    — J’aimerais faire une autre suggestion, déclara-t-elle. Ce
Camp manque de réserves pour l’hiver, et je crains qu’au printemps on y souffre
de la faim. Les hommes sont faibles, et ils n’ont pas chassé depuis des années.
Beaucoup ont perdu leur adresse. Epadoa et les femmes qu’elle a formées sont
les plus aptes de ce Camp pour l’instant. Je crois qu’il serait sage qu’elles
continuent à chasser, à condition qu’elles partagent leur gibier avec tout le
monde.
    Cette proposition souleva de nombreuses approbations. La
perspective d’affronter la famine n’était guère réjouissante.
    — Dès que les hommes auront récupéré, et souhaiteront chasser,
Epadoa devra les aider et chasser avec eux. Il n’y a qu’un moyen d’éviter la
disette lorsque viendra le printemps : les hommes et les femmes doivent
collaborer. Tous les Camps ont besoin de la contribution de chacun pour
prospérer. Celles qui ne chassent pas, les vieillards et les malades devraient
conjuguer leurs forces pour la cueillette.
    — Mais c’est l’hiver ! s’exclama une jeune Louve. Il n’y
a plus rien à cueillir.
    — La nourriture est rare en hiver, c’est vrai. Et ce qui
pousse exige une cueillette longue et délicate. Mais on peut trouver de quoi
manger, assura Ayla.
    — Elle dit vrai, intervint Jondalar. Je l’ai vue à l’œuvre,
et j’ai mangé de la nourriture qu’Ayla avait dénichée, même en hiver. Vous en
avez d’ailleurs mangé ce soir même. Elle a ramassé les pignons qu’on trouve
dans les pommes de pin.
    — Et les lichens que mangent les rennes sont comestibles,
renchérit une vieille femme. Il suffit de savoir les cuire.
    — Il y a aussi le blé, et le millet. D’autres herbes
portent encore leurs graines, dit Esadoa, et on peut les collecter.
    — Oui, mais il faut faire attention à l’ivraie, conseilla
Ayla. Elle favorise parfois la croissance de parasites qui risquent d’être
dangereux, et même mortels. Si un épi sent mauvais et qu’il est mal formé, c’est
qu’il peut être plein d’ergot, et il ne faut pas le cueillir. Il y a des baies
comestibles et des fruits sur certains buissons qu’on rencontre tout l’hiver. J’ai
même trouvé un arbre qui avait encore quelques pommes. Et l’écorce intérieure
de la plupart des troncs est comestible.
    — Il nous faudrait des couteaux pour la découper, dit
Esadoa. Ceux que nous possédons sont émoussés.
    — Je vous en fabriquerai, promit Jondalar.
    — Tu m’apprendras à tailler des lames de silex,
Zelandon ? demanda vivement Doban.
    — Oui, promit Jondalar, heureux qu’il lui posât la
question. Je te montrerai comment fabriquer des couteaux, et aussi d’autres
outils.
    — Moi aussi, j’aimerais en apprendre davantage, avoua
Ebulan. Nous aurons besoin d’armes pour chasser.
    — Je montrerai à qui le désire. Je vous enseignerai les
rudiments de la technique, promit Jondalar, mais il vous faudra plusieurs
années pour acquérir le coup de main. L’année prochaine, si vous allez à la
Réunion d’Été des S’Armunaï, vous rencontrerez peut-être quelqu’un pour poursuivre
mon enseignement.
    Le sourire de Doban se changea en grimace. Il venait de
comprendre que le géant ne resterait pas.
    — Mais je vous aiderai de mon mieux, reprit Jondalar. Nous
avons dû fabriquer beaucoup d’armes de chasse pour entreprendre ce Voyage.
    — Et pour le... le bâton qui envoie les sagaies... celui qu’elle
a utilisé pour te libérer ?
    La question venait d’Epadoa, et tous les regards se tournèrent
vers elle. Celle qui commandait aux Louves n’avait pas encore ouvert la bouche,
mais ce qu’elle venait de dire rappela à tout le monde le long jet précis de la
sagaie qui avait tranché les liens de Jondalar lorsqu’il était suspendu au
poteau. Le jet avait paru si miraculeux que personne ne pensait qu’une

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